Elisabeth Kopp, la première femme élue au Conseil fédéral suisse, a été une figure politique marquante dans l'histoire du pays. Adolf Ogi, ancien conseiller fédéral et collègue d'Elisabeth Kopp, témoigne de son admiration pour elle et de la manière dont elle a su imposer son autorité et sa vision au sein du gouvernement: «J'ai toujours admiré Elisabeth Kopp. J'ai fait sa connaissance au Conseil national, puis nous avons siégé ensemble pendant une bonne année au Conseil fédéral.»
Il se souvient de l'élection de la politicienne, qui a été célébrée dans tout le pays en raison de son caractère inédit: «Jamais une femme politique n'avait reçu autant de sympathie et de respect que Madame Kopp après son élection. On entendait littéralement le pays souffler: 'Enfin, la première femme!'»
Invitée par Ronald Reagan à la place du président
Elle a su tirer parti de cette notoriété et mener sa politique avec courage et professionnalisme, selon Adolf Ogi: «Elle a profité du fait qu'elle était la seule femme du conseil pour mener sa politique – dans le bon sens du terme. Et nous, les hommes, l'avons appréciée en tant que collègue.»
Son esprit d'analyse aiguisé et sa vision globale ont permis à la dirigeante de convaincre ses collègues du Conseil fédéral: «Elle était courageuse, consciencieuse et faisait preuve d'une grande conscience professionnelle.»
En tant que seule femme au gouvernement, Elisabeth Kopp a également attiré l'attention au niveau international. Elle a été reçue par le président américain de l'époque, Ronald Reagan, en 1987. «Elisabeth Kopp – et non le président de la Confédération!», se souvient Adolf Ogi.
«Ce qu'elle a vécu était presque inhumain»
Cependant, la carrière politique de la première conseillère fédérale de Suisse a été écourtée par un scandale impliquant son mari. La conseillère fédérale avait informé son époux d'une enquête en cours contre une entreprise dont il était le président du conseil d'administration.
Bien qu'elle ait été blanchie par la suite, elle a longtemps souffert de l'image de son mari: «Quand je pense à elle, je pense aussi à la tristesse de son départ. Ce qu'elle a vécu autour de sa démission était presque inhumain.»
«N'aurions-nous pas pu gérer cette crise autrement?», se demande aujourd'hui Adolf Ogi. Selon lui, les évènements auraient pu mieux tourner si le Conseil fédéral, le Parlement et peut-être aussi parti radical avaient fait preuve d'un instinct politique plus aiguisé.
«C'était une époque formidable»
Malgré cette fin tragique, Adolf Ogi a gardé un grand respect pour Elisabeth Kopp et lui a même envoyé des cadeaux et des fleurs à plusieurs reprises après sa démission. Les deux personnalités politiques sont restées en contact et Adolf Ogi a encore eu l'occasion de revoir Elisabeth Kopp lors de la traditionnelle rencontre entre anciens conseillers fédéraux et membres du gouvernement en exercice l'été dernier: «Elle était très atteinte dans sa santé et se déplaçait en fauteuil roulant. Cela m'a fait mal de la voir.»
Mais aujourd'hui, Adolf Ogi préfère se rappeler les bons souvenirs qu'il garde d'Elisabeth Kop. Il n'oubliera pas les années passées à ses côtés dans l'arène politique: «C'était une époque formidable.»