La BNS est «très inquiète»
Un journal économique britannique prévoit des taux d'intérêt négatifs en Suisse

Le franc fort met la Banque nationale suisse sous pression: les taux d'intérêt négatifs se rapprochent. Selon le célèbre journal économique «Financial Times», une baisse des taux est pratiquement «inévitable».
Publié: 28.04.2025 à 19:05 heures
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Dernière mise à jour: 29.04.2025 à 16:22 heures
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Le président de la BNS Martin Schlegel est dans une situation difficile.
Photo: keystone-sda.ch
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Robin Wegmüller

Les taux d'intérêt négatifs pourraient bientôt redevenir une réalité en Suisse. C'est un scénario probable depuis un certain temps. Mais à présent, les signes se multiplient. Ainsi, le monde s'attend à une baisse du taux directeur en Suisse, comme le montre un article du «Financial Times». 

Selon le prestigieux journal économique britannique, une baisse du taux d'intérêt lors de la prochaine réunion de la Banque nationale suisse (BNS) en juin est pratiquement fixée: «Selon les attentes du marché, il y a environ 80% de chances que le taux directeur tombe à zéro en juin. Il existe en outre une légère probabilité qu'il devienne négatif plus tard dans l'année». Scénario possible: dès la fin du mois de septembre, suivant la décision de taux d'intérêt prise par la BNS après deux ans, la Suisse aura à nouveau des taux d'intérêt négatifs.

Pour les épargnants, ce serait une nouvelle gifle. Le président de la BNS, Martin Schlegel, a lui aussi prononcé plusieurs fois le mot «taux d'intérêt négatifs». Il se retrouve face à un dilemme, car la situation de départ est tout sauf simple – la faute au franc fort. La politique douanière du président américain Donald Trump fait grimper la devise suisse, considérée comme une valeur refuge en période difficile. Pour les entreprises suisses exportatrices, c'est un désavantage – leurs produits deviennent alors plus chers sur le marché mondial.

Une inflation faible

En outre, l'inflation en Suisse est dangereusement basse. En mars, elle est tombée à 0,3% et se dirige vers le négatif. La BNS pourrait donc se voir contrainte d'intervenir. Par le passé, elle est souvent intervenue sur le marché des devises. Si elle augmente ses réserves de dollars, le cours du franc baisse.

Mais Donald Trump s'inquiète justement de ces interventions sur le marché des changes. Le président américain reproche à ses partenaires commerciaux de manipuler leur monnaie, c'est-à-dire de la maintenir artificiellement faible. Dans ce cadre, il vise également la Suisse. Si la BNS veut donc affaiblir le franc, soit elle encourage des taux d'intérêt négatifs, soit elle se met le président américain à dos.

La BNS est donc «définitivement inquiète», déclare Gregor Kapferer, responsable des obligations suisses à la banque Vontobel, au «Financial Times». «La Suisse avait déjà été qualifiée de manipulatrice de devises sous la dernière administration Trump. Mais à l'époque, il n'y avait guère eu de conséquences.» La situation est désormais différente et Trump semble aller jusqu'au bout de ses menaces. Selon Gregor Kapferer, la BNS devrait donc être beaucoup plus prudente.

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