Jeune, branché - et d'extrême droite
Némésis ne sont que des «féministes à contre-courant» pour la SRF

Le collectif féminin romand Némésis dénonce la violence sexuelle des migrants. Derrière le groupe se trouvent des activistes issues des milieux d'extrême droite. Un fait que la SRF semble avoir omis dans son récent reportage dédié au mouvement.
Publié: 15.05.2022 à 21:12 heures
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Dernière mise à jour: 16.05.2022 à 08:27 heures
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Des militantes du groupe Némésis Suisse placardent des affiches à Lausanne.
Photo: Nicolas Poinsot
Fabian Eberhard

Le magazine d'information suisse allemand de la SRF «10vor10» s'est récemment intéressé au collectif féminin romand Némésis. Le reportage dresse le portrait de ces militantes comme de jeunes féministes engagées, qui «nagent à contre-courant» en attirant systématiquement l'attention sur la violence sexuelle des immigrés.

Ce que la SRF a éludé, c'est ce que Blick vous révélait en exclusivité en novembre dernier: ces féministes qui se concentrent sur le seul prisme de l'immigration comme cause des violences faites aux femmes sont proches des milieux d'extrême-droite. Leur féminisme est un vecteur pour faire passer ces idées auprès des gens, et un lieu de recrutement pour des femmes dans un milieu traditionnellement très masculin.

Némésis, qui tire son nom de la déesse grecque de la vengeance, agit comme une branche suisse du groupe français du même nom. La fondatrice parisienne, Alice Cordier, s'exprime ainsi dans une interview radio: «Nous devons défendre farouchement les hommes blancs, car ils sont nos pères et seront plus tard les pères de nos enfants». Se référant aux statistiques selon lesquelles les Français se retrouveront soi-disant en minorité d'ici 2050, elle a ajouté: «C'est une question de survie».

Des slogans racistes au cœur du message

Les militantes romandes de Némésis ne prêchent pas leur idéologie de la suprématie blanche aussi ouvertement que leur grande soeur parisienne. Mais chez elles aussi, les slogans racistes constituent le cœur du message. Par exemple lorsque l'on peut lire sur les autocollants du groupe: «Rapefugees not welcome», une combinaison des mots anglais «rape» (viol) et «refugees» (réfugiés).

Jeunes, branchées - et d'extrême droite: les traces des militantes de Némésis Suisse mènent directement à la scène néonazie, notamment à la section féminine des Militants Suisses d'extrême droite. Cette section était en quelque sorte le groupe prédécesseur de Némésis Suisse.

Le portail en ligne de gauche Renversé a retracé en détail les implications des militantes romandes avec Militants Suisses. En premier lieu, celles de la Valaisanne Sarah B.*, cofondatrice et dirigeante de Némésis Suisse.

B. a dénoncé dans le reportage de «10vor10» les agressions sexuelles commises par des migrants: «On sait que ce sont souvent des immigrés, des gens qui ne sont pas d'ici, on le voit à leur apparence». Lors d'agressions en soirée il s'agirait «souvent du même type d'homme».

Tous se produisent dans les milieux d'extrême droite

En 2021, Sarah B. est apparu dans une vidéo de propagande des Militants Suisses. En mars de la même année, elle a défilé dans un groupe de partisans violents des Militants Suisses lors d'une manifestation anti-Covid à Liestal, Bâle-Campagne. A cette occasion, des camarades de Sarah B. ont attaqué des contre-manifestants de gauche. Peu après la manifestation, une photo sur laquelle la jeune Romande et ses camarades piétinaient une bannière contre l'antisémitisme est apparue sur une chaîne de hooligans de droite. Ils l'avaient volée aux contre-manifestants.

Entre-temps, Sarah B. a purgé ses canaux de réseaux sociaux. Elle a notamment supprimé une photo d'une soirée passée avec trois amis. L'un d'entre eux porte un pull avec une tête de mort SS, l'emblème d'une division tristement célèbre de la Schutzstaffel d'Hitler. En commentaire de la photo: «Ensemble avec les légendes».

La plupart des autres militantes de Némésis qui apparaissent en public sont également actives dans les milieux d'extrême droite. L'une d'entre elles posait encore récemment cagoulée et portant des gants de boxe du label néonazi français Pride France. La même jeune femme apparaît en outre, avec une autre membre de Némésis, dans une vidéo publicitaire de Junge Tat, le groupe d'extrême-droite le plus actif actuellement en Suisse. Némésis n'a pas réagi à nos demandes de commentaires.

Ils veulent rendre l'extrémisme de droite attractif pour les jeunes

L'extrémisme de droite teinté de féminisme n'est pas un phénomène nouveau. Dernièrement, le Mouvement identitaire – dont Némésis France fait partie — a déguisé sa politique anti-migratoire en droits des femmes. Dans leur campagne Internet 120dB, les identitaires ont appelé les femmes à se défendre contre la violence des réfugiés. Une tentative d'imiter le mouvement #MeToo contre le sexisme.

Némésis représente en outre une nouvelle image de la scène de droite en Suisse. Des groupes comme le Junge Tat et maintenant Némésis parviennent à rendre l'extrémisme de droite attractif pour les jeunes. Adapté à Instagram - mais tout aussi radical dans son contenu.

*Noms connus

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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