La reine suisse des crypto, Olga Feldmeier, est en difficulté. Après l’introduction réussie en Bourse en février de sa plateforme de crypto-trading Smart Valor, son entreprise a perdu 83% de sa valeur boursière.
La société suisse de crypto, dont le siège est à Zoug, est cotée au Nasdaq First North en Suède, une place de marché alternative à la bourse technologique américaine Nasdaq. Lors de son entrée en Bourse le 10 février, les actions de Smart Valor valaient 37 couronnes suédoises – ce qui correspond à environ 3,20 francs. Dans les jours qui ont suivi, le cours a grimpé à près de 45 couronnes (3,90 francs).
Mais le timing n’a pas été favorable à l’arrivée de Smart Valor sur le marché: deux semaines après son introduction en Bourse, la guerre en Ukraine a éclaté. Le conflit a plongé les Bourses du monde entier dans une chute vertigineuse: et Smart Valor n’y a pas échappé.
Une action de l’entreprise de crypto ne vaut plus aujourd’hui que six couronnes suédoises, soit 50 centimes. Le portail en ligne Tippinpoint a été le premier à rendre compte de la chute du cours de l’entreprise suisse.
Le bitcoin va-t-il grimper jusqu’à 150’000 francs?
«Nous sommes parfaitement dans la tendance», plaisante Olga Feldmeier. Effectivement: depuis le début de l’année, la plateforme américaine de crypto-trading Coinbase a perdu 75% de sa valeur en Bourse. Le bitcoin a quant à lui plongé de 57%. Pour la deuxième plus grande cryptomonnaie, l’éther, la baisse est de 62%.
«Je m’attendais déjà à une baisse avant le déclenchement de la guerre», relativise l’entrepreneuse avec calme. Le bitcoin évolue selon un cycle de quatre ans à l’issue duquel le prix des nouveaux bitcoins minés est divisé par deux afin de contrer une dévalorisation de la cryptomonnaie.
«C’est la troisième fois que je vis un tel crypto-hiver dans ma carrière, explique-t-elle pour justifier son calme apparent. Lors de la prochaine hausse boursière, le prix du bitcoin pourrait facilement atteindre 150’000 francs.» Un pronostic audacieux, puisque la cryptomonnaie ne vaut actuellement même plus 20’000 francs.
Olga Feldmeier s’attend à ce que la crypto-industrie sorte du creux de la vague en 12 à 18 mois. Pour autant que l’économie mondiale ne soit pas encore en crise, voire en récession. Dans ce cas, le marché des cryptomonnaies devrait mettre plus de temps à se rétablir, car les cryptomonnaies et les marchés boursiers sont intimement liés.
Test de survie pour les entreprises crypto
Les prévisions optimistes de l’entrepreneure ne masquent toutefois pas la réalité de ces derniers mois: lors de son entrée en Bourse, Smart Valor avait une capitalisation boursière équivalente à un peu plus de 47 millions de francs. Aujourd’hui, elle n’est plus que de sept millions. Près de 40 millions sont partis en fumée à cause de la chute boursière!
Olga Feldmeier admet d’ailleurs dans une lettre aux investisseurs sur le dernier rapport trimestriel que «le deuxième trimestre 2022 a été l’un des tests de survie les plus difficiles pour les entreprises de la crypto-industrie».
Il est toutefois peu probable que l’existence même de Smart Valor soit remise en cause. «Ce n’est pas l’argent qui nous intéresse», avait déjà précisé l’entrepreneuse avant l’entrée en Bourse de son entreprise. Les investissements dans les entreprises de blockchain comme Smart Valor ont de toute façon crevé le plafond. «Avec l’introduction en Bourse, nous voulons plutôt montrer que nous sommes une entreprise crédible et transparente.»
Smart Valor est effectivement l’une des très rares crypto-entreprises au monde à avoir réussi à entrer en Bourse. Les dispositions réglementaires y sont élevées, tandis que le secteur de la crypto est considéré comme opaque.
Les emplois sont assurés
Les quelque 50 employés de Smart Valor n’ont donc pas à craindre pour leur emploi. Bien au contraire: le rapport financier du deuxième trimestre montre que l’entreprise a augmenté le nombre de ses collaborateurs au cours des derniers mois. «Les mauvaises conditions du marché évincent certaines entreprises, ce qui crée de bonnes opportunités de recrutement», écrit Olga Feldmeier à l’intention de ses investisseurs.
Selon la plateforme Layoffs.fyi, 4000 employés ont été licenciés dans l’industrie de la crypto depuis le début de l’année. Le géant Coinbase a, à lui seul, mis à la porte plus de 1000 collaborateurs.
Olga Feldmeier espère néanmoins une fin aussi rapide que possible du conflit en Ukraine. Et ce, pas seulement parce que ce serait une bonne nouvelle pour les marchés boursiers mondiaux… Mais surtout parce que l’entrepreneure, d’origine ukrainienne, est devenue ces derniers mois une personnalité critique importante de la guerre dans son pays.