«Je suis foutu!»
Un Suisse hérite d'une dette d'un million de francs: il raconte sa descente en enfer

À la mort de son père, Martin Z. s'est retrouvé avec une dette d'un million de francs sur le dos, en guise d'héritage. Pendant 14 ans, l'homme a vécu dans la misère la plus totale. Puis peu avant Noël, une lueur d'espoir s'est présentée à lui... Faux espoir!
Publié: 20.02.2024 à 19:51 heures
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Dernière mise à jour: 21.02.2024 à 17:29 heures
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Martin Z.* n'a qu'une vingtaine d'années lorsque ses parents décèdent. Mais avec leur décès, l'Argovien a hérité de près d'un million de francs de dettes de l'entreprise individuelle de son père.
Photo: STEFAN BOHRER
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Qendresa Llugiqi et Stefan Bohrer

Martin Z.* n'a qu'une vingtaine d'années lorsque ses parents décèdent. Mais avec leur décès, l'Argovien a hérité de près d'un million de francs de dettes de l'entreprise de son père.

Pour comprendre comment il en est arrivé là, il faut retracer le parcours de Martin Z.: «Tout a commencé par la réception d'une lettre m'informant qu'un processus de succession en ma faveur était en cours» se souvient Martin Z, qui ne sait pas encore qu'il sera bientôt financièrement ruiné.

À l'époque, son père possède une entreprise de chauffage et de plomberie. À sa mort, Martin Z., fils unique, paie alors les salaires de trois employés ainsi que plusieurs factures des fournisseurs. Mauvais calcul: les conséquences, fatales, ne tardent pas à arriver. Car en réglant les factures et les salaires impayés, Martin Z. perd immédiatement son droit de refuser l'héritage... et les dettes qui vont avec.

Celles-ci ne sont apparues que lorsque Martin Z. a décidé de dissoudre l'entreprise individuelle de son père en mai 2010, ce qui a entraîné l'envoi de décomptes par les fournisseurs. C'est là que Martin Z. s'est dit: «Je suis foutu!» Aujourd'hui, la trésorerie de l'entreprise et ses économies personnelles ne suffisent plus à couvrir les dettes.

Pendant des mois, Martin Z. reçoit un nombre incalculable de factures, de rappels et de poursuites. Il a même tenté de trouver une solution avec l'office des poursuites.

C'est le cœur lourd qu'il se résout finalement à vendre la maison de ses parents à un ami: «J'avais l'espoir de pouvoir la racheter un jour. Mais j'en suis loin». Avec le produit de la vente, il rembourse une partie de ses dettes.

Il doit tirer un trait sur des moments de bonheur

Pendant longtemps, Martin Z. a affronté sa misère financière tout seul. Puis quand il rencontre sa femme il y a huit ans, il joue cartes sur table. Et contre toute attente, la jeune femme se joint à son combat.

Désormais, ils versent ensemble chaque mois une importante somme à l'office des poursuites et se disent aujourd'hui fiers de ce qu'ils ont accompli, malgré de nombreux sacrifices: «Nous ne pouvons pas faire d'excursions, comme aller au zoo ou prendre le train avec notre fils. Pourtant, il adore ça!», confie Mélanie.

À Noël dernier, une lueur d'espoir se présente à eux: l'office des poursuites en charge de leur dossier leur verse 9100 francs. Melanie Z s'en souvient encore: «Nous savions que nous aurions fini de rembourser en 2024. Nous étions tellement heureux. Enfin une vie sans dettes!»

Une lueur d'espoir, puis une douche froide

Grâce à cette enveloppe, la famille rembourse immédiatement ses dettes privées, et achète quelques meubles d'occasion – car elle ne possédait presque rien – ainsi que des bibelots pour Noël.

Mais deux jours plus tard, c'est le choc: «Lors d'un entretien téléphonique avec l'office des poursuites, la collaboratrice nous a dit que l'argent nous avait été versé par erreur et que nous devions le rembourser immédiatement», raconte Martin Z. Une lettre de décision accompagnée d'une demande de remboursement confirme le versement erroné. «Pour nous, le monde s'est effondré» confessent Martin et Melanie.

La famille a récemment lancé une campagne Gofundme intitulée «Nous n'y arriverons plus seuls». Leur situation a ému les lecteurs de Blick à un point tel que nombre d'entre eux ont décidé d'apporter leur soutien financier au couple qui a récolté près de 46'000 francs en un jour.

L'office des poursuites a également accordé un sursis à Martin et Melanie Z jusqu'à fin février: «Nous en sommes très reconnaissants!» reconnaît le couple. Certes, la famille sait qu'elle devra probablement continuer à se contenter du minimum vital, au moins jusqu'à la fin de l'année. Mais cela leur donne aussi de l'espoir: «Nous serons alors définitivement libérés de nos dettes.»

* Nom connu

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