Jusqu'à 2500 francs par post
Montrer son bébé sur Instagram? Un business juteux pour les influenceurs

Il n'est pas rare que les influenceuses et influenceurs qui présentent leur progéniture sur les réseaux sociaux touchent des rémunérations plus attrayantes. Mais de grands dangers se cachent aussi derrière le bel univers familial d'Instagram.
Publié: 07.08.2023 à 17:11 heures
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L'entrepreneuse et influenceuse Sara Leutenegger montre ses fils, ici Lio, sur les réseaux sociaux et les intègre également à des posts sponsorisés.
Photo: Instagram
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Berit-Silja Gründlers

Lorsque l’on mène une interview vidéo avec l’influenceuse suisse alémanique Eli Simic, 35 ans, sa fille n’apparaît jamais sur l’écran. Et c’est fait exprès: Mia, 5 ans, sait très bien que lorsque maman fait son travail, elle doit rester à l’écart. Elle se tient à cette règle de manière exemplaire. «Pendant ma grossesse, je n’ai même pas rendu l’échographie publique. Je ne voulais pas que la première photo de ma fille nue soit visible partout», soutient l’influenceuse, qui compte 15’00 followers sur Instagram, en interview avec Blick.

La Thurgovienne prend le sujet très au sérieux: «Je ne montre Mia nulle part, que ce soit dans les médias ou sur mes plateformes de réseaux sociaux. Je veux la protéger.» Elle craint que des images de sa fille tombent entre de mauvaises mains. Au point de renoncer à des sources de revenus. «Sur les réseaux sociaux, il y a bien sûr eu des demandes de collaboration, pour lesquelles j’aurais dû montrer mon enfant de manière reconnaissable, mais je refuse tout cela. Pour rien au monde je ne changerais ma position.»

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Jusqu’à 2500 francs par post

Tanja Herrmann, directrice de l’agence de médias sociaux Webstages, confirme qu’Eli Simic pourrait gagner beaucoup d’argent avec sa fille. «Les influenceurs et les influenceuses qui ont des enfants et de grandes communautés sont très demandés par la clientèle publicitaire. Ils peuvent gagner jusqu’à 2500 francs par post avec des posts bien réalisés.» La popularité de ces contenus est élevée, car les entreprises qui proposent des sorties et des produits pour la famille découvrent les possibilités de visibilité offertes par les influenceurs parents, poursuit Tanja Herrmann.

La mannequin et entrepreneuse Sara Leutenegger (28 ans) est, avec 125’000 followers, l’une des influenceuses les plus populaires de Suisse. Elle a fait cette expérience après la naissance de son premier fils, Lio qui a désormais deux ans: «Le fait d’être devenue mère et d’avoir montré les garçons sur les réseaux sociaux a fait que davantage de marques m’ont approchée pour promouvoir des produits pour enfants.» Ses deux garçons – le second, Pablo, est né il y a sept mois – doivent également profiter de ce succès, souligne Sara Leutenegger. «J’ai créé un compte en banque pour Lio et Pablo, sur lequel je verse une somme à chaque fois qu’ils apparaissent dans un post. Ils recevront cet argent à l’âge de 18 ans.»

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Le couple d’influenceurs Frieda Hodel (49’800 followers) et Fabio Zerzuben (25’800 followers), tous deux quarantenaires, font figurer leurs filles Zuria (5 ans) et Kaia (2 ans) dans des collaborations avec des marques sur les réseaux sociaux: «De notre côté, ce n’était pas une décision consciente, et nous ne forçons pas non plus les choses. Si les enfants s’intègrent bien dans des posts sponsorisés, nous acceptons, sinon, nous n’acceptons pas», explique celle qui a participe à une téléréalité. Son mari ajoute: «Frieda était déjà une personne publique avant que nos filles ne viennent au monde. Elles sont un élément important de notre quotidien que nous voulons montrer de manière authentique.»

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«On perd si vite le contrôle de qui, et avec quelles intentions, regardent ces images d’enfants.»
Eli Simic
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Pour l’influenceuse Eli Simic, ce n’est pas un argument: «Bien sûr, ma fille fait partie de ma vie, et je veux être authentique sur Instagram. C’est pourquoi Mia est présente sur mes pages, mais on ne peut pas la reconnaître. Nous protégeons les enfants de tout: nous leur apprenons à ne pas monter en voiture avec des inconnus. Mais des photos d’eux, nous les postons librement sur Internet, où tout le monde peut les télécharger et les diffuser. On perd si vite le contrôle de qui, et avec quelles intentions, regardent ces images d’enfants.»

Les parents sont de plus en plus prudents

C’est également une préoccupation pour les clients de Tanja Herrmann: «La prise de conscience sur ce thème a fortement augmenté ces dernières années, par tout le monde. Les influenceuses et influenceurs 'famille' font aujourd’hui beaucoup plus attention à la manière dont ils montrent leurs enfants sur les réseaux sociaux qu’il y a quelques années.»

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«La génération de mes enfants grandit avec les réseaux sociaux. C’est pourquoi ils doivent savoir comment se comporter et se protéger.»
Sara Leutenegger
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L’influenceuse Sara Leutenegger abonde: «Nous regardons toujours les images avec Lio et lui expliquons pourquoi certaines photos peuvent être postées et d’autres en aucun cas. Il ne faut pas fermer les yeux sur le fait que la génération de mes enfants grandit avec les réseaux sociaux. C’est pourquoi ils doivent savoir comment se comporter et se protéger.»

Le couple Hodel-Zerzuben a aussi développé une stratégie concernant la manière dont leurs filles apparaissent dans leurs posts: «Zuria et Kaia sont toujours habillées de manière à être couverte ou, lorsque nous sommes dans l’eau, nous nous positionnons de manière à ce que l’on ne voie pas trop de peau. De plus, il y a toujours au moins l’un de nous deux sur les photos. Mais quand elles sont à la piscine ou au jardin d’enfants, une personne mal attentionnée pourrait tout aussi bien se promener avec un appareil photo et photographier les enfants. Malheureusement, on n’est vraiment protégé nulle part.»

Eli Simic préfère prendre des précautions. Et Mia est encore loin de s’intéresser aux réseaux sociaux. «Lorsqu’elle aura son propre téléphone portable et qu’elle voudra utiliser Instagram, je garderai en tout cas un œil sur ce qu’elle fait, souligne l’influenceuse. Je suis peut-être un peu vieux jeu à cet égard, mais ma fille n’a pas à être reconnaissable sur Internet.»

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