La Verte Delphine Klopfenstein Broggini outrée par l'étude de l'OFROU
«Au lieu de taxer les cyclistes, on devrait les remercier»

L'Office fédéral des routes envisage une taxe sur les vélos pour financer les pistes cyclables... et fait hurler les cyclistes. La conseillère nationale verte Delphine Klopfenstein Broggini, presque présidente de Pro Velo Suisse, s'y oppose fermement. Interview.
Publié: 28.11.2024 à 18:50 heures
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Vice-présidente de Pro Velo Suisse (et peut-être présidente dès samedi), Delphine Klopfenstein Broggini (Les Vert-e-s) estime que les automobilistes doivent continuer à payer pour les infrastructures dédiées aux bicyclettes.
Photo: Sylvain Smykla/PRO VELO Suisse
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Léo MichoudJournaliste Blick

Financer les pistes cyclables en taxant les cyclistes? Blick dévoile jeudi que l'Office fédéral des routes (OFROU) met la question sur la table. L'OFROU a lancé depuis cet automne une étude explosive examinant une forme de taxe sur les vélos qui permettrait le financement des infrastructures dédiées aux deux-roues.

L'étude dévoilée ce jeudi 28 octobre ne constitue pas une déclaration d'intention de la part de la Confédération. En somme, la possibilité d'une taxe est étudiée, mais la forme qu'elle pourrait prendre – vignette, taxe annuelle, voire supplément à l'achat d'un vélo – et sa concrétisation sont incertaines.

Le simple fait d'envisager une taxe aux cyclistes est impensable pour la conseillère nationale Delphine Klopfenstein Broggini (Les Vert-e-s), actuelle vice-présidente de Pro Velo Suisse. Interview de l'élue genevoise, qui devrait parvenir samedi à la présidence de l'association faîtière de défense des cyclistes – puisqu'elle est la seule candidate annoncée au poste.

Delphine Klopfenstein Broggini, laisser les cyclistes financer les infrastructures qu’ils vont utiliser, c’est plutôt logique non?
Je suis totalement opposée à l’idée d’une taxe spécifique aux cyclistes, au même titre que les piétons d'ailleurs. Cela me surprend, d'ailleurs, que cette idée vienne de l’OFROU. J’avais plutôt entendu les velléités de l’UDC à ce sujet. Pour moi, c’est très simple. Quand on regarde les coûts induits par les transports, on remarque que la mobilité active, celle des cyclistes et des piétons, rapporte de l’argent à la collectivité.

Que voulez-vous dire par là?
Le vélo ne pèse pas sur les coûts de la santé comme le fait la voiture. Ce sont des faits, pas une vue de l’esprit. C’est une question à la fois d’efficacité et de santé publique. Les vélos font clairement partie des outils qui améliorent de manière générale la qualité de vie, le vivre ensemble, en plus de l’atmosphère.

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Un cycliste, c’est toujours une voiture en moins
Delphine Klopfenstein Broggini, conseillère nationale verte engagée chez Pro Velo
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Les automobilistes ont rarement l’impression que les cyclistes améliorent la qualité de vie au centre-ville: ils dépassent de partout à l’arrêt, grillent les feux rouges…
Imaginez un instant qu’à la place de ces cyclistes, il y ait des voitures. Un cycliste, c’est toujours une voiture en moins. Les automobilistes peuvent donc reconnaître que les vélos contribuent à désengorger les villes.

Un automobiliste devrait donc payer pour des infrastructures qu’il n’utilise pas et qui vont réduire sa partie de la route?
C’est le principe du pollueur-payeur. C’est le trafic motorisé individuel qui cause des dommages, aux infrastructures comme à l’environnement. Donc il est juste que les automobilistes contribuent à financer l’espace public routier, qui leur est presque essentiellement dédié. Les voitures émettent plus de CO2 et la collectivité assume une large part des aménagements routiers nécessaires contre les nuisances sonores.

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Les cyclistes permettent d’apaiser la circulation dans les agglomérations. En plus, ils contribuent à l’assainissement des finances de la Confédération
Delphine Klopfenstein Broggini, conseillère nationale verte engagée chez Pro Velo
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Donc les cyclistes peuvent s’en sortir sans frais?
Tous les contribuables financent déjà les infrastructures routières via l’impôt. Si on prend le réseau routier communal ou cantonal, il est financé par l'impôt de toutes et tous. Je suis absolument convaincue que les cyclistes, aujourd’hui, améliorent nettement la situation. Au lieu de les taxer, on devrait les remercier. Non seulement ils permettent d’apaiser la circulation dans les agglomérations, mais en plus, ils contribuent à l’assainissement des finances de la Confédération.

Vous serez sans doute la prochaine présidente de Pro Velo Suisse. Que ferez-vous concrètement pour empêcher la Confédération de vider le porte-monnaie des cyclistes?
Très clairement, dans le débat, j’insisterai sur cette question des coûts induits. La votation sur l’élargissement des autoroutes a permis de remettre ce volet sur la table. On doit continuer en ce sens.

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Un aménagement plus juste de l’espace public, ce sera le grand thème de ma présidence de Pro Velo
Delphine Klopfenstein Broggini, conseillère nationale verte engagée chez Pro Velo
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Cycliste contre automobilistes, le duel explosif semble avoir encore de belles heures devant lui…
Vous pouvez faire la guerre des transports si vous voulez. Pour moi, chaque automobiliste devrait pouvoir se réjouir d’avoir des cyclistes. Il y a de moins en moins de voitures, ce qui contribue à désaturer les villes. Et cette notion-là, on doit la marteler toujours plus.

Mais les cyclistes ne sont pas tout le temps exempts de tous reproches?
Pas du tout. C’est clair qu’on ne peut absolument pas cautionner des actes illégaux. La vraie réflexion qu’on doit mener, c’est un aménagement plus juste de l’espace public. Ce sera le grand thème de ma présidence de Pro Velo. Aujourd’hui, les cyclistes partagent un espace ténu avec de plus en plus d’usagers. Des trottinettes, des vélos-cargos, parfois des piétons aussi.

Oui d’ailleurs, on les oublie parfois…
Ce sont eux les plus vulnérables. Pour protéger les piétons, il faut des espaces publics distincts. On doit donner davantage de place à la mobilité active, c’est-à-dire pour les cyclistes. Mais aussi pour les piétons qui ont, eux aussi, besoin d’espaces sécurisés.

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