Les cars postaux sont pour beaucoup de Suisses un symbole de notre pays. Tout le monde les connaît, de 7 à 77 ans. Chaque jour, des dizaines de milliers de personnes montent dans ces véhicules pour se rendre à l’école ou au boulot.
Mais le transporteur CarPostal vient de montrer qu’elle ne préfère pas toujours les entreprises suisses aux compagnies étrangères. La filiale de la Poste Suisse devait initialement commander dix bus électriques au constructeur de bus Hess AG. Mais à la mi-décembre 2022, coup de théâtre: CarPostal retourne sa veste. La boîte retire la commande au fabricant soleurois. Pour lui préférer une entreprise allemande.
La commande en question représentait un montant de 3,4 millions de francs, comme le rapporte la «Luzerner Zeitung». Une commande prestigieuse pour Hess AG, donc. L’argent ira finalement à la filiale allemande de VW, MAN, basée à Munich, selon les recherches du quotidien lucernois. L'investissement devait principalement être utilisé dans le réseau local de Flims, dans les Grisons, et dans les stations de ce canton.
Difficultés de livraison des batteries
Pourquoi la compagnie de transport suisse a-t-elle retourné sa veste? «Hess n’est pas en mesure de livrer les bus nécessaires à la date convenue», affime CarPostal dans les colonnes de la «Luzerner Zeitung». C’est-à-dire dans un peu moins d’un an.
Ce retard s’expliquerait par les dépenses supplémentaires liées à une modification de la commande, ainsi que par les longs délais de livraison des pièces détachées, comme les batteries par exemple.
Mais il faut quand même noter que la solution de rechange de CarPostal est avantageuse financièrement. Au lieu de payer 3,4 millions à Hess, la filiale de la Poste ne devra verser que 1,8 million à MAN. Ce qui représente une différence de 47%.
«La demande est très élevée»
Chez Hess, on est très mécontent. La production annuelle aurait déjà été épuisée lorsque CarPostal a soudainement insisté pour avoir des bus de taille moyenne à trois portes au lieu de deux, explique le CEO de l'entreprise. Or, ces véhicules dédiés aux sports d'hiver n'avaient encore jamais été construits sous cette forme. «C'est ce qui nous a poussé à chercher un autre fournisseur et à repasser la commande», tonne Urs Bloch, porte-parole de CarPostal, auprès de la «Luzerner Zeitung».
Les commandes qui étaient initialement prévues auraient pourtant tout à fait pu être livrées dans les délais, avance la filiale, très déçue. Mais en raison du changement de commande, les délais sont devenus impossible à honorer.
De son côté, CarPostal comprend que la situation de l'entreprise Hess n'est «pas facile», affirme le transporteur. Raison pour laquelle CarPostal souhaite continuer à travailler avec le constructeur par la suite. Dans ce cas, cependant, il ne serait pas possible d'accepter une prolongation des délais de livraison: CarPostal a des obligations envers ses clients, se justifie la compagnie aux bus jaunes.