C'est désormais chose faite: Adriano Vassalli, ancien membre du conseil d'administration de la Poste, est soupçonné d'avoir participé à l'escroquerie de CarPostal. L'Office fédéral de la police (Fedpol), qui mène la procédure pénale administrative relative au scandale, a élargi le cercle des suspects à l'ancien vice-président. Selon les informations de Blick, il est, lui aussi, accusé de fraude aux prestations. Fedpol ne s'exprime pas davantage à ce sujet.
Pendant des années, CarPostal a réalisé des bénéfices illicites sur des lignes subventionnées, mais les a cachés. L'entreprise a ainsi encaissé plusieurs millions de francs en trop. Le géant jaune a dû rembourser plus de 200 millions de francs.
Nouvelle enquête
La première tentative de condamner six anciens cadres de CarPostal et de la Poste pour fraude aux prestations a échoué en 2020. Fedpol avait confié la conduite de la procédure à deux experts externes, mais selon le Tribunal pénal économique de Berne et les instances supérieures, il n'y avait pas de base légale pour cela.
Fedpol a donc dû rouvrir la procédure. De nouvelles données ont été collectées. Pour les enquêteurs, cela a manifestement fait naître des soupçons à l'encontre de l'ancien membre du conseil d'administration et responsable du comité «Audit, Risk & Compliance».
Informé depuis l'automne
Adriano Vassalli confirme à Blick avoir été informé en automne qu'il faisait partie des suspects. Mais il souligne: «Je ne sais pas qui a fait quoi. Ce qui est sûr, c'est que je suis innocent.» Il ne comprend pas pourquoi il est soudainement accusé.
Une note du 21 août 2013, rendue publique par la version allemande de Blick en février 2018, a toutefois été évoquée à plusieurs reprises. Il y est question de «transferts de coûts au détriment des transports financés par les pouvoirs publics». C'est à cause de cette note que l'ancien vice-président aurait eu connaissance de la fraude.
Fausse alerte, signale Adriano Vassalli. Ce n'est pas lui, mais la Poste elle-même qui a prouvé qu'il n'avait jamais reçu la note. Lorsque l'ancienne ministre de la Poste Doris Leuthard a annoncé le 10 juin 2018 la démission de l'homme pour le printemps 2019, elle a également déclaré que le vice-président de la Poste avait pu prouver qu'il n'avait jamais reçu la note.
«Non démontrable»
Dans le rapport d'enquête sur CarPostal, rédigé par le cabinet Kellerhals Carrard, il est écrit qu'une personne de l'audit interne aurait assuré à Adriano Vassalli: «Tu reçois les rapports sur papier. Cela ne peut pas être prouvé.»
Interrogé à ce sujet, l'ancien vice-président persiste. Il n'a pas non plus reçu la note sur papier. Le Tessinois fait remarquer que la note indique qu'il n'y a pas lieu d'agir. De plus, il est clair que CarPostal cherche une solution avec le régulateur, probablement l'Office fédéral des transports (OFT). Il n'a donc pas eu besoin de voir la note.
«Rien à cacher»
La raison pour laquelle Adriano Vassalli s'est retrouvé dans le collimateur des enquêteurs de Fedpol, alors qu'il n'était pas considéré comme suspect lors de la première tentative, reste un mystère pour lui. Il n'a jamais été convoqué. «Je ne sais donc pas ce qui fait de moi un suspect.»
Toutefois, le fait que, selon le rapport d'enquête, il se soit opposé à l'automne 2015 à ce que l'OFT ait accès aux rapports d'audit approfondis ne lui donne pas une bonne image. «Je ne sais plus exactement dans quel cadre cela s'est déroulé», se défend-il. La réponse devrait pourtant se trouver dans le rapport. «Mais contrairement à l'impression donnée, je voulais une clarification rapide avec l'OFT, car je n'avais rien à dissimuler.»
En automne 2017, l'OFT a tout de même découvert le pot aux roses pour CarPostal. Et le scandale a éclaté en février 2018. Adriano Vassalli souligne qu'il espère une conclusion rapide de la procédure. «Il sera alors établi que je n'ai rien à me reprocher.» Lui et tous les autres prévenus bénéficient encore de la présomption d'innocence.