Venus d'Allemagne
Des néonazis organisent un concert haineux chez des scouts zurichois

Lors d'un concert à Rüti (ZH), la police a interpellé plusieurs extrémistes de droite. La majorité d'entre eux étaient des skinheads allemands du groupe Blood and Honour. Ils ont été mis sous enquête pour racisme et incitation à la haine.
Publié: 26.06.2022 à 07:40 heures
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Dernière mise à jour: 26.06.2022 à 10:32 heures
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Il y a une semaine, des dizaines de néonazis se sont réunis dans cette maisonette de scouts à Rüti (ZH) pour un concert de la haine.
Photo: zvg
Fabian Eberhard

Des dizaines d'extrémistes de droite se sont réunis samedi il y a une semaine pour un concert dans la maison des scouts de la ville de Rüti, dans le canton de Zurich. Ils avaient initialement loué le chalet en se présentant comme de simples randonneurs, dupant ainsi les autorités.

La manifestation devait initialement se dérouler dans le local du Schützenhaus, dans la ville de Kaltbrunn (SG). Mais après avoir reçu des informations des autorités allemandes, la police saint-galloise a pu empêcher la rencontre. Les néonazis se sont donc rabattus sur la commune de Rüti, dans le canton de Zurich, où ils ont réservé la maison des scouts locaux pour leur fête de la haine.

«Sieg Heil» dans la cabane des scouts

Lorsque la police est arrivée sur place, le concert battait son plein. Des enregistrements sonores réalisés par les voisins permettent de se représenter ce qu'il s'est passé dans la cabane des scouts: des hommes hurlant «Sieg Heil» («salut à la victoire», l'un des slogans nazis les plus connus, ndlr), des chants antisémites, des «Juden raus» («Dehors les Juifs») scandés...

Des informations du collectif de recherche Antifa Bern montrent que deux groupes venus d'Allemagne étaient effectivement présents pendant le rassemblement: Oidoxie de Dortmund, et F.I.E.L. de Mecklembourg-Poméranie occidentale. Tous deux font partie du réseau néonazi militant Blood and Honour, et tous deux diffusent des textes racistes pleins de haine et de violence. La plupart des participants à la fête étaient également issus de l'écosystème de ce réseau de promotion de musique néo-nazi, notamment des cadres seniors.

Les chiffres de la police cantonale de Zurich, que Blick a pu consulter, montrent que la majorité des participants au concert étaient venus de l'étranger. Au total, la police a recensé 53 personnes à Rüti, dont 34 ressortissants allemands, 17 Suisses ainsi qu'une personne française et une venue d'Hongrie.

Pas un hasard

Le fait que les néonazis allemands viennent faire la fête chez nous n'est pas un hasard. Ce milieu a un réseau international, et la Suisse lui sert de refuge. L'énorme concert néonazi d'Unterwasser (SG) reste un mauvais souvenir. En octobre 2016, près de 6000 extrémistes de droite, venus de toute l'Europe, se sont réunis dans la halle de tennis de cette ville.

Le contrat de location de la salle avait été signé par un néonazi allemand. Son lieu de résidence à l'époque était justement Rüti (ZH). En 2019, les enquêteurs ont trouvé dans son appartement un fusil d'assaut, un pistolet mitrailleur et 2000 cartouches. Il a depuis été expulsé du pays.

Des lois suisses trop laxistes?

En Allemagne, le groupe Blood and Honour est officiellement interdit. Tout comme le salut hitlérien et les symboles nazis. Les lois suisses sont quant à elles plus laxistes sur à ce sujet.

Dans notre pays, il n'existe aucune interdiction des groupes d'extrême droite, ni des symboles correspondants. Même le salut hitlérien est autorisé, selon la situation. Il n'est punissable que si son auteur fait ouvertement la promotion du national-socialisme, et manifeste le désir de rallier d'autres personnes à son idéologie. Une personne qui ne ferait que manifester ses convictions ne pourra pas être poursuivi en Suisse.

La police a-t-elle donc laissé la sauterie néonazie de Rüti suivre son cours? Une chose est sûre: il y aura des suites judiciaires. Florian Frei, porte-parole de la police cantonale zurichoise, a confirmé à Blick que des enquêtes étaient en cours. «Les faits de discrimination et d'incitation à la haine sont également examinés.»

En effet, il est probable que certains spectateurs aient enfreint la norme pénale en termes de racisme. Alma Wiecken, directrice de la Commission fédérale contre le racisme, déclare: «'Dehors les Juifs' est en principe contraire à la norme pénale contre le racisme lorsqu'il est prononcé publiquement. Un groupe de population est ainsi rabaissé et discriminé». Le cas est en revanche moins clair en ce qui concerne le slogan, également braillé, «Dehors les étrangers».

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