Le coup de grâce?
Le départ d'une importante figure de la direction fragilise encore plus Logitech

La pression exercée par Daniel Borel, fondateur de Logitech, fait une nouvelle victime: la présidente Wendy Becker, seule femme à la tête d'un groupe côté à la bourse suisse, jette l'éponge. Mais que se passe-t-il chez le fabricant suisse d'accessoires informatiques?
Publié: 04.07.2024 à 06:03 heures
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Dernière mise à jour: 04.07.2024 à 06:44 heures
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Le fondateur de Logitech, Daniel Borel, serait à l'origine de turbulences au sein de l'entreprise.
Photo: Keystone
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Bernhard Fischer

La démission de Bracken Darrell, il y a un an, a été brutale, privant le géant suisse Logitech de sa tête pensante. Pendant près de dix ans, Bracken Darrell a en effet été la voix et le visage du fabricant d'accessoires informatiques basé en Suisse romande. En coulisses, on a parlé d'une fuite en avant: avec ce départ, il aurait anticipé un potentiel licenciement, selon certains.

Un homme serait derrière cette décision: Daniel Borel, le fondateur et père de Logitech. Depuis quelques années, il estime en effet que l'œuvre de sa vie est en danger, et les orientations stratégiques qui ont été prises ne lui conviendraient pas. Son mode de fonctionnement, lui, n'a pas changé: distribuer, reconstruire, attendre. Et distribuer à nouveau.

Un nouveau coup dur frappe désormais Logitech: la présidente du groupe, Wendy Becker, a annoncé sa démission pour la prochaine assemblée générale en 2025. Wendy Becker travaillait chez Logitech depuis 2019, devenant la première présidente d'un groupe côté à la bourse suisse. Et les reproches faits par Daniel Borel à son endroit sont encore plus durs que ceux encaissés par Bracken Darrell: incompétence, manque de leadership et manque de vision stratégique. Selon lui, elle aurait dû imposer des mesures d'économie après la pandémie et remplacer Bracken Darrell plus tôt.

Au sein du Conseil d'administration, c'est un jeu de chaises musicales

Lors de l'AG de septembre 2023, Daniel Borel a pour la première fois – et publiquement – émis certains doutes concernant Wendy Becker, allant même jusqu'à exiger son départ. Et maintenant, elle se retire en emportant avec elle un autre membre du conseil d'administration: Patrick Aebischer. L'ancien président de l'EPFL est en effet proche de Wendy Becker. C'est d'ailleurs grâce à lui qu'elle a fait son entrée au conseil d'administration de Logitech.

Parallèlement à ces départs, deux nouveaux membres devraient faire leur entrée au conseil d'administration: Donald Allan, champion des économies budgétaires, par ailleurs CEO de Stanley et Black&Decker. Il a fermé des sites de production, supprimé des emplois et vendu des parties de l'entreprise du fabricant d'outils américain.

Avec lui, Owen Mahoney débarque lui aussi chez Logitech, après avoir été CEO du développeur de jeux Nexon et responsable de la croissance jusqu'en mars. Pour Daniel Borel, ce serait donc une opération est réussie. Et pour Logitech?

Hanneke Faber, celle qui ferait des miracles chez Logitech

Depuis décembre 2023, l'entreprise est dirigée par Hanneke Faber, dotée d'une solide expérience dans l'industrie des biens de consommation: elle a géré des produits comme les soupes prêtes à l'emploi et la mayonnaise chez Unilever, les shampoings chez Procter & Gamble. Elle dispose en revanche d'une expérience plus légère dans le secteur de la technologie. Ce n'est que chez Logitech qu'elle s'est lancée dans le commerce de claviers et de souris. Ce qui lui a d'ailleurs valu de vives critiques, avant même qu'elle ne prenne ses fonctions.

Contrairement à Wendy Becker et Bracken Darrell, Hanneke Faber a été épargnée par les diatribes Daniel Borel. Et pour cause: l'action de Logitech a augmenté de plus d'un tiers et avec elle la fortune du grand patron. Ce dernier est, avec ses 1,5 % de parts, le plus grand actionnaire individuel de Logitech.

En outre, Logitech a affiché au premier trimestre un bénéfice d'exploitation de 457 millions de dollars, ce qui correspond à une augmentation de 9% par rapport à la même période de l'année précédente. Et ce, bien que le chiffre d'affaires ait légèrement diminué.

Mieux encore, Hanneke Faber peut se targuer d'avoir engrangé une importante trésorerie dans les caisses de l'entreprise. L'entreprise dispose en effet de près de 1,5 milliard de dollars de liquidités, ce qui pourrait l'aider à racheter des entreprises et donc générer de la croissance. Et dans ce domaine, les investisseurs attendent déjà avec impatience qu'elle soit plus audacieuse que son prédécesseur.

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