Le canton veut agir
La pauvreté est une réalité pour de nombreux Jurassiens

La pauvreté n'épargne pas les Jurassiens. Environ 11'000 personnes, soit 15% de la population, sont statistiquement pauvres ou se trouvent en situation de risque de pauvreté. Le canton veut agir sur le non-recours aux prestations sociales pour corriger la situation.
Publié: 13.05.2022 à 13:58 heures
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Dernière mise à jour: 13.05.2022 à 14:00 heures
La pauvreté est une réalité vécue par de nombreux Jurassiens. Le rapport social 2021 présenté vendredi apporte une vue statistique de l'ampleur de la pauvreté dans le canton du Jura (photo prétexte).
Photo: Shutterstock

«Aujourd'hui, il y a trop de Jurassiens concernés par la pauvreté et ce n'est pas acceptable», a affirmé la ministre jurassienne Nathalie Barthoulot en présentant vendredi le rapport social 2021. «Cela nous oblige à prendre des mesures pour permettre de sortir ces personnes de cette situation de pauvreté», a ajouté l'élue socialiste.

Environ 10% de la population jurassienne peut être considérée comme vivant en situation de pauvreté et 5% supplémentaire se trouve en risque de basculer dans la pauvreté, selon ce rapport. Ce sont ainsi 7000 personnes qui sont statistiquement en situation de pauvreté et un peu moins de 4000 qui vivent dans des conditions d'existence juste supérieures au seuil de pauvreté.

La comparaison des chiffres jurassiens avec les valeurs relevées dans d'autres cantons laisse penser que la pauvreté est un peu plus largement répandue dans le Jura qu'ailleurs en Suisse. Pour les autorités, ce résultat ne constitue pas une surprise, car il est en phase avec d'autres indicateurs comme le niveau des salaires.

Obstacles administratifs

Ces chiffres interpellent le gouvernement jurassien qui constate que de nombreuses personnes ont droit à des prestations sociales, mais n'y accèdent pas. Le taux de pauvreté absolue est environ quatre fois supérieur aux taux d'aide sociale. Cette situation entraîne une détérioration des conditions de vie d'une frange de la population.

Pour les autorités, les obstacles administratifs ou le découragement face à la complexité du système d'aide peuvent expliquer que des personnes dans le besoin ne recourent pas aux aides publiques ou privées auxquelles elles ont droit. Elles entendent donc lever les obstacles contre le non-recours aux prestations sociales.

Les mesures viseront en priorité à sensibiliser la population sur la question de la pauvreté et sur les facteurs de précarisation, mais aussi à renforcer l'information sur les dispositifs d'aide déjà en vigueur. La stratégie de lutte contre la pauvreté prévoit aussi le renforcement des réseaux d'entraide de proximité.

Les chiffres ne racontent pas tout

Le renforcement des mesures de lutte contre la pauvreté est un investissement rentable à moyen et long terme. Chaque franc investi en faveur des personnes en situation de précarité ou de pauvreté est susceptible de générer un effet multiplicateur et d'épargner des charges à long terme.

Le rapport social 2021 souligne que la pauvreté ne peut s'apprécier réellement que sous une perspective individuelle et en tenant compte de dimensions allant au-delà des aspects monétaire, comme l'état de santé, l'existence d'un réseau proche, le niveau de formation ou encore le statut professionnel. «Aucun rapport social ou rapport sur la pauvreté, même construit sur la plus solide des méthodes, ne parviendra pas au travers de seuls chiffres et statistiques, à donner un aperçu de ce que peut signifier vivre dans la pauvreté», souligne le rapport social.

(ATS)

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