La banque fait pourtant de bons chiffres
Quand la grande vague de licenciements de l'UBS va-t-elle commencer?

Pour la première fois depuis que Credit Suisse fait partie des calculs, l'UBS a gagné de l'argent. Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire pour la grande banque. Et le personnel continue de trembler.
Publié: 08.05.2024 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 08.05.2024 à 07:52 heures
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UBS réalise un bénéfice de 1,76 milliard de dollars au premier trimestre.
Photo: AFP
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Christian Kolbe

Fin mars, Sergio Ermotti avait encore choqué la Suisse avec son salaire de plus de 14 millions de francs. Aujourd'hui, le patron de l'UBS a fait plaisir à ses actionnaires: après l'annonce des résultats trimestriels, l'action a ouvert en trombe, et entre-temps, le cours s'est stabilisé à une hausse de plus de 8%.

La raison: l'UBS n'avait encore jamais connu un tel succès depuis l'intégration de Credit Suisse dans les chiffres de l'entreprise. La banque a gagné 1,76 milliard de francs au cours des trois premiers mois de l'année en cours. Et ce, après des pertes importantes au cours des deux trimestres précédents.

Les coûts baissent rapidement

Ce qui est particulièrement réjouissant du point de vue de la banque, c'est que son activité principale – la gestion de fortune globale – se porte bien. Les clients apportent leur argent en masse à l'UBS. «Ce qui me rend particulièrement fier ce trimestre, c'est que nous faisons de bons progrès, plus rapides, dans l'intégration, sans pour autant laisser les clients derrière nous», déclare Sergio Ermotti en réponse à une question de Blick. «L'afflux d'argent frais est bon, les clients nous considèrent comme un partenaire digne de confiance.»

En contraste avec l'ancienne méthode de Credit Suisse, le modèle d'affaires d'UBS fonctionne, et les coûts baissent. Rien qu'au premier trimestre, d'un milliard supplémentaire. Au total, l'UBS veut réduire ses coûts annuels de 13 milliards de dollars d'ici fin 2026 – elle a déjà atteint 5 milliards sur le chemin de cet objectif.

Les affaires vont si bien que l'UBS peut commencer à régler ses comptes avec la Confédération. Lundi, elle a continué à réduire les aides en liquidités accordées par la Banque nationale à Credit Suisse. Et la banque a aussi remboursé 9 milliards de francs de ce qu'on appelle l'ELA (Emergency Liquidity Assistance) à la BNS. «Nous avons hérité d'un déficit substantiel de liquidités de la part de Credit Suisse, que nous sommes en train de réduire de manière ordonnée», explique Sergio Ermotti. La banque entend rembourser les 9 milliards restants des prêts ELA cette année encore.

Attention aux relations avec Berne

Il reste une ombre au tableau pour l'UBS, une inquiétude pour les employés: la réglementation des grandes banques, une sorte de Lex UBS. Sur ce point, le silence radio semble régner pour le moment entre la place centrale de Zurich et la Berne fédérale: «Nous nous concentrons sur ce que nous pouvons contrôler», explique Sergio Ermotti en réponse à une question sur la détérioration des relations avec les autorités suisses.

Le point crucial du point de vue de la banque: quelle doit être la quantité de fonds propres de l'UBS pour qu'un désastre comme celui de Credit Suisse ne puisse idéalement pas se reproduire? Dans son plan en 22 points, la ministre des Finances Karin Keller-Sutter avait sciemment renoncé, il y a près d'un mois, à donner un chiffre précis sur les exigences en matière de fonds propres. Il est probable que l'on se querelle maintenant en coulisses sur le bon montant, apparemment sans l'UBS: «Nous serons également interrogés», se contente de dire Sergio Ermotti.

Le personnel reste dans l'incertitude

La grande saignée dans le personnel est encore à venir et l'attente pourrait se prolonger encore un peu, surtout en Suisse. «Pour le moment, nous avons même besoin de plus de ressources pour maîtriser l'intégration complexe», explique Sergio Ermotti. Depuis le rachat de Credit Suisse, la banque a déjà supprimé 19'000 postes dans le monde, dont 2000 au premier trimestre 2024.

La prochaine vague de suppressions devrait déferler sur l'UBS après la fin mai. D'ici là, les deux sociétés mères UBS SA et Credit Suisse SA devraient être intégrées. Les jours du dernier patron de Credit Suisse, Ulrich Körner, seront alors comptés. Et avec lui, le maintien de nombreux autres employés dans la mégabanque sera menacé. La fusion d'UBS Suisse et de Credit Suisse Suisse devrait avoir lieu au troisième trimestre. Et à partir de fin 2024, début 2025, la grande vague de licenciements devrait déferler sur les bureaux en Suisse. L'UBS maintient toujours son objectif de 3000 licenciements.

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