On se souvient d’un Conseil fédéral adoubé par la population durant la pandémie. L’idylle semble exploser au moment de la crise du pouvoir d’achat, révèle notre sondage représentatif, réalisé auprès de quasi 1500 personnes, en partenariat avec M.I.S Trend. Pas étonnant: les hausses des primes maladie, des loyers, des prix des produits de première nécessité ou de l’énergie asphyxient près de la moitié des Romandes et Romands.
Primes d'assurance maladie, produits alimentaires, électricité, loyers, ... Les prix ne cessent de prendre l'ascenseur, mais pas les salaires. Le pouvoir d'achat chute.
Blick a voulu comprendre la situation et les préoccupations financières des Romandes et des Romands. Quelle part de la population est étranglée? Comment voit-elle son avenir financier? Comment juge-t-elle l'action du Conseil fédéral? Quels sont les partis les plus crédibles à ses yeux? Pour ou contre un salaire minimum à 4500 francs?
Les résultats du sondage réalisé par M.I.S Trend sont frappants. Nous vous proposons une plongée dans cette crise en trois volets. Un premier sur le porte-monnaie des Romandes et des Romands, un deuxième sur leur vision du monde politique et un troisième sur les mesures à prendre pour soulager la population.
Primes d'assurance maladie, produits alimentaires, électricité, loyers, ... Les prix ne cessent de prendre l'ascenseur, mais pas les salaires. Le pouvoir d'achat chute.
Blick a voulu comprendre la situation et les préoccupations financières des Romandes et des Romands. Quelle part de la population est étranglée? Comment voit-elle son avenir financier? Comment juge-t-elle l'action du Conseil fédéral? Quels sont les partis les plus crédibles à ses yeux? Pour ou contre un salaire minimum à 4500 francs?
Les résultats du sondage réalisé par M.I.S Trend sont frappants. Nous vous proposons une plongée dans cette crise en trois volets. Un premier sur le porte-monnaie des Romandes et des Romands, un deuxième sur leur vision du monde politique et un troisième sur les mesures à prendre pour soulager la population.
90% des Romandes et Romands désapprouvent les autorités
Neuf Romandes et Romands sur dix désavouent les autorités. Plus d’un tiers (34%) estime que le Conseil fédéral et les Chambres fédérales n’en font «pas vraiment» assez. Et 56% jugent que le gouvernement et le Parlement n’agissent «pas du tout» assez. Seuls 4% approuvent les politiques menées (6% n’ont pas d’avis).
Cette statistique est vertigineuse. Les plus critiques sont les personnes qui paraissent les plus touchées par la crise: les femmes, les 30-44 ans, les personnes votant à gauche et les foyers les plus modestes.
Le politologue René Knüsel est frappé par ces résultats. «La population romande semble avoir perdu espoir et penser que les élus ne se soucient pas des problèmes que le peuple rencontre, analyse ce professeur honoraire de l’Université de Lausanne. Mais, parallèlement, et ce sera encore le cas lors des élections fédérales de cet automne, les électeurs reconduisent inexorablement cette même majorité bourgeoise, qui dirige le pays depuis toujours. C’est un paradoxe.»
Comment l’expliquer? Le sociologue propose plusieurs pistes de réflexion. «Premièrement, les électrices et électeurs — une minorité de la population — votent pour maintenir leur confort économique et leur liberté, donc pour le statu quo libéral, qui, de fait, ne profite pas à la majorité de la population. On préfère garder ce que l’on a plutôt que de risquer l'inconnue d'un changement de système.»
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Ensuite? «Je suis toujours interpellé par les choix d'une grande partie des électrices et électeurs. Les gens votent pour des partis qui ne défendent pas pleinement leurs intérêts objectifs. Mais on pourrait aussi poser l’hypothèse que la population qui se rend aux urnes est une élite privilégiée qui choisit de défendre ses acquis.»
Seul le Parti socialiste tire son épingle du jeu
Tous les partis en prennent aussi pour leur grade sauf… le Parti socialiste (PS). A la question de savoir qui est le groupe politique le plus à même de lutter contre l’érosion du pouvoir achat, 23% votent pour le parti à la rose (8% pour l’Union démocratique du centre (UDC), 7% pour le Parti libéral-radical (PLR), 5% pour le Centre et 1% pour les Vert-e-s et les Vert’libéraux). Les résultats sont similaires pour le combat contre la hausse des coûts de la santé (25% pour le PS, 6% pour le PLR et l’UDC) ou l’augmentation des loyers (25% pour le PS, 5% pour l’UDC et le PLR).
Sur les prix de l’énergie, aucun parti ne se détache aussi sèchement, mais le PS est toujours le plus crédible aux yeux des Romandes et Romands (11%). Les Vert-e-s regagnent un peu des couleurs et obtiennent le même score que le PLR (6%), qui talonne l’UDC (8%).
«Les partis bourgeois, qui ont pourtant l’habitude de se profiler sur les questions économiques, sont jugés peu crédibles sur le pouvoir d’achat», s’étonne René Knüsel. Mais le chercheur souligne une cohérence avec les réponses précédentes: «La population romande n’a pas confiance en les autorités, qui sont bourgeoises.»
Plus de la moitié ne croit en aucun parti
En filigrane des réponses obtenues transparaissent surtout le fatalisme, le désaveu de la classe politique et un désintérêt marqué de la population (entre 54 et 60% des répondantes et répondants). Dans le détail, entre 21 et 26% jugent qu’aucun parti n’est capable d’endiguer l’explosion des coûts. Entre 11 et 17% pensent qu’aucun en particulier ne saura amener des solutions viables sur la table. Et entre 16 et 20% «ne savent pas» — parmi lesquels les 18-29 ans et les apolitiques sont majoritaires.
Globalement, les plus désabusés face aux capacités des partis politiques à inverser la tendance sont les 60 ans et plus. Mais aussi celles et ceux se définissant comme apolitiques.
«On peut lire dans ces chiffres l’abstentionnisme de plus de la moitié de la population, relève René Knüsel. Il y a une démobilisation face à un jeu parlementaire qu’une grande partie de la population ne comprend pas, ou plus.» Résultat: «Face à un système dans lequel les intérêts économiques priment ceux de la majorité de la population, jusqu’à deux tiers des gens se sentent impuissants et ne font plus confiance aux partis politiques», développe le politologue.
Ce sondage de M.I.S Trend a été mené en collaboration avec Blick. L'étude s'est déroulée en ligne entre le 12 et le 19 septembre 2023 — auprès du panel de l'institut et sur les plateformes de notre média. Au total, 1463 personnes ont répondu à dix questions. Les résultats ont été pondérés de manière à obtenir des chiffres représentatifs pour la population romande. La marge d'erreur maximale est de plus ou moins 2,3% sur l’échantillon total.
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