Judith Chemla se livre
Victime de violences conjugales, elle veut se battre pour sa fille

La comédienne française Judith Chemla, victime de violences conjugales, a détaillé ce mercredi sur France Inter ses accusations à l'encontre de son ex-compagnon. Un témoignage bouleversant.
Publié: 06.07.2022 à 14:40 heures
La comédienne Judith Chelma s'est livrée ce mercredi sur France Inter.
Photo: Capture d'écran France Inter
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

«Ne retirez jamais, jamais, jamais une plainte que vous déposez. On vous intimidera. Je vois beaucoup de messages de soutien et de remerciement, parce que certaines femmes n’ont plus le courage de se battre. Le combat, c’est porter plainte, se battre pour ses enfants, que les enfants soient protégés.» L’actrice française Judith Chemla, qui a dénoncé il y a quelques jours sur Instagram les violences conjugales de son ancien compagnon l’acteur et réalisateur Yohan Manca, s’est livrée ce mercredi au micro de France Inter. Un témoignage bouleversant, qui soulève une onde de choc dans l’Hexagone.

«Je n’ai pas du tout prémédité cette prise de parole. Je n’ai jamais imaginé montrer ces photos», assure la comédienne, qui a publié plusieurs clichés de son visage tuméfié. Elle dénonce au micro de Léa Salamé les «pressions» du père de sa fille, qui cherche à se faire passer pour «une victime», dénonce l’actrice vue notamment dans «Le Sens de la fête», rappelle BFM TV.

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Difficulté à porter plainte

Les faits remontent au 3 juillet 2021, dans une rue parisienne. Yohan Mancan acteur vu notamment dans «La Vérité Si Je Mens — Les Débuts», a agressé Judith Chemla en lui jetant un portable au visage. D’abord «sidérée», l’actrice refuse de porter plainte contre l’homme avec lequel elle a vécu pendant cinq ans. «Les policiers me disent 'il faut porter plainte, parce qu’après c’est le féminicide'. Je ne dis rien. Je ne me vois pas porter plainte contre le père de ma fille», glisse-t-elle avec beaucoup d’émotion.

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«Je n’ai pas le déclic intérieur.» Elle l’aura le lendemain, retranscrivent encore nos confrères: «Je suis culpabilisée toute la nuit. On me dit: 'Jamais je n’aurais dû faire un enfant avec toi, pendant cinq ans, je n’ai pas bougé d’une oreille', parce que je suis tombée amoureuse de quelqu’un d’autre. Il ne s’est rien passé physiquement, mais les sentiments ne sont pas condamnables! Ils arrivent. Le cœur s’ouvre à un moment. Il me dit: 'Tu es comme toutes ces actrices, tu es volage, qu’est-ce que tu vas faire? Tu as deux enfants de deux pères différents'. Immonde. Toute la nuit.»

Le bourreau se voit en victime

Yohan Manca l’implore de ne pas le dénoncer: «Avec cet acte irréparable que j’ai commis, tu retournes la situation alors que c’est toi qui brises notre famille.» L’actrice choisit de le protéger en ne divulguant rien sur les réseaux sociaux et dans les médias, mais décide néanmoins d’aller en justice. «J’ai vu qu’il était en état de nuire — et même à d’autres femmes. C’est pour ça que j’ai porté plainte.»

Le 6 juillet, Yohan Manca sort de sa garde à vue. Le même jour, Judith Chemla avorte. «J’étais enceinte d’un mois», glisse-t-elle. Quatre mois plus tard, elle porte une nouvelle fois plainte. Le 12 mai dernier, Yohan Manca écope de huit mois de prison avec sursis. «Malgré cette peine, il continue à penser que c’est une victime», s’étrangle la comédienne, qui se dévoile notamment pour sa fille. «Je me battrai pour qu’elle sache qu’elle doit se protéger. Et pour que lui comprenne que s’il ne change pas, sa fille sera une femme battue consentante.»


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