Après cinq ans d'attente, les habitants de Mitholz (BE) devraient être fixés sur leur avenir. Le Parlement empoigne ce jeudi le dossier du dépôt de munitions. Ils doivent valider un crédit de 2,59 milliards de francs pour un déminage complet.
Le dépôt situé à Mitholz, dans l'Oberland bernois, a explosé en 1947, détruisant des dizaines de maisons et faisant neuf morts. C’est en 2018 que le DDPS a annoncé sur la base d'un nouveau rapport, que les risques étaient plus élevés que ce que l'on pensait et qu'il fallait évacuer le village.
Trop de risques
«Selon les critères de l'ordonnance sur les accidents majeurs, les risques découlant des restes de munitions se situent à un niveau qui n'est pas acceptable», a indiqué Adrian Goetschi, chef du projet de Mitholz, lors d'une rencontre avec la presse en prévision du débat au Conseil national.
Les fouilles ont confirmé qu'une partie importante des restes de munitions sont des débris d'explosion qui ne présentent plus de grand risque. Sur 3500 tonnes de résidus d'explosifs, de débris et de munitions brutes, le DDPS part d'une quantité de munitions déplaçables d'environ 1500 tonnes.
Problème, des incertitudes subsistent sur leur emplacement, leur dispersion et leur état. «Nous ne disposerons de connaissances complètes qu'après 2032, après les premiers déblaiements des roches et gravats», selon le responsable du DDPS.
Un crédit de 2,59 milliards de francs
Au vu du danger que cet assainissement représente pour la population, le Conseil fédéral a proposé une élimination intégrale des restes de munitions. Cette solution permet d'écarter définitivement tous les risques.
Le gouvernement soumet donc au Parlement un crédit de 2,59 milliards de francs. En commission, ce projet a été adoubé par 20 voix contre 1. Certains élus s'étaient demandés dans un premier temps si d'autres options comme le remplissage, l'encapsulation ou l'étanchéification n'étaient pas envisageables.
Le Conseil fédéral a tenu compte de ces hésitations et donné des gages sur le suivi des opérations: il informera chaque année le Parlement du déroulement du projet. Et il a consenti à ce que de nouveaux sondages soient réalisés par le centre de compétence pour le déminage DEMUNEX.
L'UDC est le seul parti à demander un renvoi au Conseil fédéral. Le parti conservateur préférerait attendre l'achèvement des sondages planifiés avant d’aller de l’avant. Il exige en outre un rapport d'analyse des risques par un bureau d'ingénieurs indépendants.
Le crédit de 2,59 milliards sera versé sur 25 ans. Une première tranche de 1,09 milliard englobe les mesures préliminaires et de protection ainsi que les préparations liées à l'élimination des déchets.
La deuxième tranche, de 740 millions, finance l'élimination des munitions, la remise en état du terrain et le retour de la population. Son versement sera lié à l'avancement du projet. Cette étape commencera dès 2031. Une enveloppe de 760 millions est prévue pour le renchérissement et les risques du projet.
Vingt maisons évacuées
Le projet prévoit de vider l'ancienne galerie ferroviaire, les munitions se trouvant sous le cône d'éboulis à l'entrée de la galerie et l'ensemble de la zone touchée par l'explosion de 1947. Un tunnel devra être construit pour protéger la route nationale et une galerie pour la voie ferroviaire. Durant toute la période des travaux, le trafic par le rail et la route resteront garantis.
Des mesures de protection sont également prévues pour les infrastructures en cas de dangers naturels comme une avalanche, des crues, des laves torrentielles. Ces infrastructures seront maintenues après les travaux.
Quant à la population, certains habitants pourront rester chez eux. Mais vingt maisons sont situées dans le périmètre de sécurité devront être évacuées d'ici fin 2030. Les propriétaires de cinq d'entre elles ont déjà vendu leur bien à la Confédération et une quinzaine devraient bientôt l'être.
«L'élimination des munitions à Mitholz est un cas unique», a souligné Adrian Goetschi. Nous attendons du Parlement une «décision dictée par la raison». La population qui est la principale concernée attend depuis 2018. Si la Parlement vote non, il n'y a pas de plan B, a-t-il précisé. Après le National, le Conseil des Etat devra encore se prononcer.
(ATS)