Le conseiller national libéral-radical Alexandre Berthoud sort du bois et promet d'agir dans l'hémicycle: les faits qu'ils dénoncent sont graves. Choquants, même. La raison de son courroux? Dans un communiqué envoyé jeudi soir, le coprésident des chasseurs vaudois, Philippe Duperrex, dévoile les menaces de mort et actes de vandalisme dont il serait la victime depuis plusieurs semaines. Conséquence: il annonce sa démission avec effet immédiat.
En réaction, l’élu du Gros-de-Vaud — lui aussi chasseur — s'agace au bout du fil. Et apporte son plein soutien au coprésident sur le départ. «C’est inadmissible! On peut être d’accord ou non avec cette pratique et en débattre. Mais constater que des extrémistes utilisent la terreur pour parvenir à leurs fins, à défaut des moyens politiques accessibles à toutes et tous dans notre démocratie, me révulse.»
De quoi parle-t-on concrètement? À la tête de la Fédération des sections vaudoises de la Diana depuis un peu moins d’un an, Philippe Duperrex affirme dans sa prise de position écrite que les menaces le visant ont démarré à la fin décembre. Avant de rapidement devenir «quasi hebdomadaire».
Dans les détails, sa voiture aurait été vandalisée devant son domicile. En outre, des cartouches auraient été laissées dans sa boîte aux lettres, des insultes auraient été proférées lors de téléphones anonymes, des clous auraient été posés à proximité de ses pneus et un pneu aurait été crevé sur son lieu de travail.
La faute au loup?
Au total, six plaintes pénales ont été déposées auprès de la police cantonale vaudoise, qui a ouvert une enquête. «Ça va trop loin, ce n’est pas viable, appuie le principal intéressé dans sa missive envoyée à la presse. Ma priorité est la sécurité de ma famille et j’entends préserver mon environnement professionnel de cet acharnement difficile à comprendre et humainement compliqué à gérer.»
Pourquoi le patron des pisteurs serait-il ainsi pris pour cible? Selon lui, les indices laissés sont «sans équivoque». Les menaces seraient à rapprocher de sa fonction au sein de la Diana et de sa casquette de garde faune auxiliaire. S’il refuse de se «répandre en conjectures» alors que des investigations sont menées, Philippe Duperrex imagine que le harcèlement dont il serait victime pourrait avoir un lien avec la régulation du loup en terre vaudoise.
Il souligne à ce titre «de grandes confusions», sachant que les chasseurs vaudois «ne sont jamais en première ligne quant aux décisions prises par les pouvoirs publics». Il précise par ailleurs que sa corporation n’est pas impliquée dans la régulation du loup.
Ce cas rebondira à Berne
Alexandre Berthoud comprend et respecte la décision de Philippe Duperrex. «J’espère sincèrement qu’il va pouvoir retrouver la paix le plus vite possible, glisse le parlementaire. Je le connais, c’est un chic type qui ne mérite pas du tout ce qui lui arrive. Personne ne mérite pareil traitement, d’ailleurs.»
Le conseiller national prend un peu de hauteur. «Globalement, je suis inquiet d’observer que ce genre de moyens violents sont de plus en plus utilisés dans notre société en cas de désaccord, souffle-t-il. On doit réaffirmer que le dialogue, puis le respect de la décision prise par la majorité, est la seule voie possible dans notre État de droit.»
Par conséquent, le représentant bourgeois ne restera pas les bras croisés. Et prendra la parole, à Berne, lors de la prochaine session: «J’interviendrai sous la Coupole afin que ces menaces de mort soient poursuivies de la façon la plus adéquate. Et aussi dans le but que des moyens soient alloués pour qu’aucun membre de quelque comité associatif soit poussé à la démission par ce genre d’actes d’une gravité extrême.»