Payer oui, participer non: mardi, à une heure tardive, le coprésident du Parti socialiste (PS) et conseiller national Cédric Wermuth entre dans le vif du sujet. Celui-ci questionne l'absence de garantie stipulant que le siège social l'UBS restera en Suisse. Il souhaite que la ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, y réponde.
«Si je comprends bien, cela signifie que l'UBS peut signer ce contrat le matin et déménager à Singapour l'après-midi», constate-t-il. Le problème: les pouvoirs publics continueraient à répondre de crédits allant jusqu'à 109 milliards de francs – mais pour une banque étrangère.
Pas de réponse concrète
Karin Keller-Sutter élude la question. D'une part, la grande banque devrait avoir des soucis plus urgents en ce moment, suppose-t-elle. «Des équipes entières sont en train de partir et de prendre des clients avec elles», avance-t-elle.
La ministre des Finances ne semble pas pouvoir s'imaginer une fuite de l'UBS hors de la Suisse – et ne veut pas non plus s'en occuper si tard dans la soirée. Lorsque le conseiller national socialiste Roger Nordmann relance la question sur Singapour, la conseillère fédérale, encore une fois, ne donne pas de réponse.
Ce que disent les experts
L'État insulaire de Singapour est, comme la Suisse, une place financière mondiale. Mais un départ de la mégabanque UBS à l'étranger est-il réaliste? L'expert Bernhard Bauhofer ne peut pas l'imaginer. Pour lui, l'identité de la banque est indissociable de la Suisse.
Le nom UBS signifiait autrefois «Union Bank of Switzerland». Aujourd'hui, il s'agit, certes, d'un nom propre, «mais un départ serait incompréhensible du point de vue de la marque», explique Bernhard Bauhofer. Selon ce spécialiste, un déménagement porterait «un coup fatal à l'importance internationale de la place financière et bancaire suisse».
La communicante et ancienne conseillère nationale PDC Kathrin Amacker se veut également rassurante: «Du point de vue de la réputation, il n'y a aucune raison de quitter la Suisse. Des études le prouvent: les banques helvétiques sont très respectées dans le monde entier. On peut se fier à la Suisse.»
Rien n'est sûr à 100%
Les grands groupes internationaux comme l'UBS choisissent le lieu de leur siège social en fonction de facteurs déterminants: avantages fiscaux, sécurité juridique et réglementations sont essentiels. Sergio Ermotti, le nouveau (et ancien) CEO d'UBS, l'a dit au «Matin Dimanche» en 2017: il est suisse, et souhaite que l'UBS reste en Suisse. «Mais rien n'est sûr à 100%», avait-il alors déclaré.