Jusqu'à 236 francs par an
Le premier comparateur de prix du carburant suisse veut vous faire économiser

Depuis vendredi, le premier comparateur de prix suisse pour le carburant a été lancé. Avec 600 stations recensées, le site veut aider les conducteurs à faire des économies. Et pour cause! Les différences d'une station à l'autre sont parfois exorbitantes.
Publié: 01.10.2022 à 08:53 heures
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Dernière mise à jour: 02.10.2022 à 20:22 heures
Dans certaines stations-essence de Genève ou Lausanne, les pleins peuvent coûter jusqu'à 15 et 23 francs plus cher.
Photo: Keystone
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Louise MaksimovicJournaliste Blick

C’est une première en Suisse: un comparateur en ligne entièrement dédié aux prix de l’essence a vu le jour ce vendredi. Sous le nom laconique de «ton-plein.ch», le site web recense près de 600 stations-essence dans le pays, et pour la plupart, leurs tarifs par type de carburant. Son but: permettre aux conducteurs de faire des économies à chaque plein.

Dans un communiqué adressé aux médias, l’équipe à l’origine du site promet des économies allant jusqu’à 236 francs si l’on utilise leur plateforme De quoi combler la «prochaine augmentation moyenne de l’électricité en 2023 annoncée récemment». Une promesse loin d’être anodine.

Participatif et citoyen

L’idée de cette plateforme mijotait depuis plusieurs mois dans la tête de Romain Boichat, son fondateur. Sa motivation? Agir face aux motions promises par le Conseil fédéral sur le prix de l’essence, finalement restées lettres mortes. Le gouvernement avait assuré que le marché allait se réguler de lui-même. Même le Surveillant des prix de la Confédération avait demandé (en vain) la création d’une application pour comparer les tarifs du carburant selon les stations.

«Puisque rien n’a bougé au niveau gouvernemental, le but était de créer une initiative citoyenne pour rendre service à la population, justifie le Vaudois. J’espère que le plus de personnes possible utiliseront cette plateforme. Elles ont tout intérêt à le faire!»

En pratique, le site repose sur la géolocalisation de son utilisateur ou la recherche manuelle de lieux. Il propose une liste de stations-service triées par prix ou par distance. La différence des tarifs, négative ou positive, y est indiquée par prix au litre et pour l’équivalent d’un plein de 40 litres. La recherche peut également se faire par type de carburant. Après quelques essais, force est de constater que les écarts peuvent être conséquents entre les villes… mais aussi entre les quartiers!

Le comparateur permet de classer les stations par distance ou par prix. Le tarif au litre est indiqué à droite, le tarif au plein à gauche à côté de la photo.
Photo: Screenshot

Un plein presque 23 francs plus cher

A Genève, par exemple, le prix du Sans-plomb 95 est 28 centimes plus cher à la station Eni de l’aéroport, que dans la station la moins chère, nichée dans le quartier de la Roseraie. Une différence qui fait grimper le prix du plein sur le tarmac à 11,40 francs de plus qu’en ville! Dans le cas du Diesel c’est encore pire: à la même station de l’aéroport genevois, le plein y est 15 francs plus cher à cause d’une différence de 38 centimes au litre.

Mais la palme de la différence de prix en Suisse romande revient sans doute, pour l’instant, à Lausanne. On constate que, par rapport à la station la moins chère de la ville, le prix du Sans-plomb 95 y est plus élevé au litre de pas moins de 57 centimes dans la station en face… du Lausanne Palace. Une différence qui rend le plein de 40 litres 22,80 francs plus cher. Un écart d’autant plus frappant lorsque l’on constate que la station la plus onéreuse, juste avant celle du Lausanne Palace, n’applique que 10 centimes de plus au litre par rapport à la moins chère de la ville.

Cette disparité «luxueuse» est «assez connue» assure Romain Boichat. Peut-on l’imputer à la volonté des tenants de l’hôtel de dissuader les badauds aux maigres aumônières de s’arrêter devant l’immeuble cinq étoiles? Ou au contraire de les y piéger?

«On voit aussi de grandes différences entre les communes, pointe l’entrepreneur vaudois. Entre deux Coop Pronto de Saint-Prex et Allaman, c’est à la station de la Coop d’Allaman que le plein y est le plus cher. Or la ville n’est pas loin de l’Ikea d’Aubonne. Les propriétaires des stations profitent peut-être du fait que les gens sortent de leurs courses et ne sont pas trop regardants vis-à-vis du prix de l’essence. Ou le gérant de Saint-Prex désire attirer et fidéliser sa clientèle.»

«Une saine concurrence»

Bien que le site ne dispose pas de toutes les informations pour chaque station du pays, l’équipe de Romain Boichat a posé les jalons pour en faire un outil d’utilité nationale. Son équipe de neuf bénévoles a passé la semaine passée, y compris «quelques nuits», à répertorier des stations en Suisse alémanique et dans le Tessin. Le site a d’ailleurs été traduit en allemand, italien et anglais.

A terme, l’entrepreneur aimerait que les propriétaires de stations-essence renseignent eux-mêmes, en plus des conducteurs, leur prix et leurs rabais en cours. Un espace spécifique leur est d’ailleurs consacré sur le site. Quant aux utilisateurs, il leur suffit d’envoyer une photo de preuve pour corriger un prix. L’onglet «Ajouter une station» permet à chacun d’étoffer le catalogue.

Romain Boichat reconnaît toutefois que ces mêmes professionnels qu’il vise étaient eux-mêmes assez réticents jusque-là à communiquer sur leurs prix. «Avoir un comparateur, ça crée inévitablement une saine concurrence», analyse le quarantenaire - après avoir reconnu qu’un tel outil peut créer une forme de pression chez les propriétaires de stations. En temps normal, ces derniers comptent parfois sur le fait qu’un conducteur ne retienne pas les différences de prix entre les pompes.

À la recherche de sponsors

Ton-plein.ch est gratuit et devrait le rester. Mais sa gestion ne l’est pas pour son équipe de trois personnes, dont son créateur. Ce dernier estime à quelques milliers de francs l’hébergement du site et les frais liés aux clics des recherches Google selon le trafic. Mais pas question de mettre des publicités sur la plateforme!

«Le but n’est vraiment pas de gagner de l’argent mais de répondre à un besoin des particuliers», assure Romain Boichat. Ce dernier espère avoir le soutien de sponsors, notamment du TCS ou de la Fédération romande des consommateurs (FRC), déjà contactés par le Vaudois. Néanmoins, le soutien sur lequel le créateur de Soignezmoi.ch (une plateforme de télémédecine) compte le plus, est celui des conducteurs. Alors que de nouvelles augmentations du prix des carburants se profilent, l’entrepreneur espère que les consommateurs participeront au site et utiliseront massivement son comparateur.

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