«Je n'ai jamais eu peur»
Le célèbre chasseur de néonazis suisse Heinz Kaiser est décédé

Heinz Kaiser a passé la moitié de sa vie à lutter contre l'extrême droite. Ce Suisse, chasseur de néonazis, vient de succomber des suites d'un cancer. Retour sur son histoire.
Publié: 08.08.2022 à 21:06 heures
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Dernière mise à jour: 09.08.2022 à 16:20 heures
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Heinz Kaiser s'était fait connaître d'abord en tant que musicien.
Photo: Ralph Donghi, zVg
Ralph Donghi, Mathilde Jaccard

L’Argovien Heinz Kaiser a eu de nombreuses casquettes durant sa vie. Il a été DJ, aide-soignant ou encore amateur de karaté. Mais il est surtout connu pour son dévouement dans la traque des néonazis. Atteint par un cancer depuis le 18 mars, il est décédé samedi au petit matin.

Pendant des décennies, l’Argovien a lutté contre les néonazis. Sa fille et son amie étaient à ses côtés lors de son dernier souffle. Heinz Kaiser reposera dans l’intimité de sa famille, dans son endroit préféré au cœur d’une forêt. Retour sur le parcours d’un combattant.

La première rencontre avec un néonazi

Après avoir été la star des platines dans les années 1960-1970, l'Argovien s’est passionné pour les arts martiaux, et tout particulièrement pour le karaté. Il a été six fois ceinture noire et a même dirigé sa propre école. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’Heinz Kaiser a été confronté, pour la première fois de sa vie, à un néonazi. C’est ce qu’il racontait à «Blick» en juin dernier.

«L’un d’eux s’était glissé chez moi en tant qu’élève pour débaucher des karatékas. Je m’en suis rendu compte et je l’ai mis dehors», se souvient-il. Ce fut le déclic. Après onze ans d’investissement dans son école d’art martial, il s’engagea corps et âme dans la chasse aux extrémistes.

Une dizaine de condamnations grâce à lui

«Pour le bien de la société, j’étais partout où ils étaient aussi!» L’Argovien se rendait à toutes les manifestations ou événements organisés par des groupes d’extrême droite. Et même sur internet, il passait des heures à faire des recherches. «Chaque fois que je remarquais quelque chose qui contrevenait à la loi, je déposais plainte.» Et ces actions ont été un succès pour lui: «Il y a certainement eu dix condamnations d’extrémistes de droite.»

Mais son dévouement dans cette bataille lui a valu de nombreuses agressions. «Une fois à Olten, deux néonazis ont voulu me frapper. Mais j’ai été plus rapide. Ils ont tous les deux fini à l’hôpital.» En 2007, l’Argovien avait perdu une partie de son enthousiasme. Il a reçu des menaces de mort via une vidéo mise en ligne. «Là, je n’étais plus à l’aise du tout», avoue-t-il à Blick.

Un matin, sa voiture était attachée avec des chaînes. Une autre fois, des individus ont tenté de mettre le feu à sa maison. Sa fille a même dû être accompagnée par une protection policière pendant quelque temps. Mais Heinz Kaiser n’a jamais eu peur. Il savait qu’au pire, il avait des armes avec lui, et il affirmait: «Si quelqu’un entre et m’attaque, je tire en l’air ou dans les jambes.»

Un message de Deep Purple

Il ne regrette rien de sa vie. Son dernier souhait, qu’il avait confié à Blick en juin dernier a été réalisé, en partie. Il rêvait de partager un moment avec Roger Glover, le bassiste de Deep Purple. Heinz Kaiser savait qu’il vivait en Argovie, et avait avoué: «Ma vie aurait été parfaite» s’il avait rencontré le musicien.

Juste avant sa mort, l’homme a reçu une vidéo.: c'était Roger Glover. Sa compagne témoigne: «Roger Glover lui a envoyé un message vidéo avant sa mort pour lui souhaiter le meilleur. Heinz a ainsi pu partir paisiblement après une vie bien remplie.»

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