La Suisse met les bouchées doubles: de plus en plus de personnes se mettent au vélo, avec un trafic cycliste qui devrait doubler d'ici à 2050. La nouvelle loi sur les pistes cyclables exige un réseau couvrant tout le territoire. Mais qui paiera la facture?
L'extension coûte cher, très cher. Il n'existe pas encore de chiffres précis, mais à la Confédération on parle d'un «besoin d'investissement élevé». Après le «non» de dimanche à l'extension des autoroutes, une question longtemps considérée comme taboue revient sur la table: les cyclistes vont-ils devoir passer à la caisse? Jusqu'à présent, ils ne payaient aucune contribution directe pour l'aménagement des pistes cyclables.
Les cyclistes et leur porte-monnaie
Une chose est sûre: la question du financement est centrale. La pression sur les fonds de construction routière des cantons et des communes est de plus en plus grande. Or, les pistes cyclables sont principalement financées par ce biais, avec le soutien de la Confédération. Le refus de l'élargissement des autoroutes lors de la votation de dimanche n'y change rien: les fonds prévus en cas de victoire du «oui» ne peuvent être utilisés pour les vélos, puisqu'ils sont affectés à un domaine précis.
A Berne, on veut donc s'assurer d'être armé face à cette situation. Et justement: Blick a appris que l'Office fédéral des routes (OFROU), qui fait partie du département du ministre des Transports Albert Rösti, finance une étude explosive.
L'OFROU tempère
Celle-ci a pour objectif de mettre en évidence de nouvelles sources de financement. On recherche des modèles «pour un financement des infrastructures cyclables plus conforme au principe de causalité». Concrètement, cette étude menée par un bureau de conseil examine sous quelle forme une taxe sur les vélos serait réalisable.
Une taxe annuelle est-elle envisageable? Une vignette peut-être? Ou un supplément à l'achat du vélo? L'OFROU ne souhaite pas s'exprimer davantage à ce sujet. «Le projet n'a été lancé que récemment», justifie un porte-parole.
L'OFROU semble être conscient du caractère explosif de l'affaire. Mais il se montre prudent: l'étude, lancée en automne, est ouverte aux résultats et ne représente «aucune déclaration d'intention ou de souhaits» de la Confédération. L'enquête est indépendante et le sujet a d'abord été soulevé par des tiers.
Encourager le vélo: une obligation coûteuse
Le vélo doit être fortement encouragé, comme le stipule la loi suisse. Des réseaux de pistes cyclables doivent être créés pour le quotidien et les loisirs de la population, souligne l'OFROU. Mais cela coûte non seulement de l'argent, mais aussi – parfois – du terrain. C'est pourquoi une enquête à ce sujet est primordiale, tant pour les cantons que les communes.
Alors que les automobilistes déboursent aujourd'hui des milliards pour les routes via l'impôt sur les huiles minérales, la vignette et la taxe sur les véhicules à moteur, les vélos roulent presque gratuitement sur les pistes. Ce n'est que par le biais des impôts généraux que les cyclistes paient indirectement les infrastructures routières.
Pro-Velo s'insurge
Pour Matthias Aebischer, conseiller national socialiste bernois et président de Pro Velo, l'étude est complètement à contre-courant du débat politique. «Cette étude devrait être abandonnée, d'autant plus après le non à l'extension des autoroutes.» Pour des raisons écologiques et de santé, il est souhaitable que davantage de personnes se mettent au vélo.
Cela permet en outre de désengorger les routes. «Une telle étude conduit à dresser les automobilistes contre les cyclistes.» Les fonds alloués à la recherche routière pourraient être mieux dépensés, estime Matthias Aebischer. Comme pour comprendre comment le trafic pourrait être plus respectueux du climat.
Au sein des cantons, la question est de plus en plus débattue. A Lucerne, le Parlement a récemment rejeté de justesse une telle taxe, à Bâle-Campagne, l'idée a échoué l'hiver dernier, tandis que Zurich n'a pas encore pris sa décision.
Débat déjà lancé il y a deux ans
Au niveau fédéral, le conseiller national UDC Benjamin Giezendanner, appuyé par 40 collègues, avait lancé le débat il y a deux ans déjà. Selon lui, les cyclistes doivent, dans la mesure du possible, assumer eux-mêmes «les coûts d'infrastructure pour le trafic cycliste». Le Conseil fédéral s'était alors opposé à cette initiative, estimant que la charge administrative d'une taxe de ce type serait trop importante.
Benjamin Giezendanner a fini par retirer son intervention. Mais il n'a pas déposé les armes pour autant. A l'époque, il n'y avait tout simplement pas les bases nécessaires à l'élaboration d'une taxe sur les vélos. Il a donc préféré attendre le moment opportun. Et aujourd'hui, «il est temps d'en reparler», estime l'élu argovien.
Ce dernier souhaite donc relancer le débat, et l'étude financée par l'OFROU pourrait fournir des pistes. «Avec la loi sur les pistes cyclables, les cyclistes ont obtenu plus de droits», explique celui qui aime lui-même enfourcher son deux-roues. «Il est logique qu'ils assument aussi des obligations financières.»