«Les plus jeunes générations, qui ont grandi avec les réseaux sociaux, accordent souvent davantage d'attention aux influenceurs ou aux célébrités qu'aux journalistes, même quand il s'agit d'information», souligne le rapport 2023 de l'institut Reuters pour l'étude du journalisme, rattaché à l'université anglaise d'Oxford.
Ce rapport annuel sur l'information numérique s'appuie sur des sondages en ligne menés par la société YouGov auprès de 94'000 personnes dans 46 pays. Fait marquant cette année, la majorité des utilisateurs de TikTok, Snapchat et Instagram (respectivement 55%, 55% et 52%) dit accorder son attention aux influenceurs ou aux célébrités en matière d'information.
A l'inverse, sur Facebook (qui, comme Instagram, appartient au groupe américain Meta) ou Twitter, moins utilisés par les jeunes, les journalistes jouent les premiers rôles.
Interrogé par l'AFP, l'auteur principal du rapport, Nic Newman, cite l'exemple du jeune Anglais Matt Welland, qui passe en revue des sujets d'actualité ou de vie quotidienne sur TikTok pour ses 2,8 millions d'abonnés.
Facebook ne vaut plus rien pour 72% des sondés
Cette prise de pouvoir des influenceurs est l'effet le plus spectaculaire d'un bouleversement de la hiérarchie entre réseaux sociaux: les traditionnels, comme Facebook, sont en perte de vitesse, ringardisés par ceux qui sont fondés sur la vidéo, comme TikTok, YouTube, Instagram et Snapchat. C'est vers ces derniers que les jeunes se tournent, y compris pour l'information.
Même s'il «reste l'un des réseaux sociaux les plus utilisés globalement», Facebook «devient beaucoup moins important comme canal d'accès à l'information» et donc comme créateur de trafic vers les sites d'information, note le rapport. En 2023, seuls 28% des sondés indiquent accéder aux informations via Facebook, alors qu'ils étaient 42% en 2016.
En raison des habitudes des jeunes générations nées sous les réseaux sociaux, il est de moins en moins fréquent que le public arrive directement sur un site ou une application d'information: la plupart du temps, il passe d'abord par un réseau social.
Cela constitue «un changement beaucoup plus fondamental» pour l'industrie de l'information que le passage au numérique lui-même, juge le directeur de l'institut Reuters, Rasmus Kleis Nielsen.
(ATS)