Il y a deux ans, le monde s’est arrêté avec l’émergence du Covid-19. «Un profond désarroi s’est installé non seulement au niveau sociétal, mais aussi au niveau privé», souligne Pasqualina Perrig-Chiello. Selon la spécialiste, le déclenchement de la pandémie a paralysé à court terme la vie privée de nombreux individus.
Qui va quitter son ou sa partenaire ou déménager lorsque le monde s’écroule? Le réflexe de mettre sa vie sur pause est tout à fait normal dans de telles situations, explique Pasqualina Perrig-Chiello: «La plupart des gens ont repoussé toutes les grandes décisions et se sont accrochés à ce qu’ils avaient autour d’eux.»
Mais 2021 est arrivée, et la vie a repris. «Au cours de l’année qui s’achève, nous nous sommes enfin remis en route, poursuit la professeure en psychologie. Et nous avons à nouveau pris des décisions capitales. Par exemple d’emménager ensemble, de se remettre avec son ex, de commencer une formation continue, de fonder une famille ou encore de se séparer.» Il faudra attendre quelques années pour savoir si la vague de divorces tant redoutée se produira effectivement. En revanche, le baby-boom de 2021 est déjà clairement perceptible.
Soudés par la pandémie
Le confinement et le télétravail ont eu un effet bien plus positif que ce que l’on craignait sur les relations amoureuses. Selon Pasqualina Perrig-Chiello, la majorité des couples ont même été heureux d’avoir plus de temps l’un pour l’autre: «Les nombreuses nouvelles activités et le fait de traverser ensemble une situation d’urgence ont soudé de nombreux couples et renforcé leur relation.»
Le contraire ne concerne qu’environ 20% des couples. «Pour les relations qui étaient déjà sur une mauvaise pente avant le début de la pandémie, le confinement a été la goutte de trop», souligne la spécialiste. Le stress et les mesures d’isolement dus au Covid-19 auraient en outre fait grimper en flèche les cas de violence domestique.
Pour les jeunes couples en particulier, la crise sanitaire a été un accélérateur pour les conflits et les doutes. Les couples de moins de 30 ans et ceux qui étaient ensemble depuis trois à cinq ans ont été particulièrement touchés. D’après Pasqualina Perrig-Chiello, les relations à long terme semblent en revanche avoir été nettement moins touchées par la crise.
L’importance de la relation a augmenté
Il est clair que «le Covid-19 a fortement influencé la perception de l’importance de la relation amoureuse». Les personnes séparées et les célibataires se sont très souvent plaints de la solitude pendant la pandémie, explique la spécialiste en psychologie. «Beaucoup souhaitaient trouver un partenaire de discussion pendant la période d’isolement», souligne-t-elle. De nombreux célibataires se sont tournés vers les plateformes de rencontre en ligne, qui ont connu un important essor.
«Tout d’un coup, pendant le confinement, les gens ont réalisé qu’ils avaient besoin de soutien. On avait certes beaucoup de temps pour faire de nouvelles activités, mais aucune possibilité de rencontrer des gens», poursuit Pasqualina Perrig-Chiello. L’individualisme, l’autodétermination et la liberté personnelle ont atteint leurs limites durant la pandémie. Au lieu de cela, les individus ont fait l’expérience de leur propre vulnérabilité et d’un manque d’efficacité individuelle.
De nombreux couples étaient donc reconnaissants d’être dans une relation en ces temps difficiles. C’est grâce au Covid-19 que le désir d’officialiser une relation s’est concrétisé pour beaucoup: «Qu’ils soient célibataires ou non, les individus ont été confrontés à une épreuve décisive. L’année 2021 est vraiment celle des bouleversements personnels.»
(Adaptation par Jessica Chautems)