Sans eux, rien ne fonctionnerait: les femmes et les hommes qui soignent leur conjoint fragile, les fils qui s'occupent de leurs mères âgées. S'il fallait à chaque fois des infirmiers professionnels pour ce genre de tâches, le système s'effondrerait. Les proches aidants soulagent le système de santé et de soins.
Et depuis quelques années, ils sont également défrayés. À la suite d'une décision du Tribunal fédéral rendue en 2019, les membres de la famille et les proches peuvent en effet être partiellement payés pour certains travaux de soins. De l'argent est versé pour les soins dits de base – aide pour la douche, le bain et la toilette, pour manger et boire, pour aller aux toilettes, pour se lever, pour s'allonger et marcher, ou encore pour se brosser les dents. Ces travaux ne sont toutefois payés que si les proches sont employés par une organisation d'aide et de soins à domicile.
Sur les soins à domicile
Les entreprises encaissent aussi
Or, ces entreprises d'aide et de soins à domicile empochent de l'argent – aux frais des proches aidants et de la collectivité: les membres de la famille reçoivent un salaire horaire compris entre 30 et 35 francs pour l'aide qu'ils fournissent à leur proche. Mais il faut savoir que la plupart d'entre eux n'effectuent qu'une petite partie des soins, entre 20 et 50% selon la Communauté d'intérêts Proches aidants (CIPA).
Les caisses maladie remboursent nettement plus aux organisations d'aide et de soins à domicile qui emploient les proches: 52,60 francs par heure pour les soins de base. À cela s'ajoute souvent une augmentation de la part des communes. La ville de Frauenfeld en Thurgovie, en est un parfait exemple: là-bas, les organisations d'aide et de soins à domicile reçoivent au total un peu plus de 82 francs par heure. Dans le canton de Fribourg, ce montant est de 65 francs.
60 millions de chiffre d'affaires
Seuls 30 à 50% reviennent donc aux proches aidants, le reste restant aux entreprises. Il n'est donc pas étonnant que les entreprises d'aide et de soins à domicile aient poussé comme des champignons ces dernières années, gagnant de l'argent en employant des proches aidants.
Il s'agit d'une activité lucrative. Selon la faitière des caisses maladie Santésuisse, les douze plus grandes entreprises d'aide et de soins à domicile ont réalisé l'année dernière un chiffre d'affaires de 60 millions de francs. Il y a deux ans et demi, ce chiffre était encore de 17 millions de francs, précise la faitière, qui parle d'une «machine à cash».
Une hausse que les payeurs de primes assument – et qui ne garantit pas la qualité pour autant. La CIPA demande donc des adaptations du système. «Nous avons toujours soutenu la possibilité pour les proches de prodiguer des soins. Parce que c'est ce qu'il y a de mieux pour de nombreuses personnes concernées et que cela coûte moins cher à la collectivité», explique son président Adrian Wüthrich. «Mais nous aussi, nous avons des questions.»
Financer des formations et assurer la qualité des soins
Le Conseil fédéral a maintenant annoncé la publication d'un rapport sur le sujet. Il souhaite savoir combien de personnes soignent des proches et comment les coûts à la charge des caisses maladie ont évolué dans ce secteur. «S'il s'avère que l'évolution va dans la mauvaise direction, nous exigerons des mesures», assure Adrian Wüthrich. Par exemple, les bénéfices des entreprises résultant de la différence entre le tarif horaire et le salaire horaire des proches doivent être utilisés pour la formation et la formation continue ainsi que pour s'assurer de la qualité des soins.