La ville est à bout!
Cet homme de 93 ans bloque la construction d'une maison de retraite depuis 12 ans

Alex K. Fürer est une épine dans le pied de nombreuses personnes dans la commune saint-galloise de Gossau. Depuis plus de douze ans, l'homme de 93 ans empêche la construction d'une nouvelle maison de retraite par de nombreuses oppositions et des appels.
Publié: 02.04.2025 à 10:27 heures
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Alex K. Fürer, 93 ans, avait été décoré du titre de citoyen d'honneur.
Photo: Ralph Ribi
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Sandro Zulian

Alex K. Fürer donne du fil à retordre à la petite ville de Gossau, dans le canton de Saint-Gall. L'homme de 93 ans bloque la construction… d'une nouvelle maison de retraite! Depuis douze ans, ce citoyen se bat contre le projet de construction et pousse le président de la ville, Wolfgang Giella, dans ses retranchements. «Je n'ai plus aucune patience», déclare le politicien lors de la visite de Blick à l'administration municipale. «Il n'y a plus aucun doute sur la légitimité de ce projet. Il ne s'agit, pour lui, que de retarder les choses.» Il déplore cette perte de temps dans l'avancée du projet.

Il s'en est fallu de peu pour que le politicien n'ait des raisons de se réjouir. Ce n'est que fin février que le département cantonal des travaux publics et de l'environnement a rejeté les recours. La voie est libre? Pas du tout. Les oppositions bloquent une fois de plus le projet. L'affaire est désormais entre les mains du tribunal administratif.

Pourtant, en 2013, 78% des habitants de Gossau avaient dit oui à ce nouvel établissement médico-social. Le projet a rapidement été retardé par des premières oppositions. Jusqu'à aujourd'hui, les choses continuent ainsi.

Des retraités dans un conteneur

Le site, sur lequel les pelleteuses auraient déjà dû creuser depuis longtemps, reste inchangé, plus de douze ans après la décision prise dans les urnes. C'est là que les résidents des deux établissements pour personnes âgées «Espel» et «Schwalbe» auraient dû emménager. En 2020, l'exploitation d'«Espel» a été arrêtée en raison de son mauvais état. Ses 50 résidents vivent encore aujourd'hui dans un conteneur provisoire.

Le citoyen Alex K. Fürer, frère de l'évêque saint-gallois Ivo Fürer, décédé en 2022, provoque la colère au sein de la ville. Pourtant, près de 30 ans en arrière, la présidence de la bourgeoisie locale, avait décoré l'homme du titre de citoyen d'honneur pour son engagement bénévole et ses mérites autour du château historique d'Oberberg. 

«Je suis diabolisé»

«Trop long, trop large, trop haut», c'est ainsi que l'homme de 93 ans dépeint le «bloc», comme il l'appelle. Ces dernières années, il a fait opposition à trois reprises et a même fait réaliser une maquette à l'échelle pour montrer que le projet «écrasait» les maisons environnantes. De plus, il y aurait trop peu de places de parking pour un centre de cette taille et l'image du village en pâtirait.

En 2018, le retraité a obtenu gain de cause pour des vices de forme, ce qui a mis la ville sur la sellette. Au cours des douze dernières années, Alex K. Fürer a déposé cinq recours au total. «Je suis diabolisé», déclarait-il déjà en 2022 au «St. Galler Tagblatt», en référence aux réactions haineuses de la population. Comme ses objections «ne sont pas entendues», il n'a pas d'autre choix. «J'ai dû malheureusement faire une nouvelle opposition», avait alors déclaré l'homme.

«Si cela est construit ici, Alex K. Fürer ne verra plus le Säntis et l'Alpstein.» Telle est la raison qui est évoquée dans les rues de la commune. Car le senior habite juste à côté du site et y possède plusieurs propriétés.

Prendre son mal en patience

Malgré ses nombreuses apparitions dans la presse locale, le citoyen d'honneur ne veut aujourd'hui plus rien dire. Sa femme est intervenue. Son avocat, Urs Pfister, s'exprime également: «Le terrain est trop petit! Il ajoute: Nous voulons une évaluation neutre de quelqu'un qui n'a pas toujours dit oui.» La dernière décision du département cantonal des constructions et de l'environnement aurait été prise par les mêmes personnes qui avaient déjà dit oui au concours d'architecture de 2015. C'est de la partialité, selon lui. Urs Pfister veut faire appel à la Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage (CFNP).

Vingt-six personnes de tous les cantons y siègent. «S'ils disaient tous oui, cela serait considéré comme une évaluation indépendante. Si cela avait été le cas, tout ceci serait déjà fini.» Mais la ville et toutes les parties impliquées du côté opposé auraient refusé cette alternative. «Pourquoi? Parce qu'ils ont peur qu'on nous donne raison!», affirme Urs Pfister avec certitude. Il laisse d'ailleurs entendre que cette affaire pourrait aller jusqu'au Tribunal fédéral.

Gossau n'a donc pas d'autre choix que d'attendre une fois de plus. La population n'est maintenant plus à douze ans près...

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