Ce n'est pas la première fois que l'on parle de ce que l'on appelle la «connexion valaisanne» au sein du Département de la défense (DDPS) de la conseillère fédérale Viola Amherd, elle-même originaire du canton alpin. La plupart du temps, ce terme désigne des cas de favoritisme. Et une fois de plus, la conseillère personnelle de Viola Amherd, Brigitte Hauser-Süess, fait face à de graves reproches. Le Contrôle fédéral des finances (CDF) la soupçonne d'avoir profité de sa position pour favoriser la commune valaisanne de Goms comme lieu d'accueil des Jeux mondiaux militaires d'hiver de 2025.
Les liens familiaux sont on ne peut plus clairs: tant le fils de Brigitte Hauser-Süess que sa belle-fille étaient et sont toujours employés au «Centre nordique de Conches», qui doit servir de lieu central pour les matches. C'est ce que rapporte la SRF, qui a pu consulter une lettre du CDF.
«L'affaire sent le roussi»
Dans la lettre adressée au secrétariat général du DDPS, le CDF indique clairement que ces implications pourraient constituer des conflits d'intérêts. L'expert en corruption et juriste pénal Mark Pieth est du même avis. «Pour le dire de manière spontanée et vulgaire, toute cette affaire sent le roussi». Il ne voit certes pas de corruption directe, mais des conflits d'intérêts évidents qui auraient nécessité l'intervention de la cheffe du département Viola Amherd.
Au DDPS, on ne veut rien savoir. Le département rejette catégoriquement les reproches des contrôleurs financiers, rapporte la SRF. Le DDPS souligne qu'il n'y a pas eu de prise d'influence inappropriée. Des audits internes vérifient régulièrement le respect des directives strictes en matière de conflits d'intérêts.
«Perte de confiance» et «atteinte à la réputation»
Le CDF reste toutefois sceptique. Aucun procès-verbal ne permet de constater que d'éventuels conflits d'intérêts aient réellement eu lieu, souligne-t-il. Dans sa lettre, il met en outre en garde contre une éventuelle perte de confiance et une atteinte à la réputation qui pourraient résulter d'une simple apparence de partialité. Malgré ces réserves, le CDF fait savoir à la SRF qu'aucune autre enquête n'est actuellement prévue sur cette question.
Le chef de la cybersécurité au DDPS, le Haut-Valaisan Roger Michlig, est également mentionné dans la lettre du CDF. Roger Michlig est lui aussi membre du conseil d'administration de la coopérative Feriendorf Fiesch, qui accueillera des athlètes sur le site de Conches en mars prochain. Le Haut-valaisan fait partie de l'équipe dirigeante de Viola Amherd, mais aussi de cette fameuse «connexion valaisanne», qui soulève régulièrement des questions sur les décisions prises en matière de personnel au DDPS.
«Les règles de récusation doivent absolument être respectées»
Le Parlement se montre également critique. La conseillère aux États socialiste soleuroise Franziska Roth ainsi que son collègue du Centre Peter Hegglin, président de la Délégation des finances des deux Chambres, annoncent tous deux qu'ils vont suivre l'affaire et ouvrir de nouvelles enquêtes si nécessaire. «C'est justement parce que la cheffe de l'office est valaisanne que les règles de récusation en vigueur doivent absolument être respectées», déclare Franziska Roth.
Ce n'est pas le premier lien familial de Brigitte Hauser-Süess qui fait parler sous la coupole du Palais fédéral. Le président du conseil d'administration du groupe d'armement Ruag, propriété de la Confédération, Nicolas Perrin, qui a dû démissionner sous la pression au début de l'année, est le beau-frère de Brigitte Hauser-Süess. Cette dernière, qui aura alors 70 ans, quittera le DDPS à la fin de l'année pour prendre sa retraite.