Javier Milei joue la provoc' à Davos
«Le féminisme est un danger pour notre espèce!»

Lors de sa deuxième apparition au WEF jeudi matin, le président argentin n'a pas fait de cadeau au féminisme. L'économiste, qui a remis son pays sur les rails grâce à une cure radicale, est le nouvel enfant terrible de Davos.
Publié: 15:55 heures
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Javier Milei est l'enfant terrible du WEF.
Photo: keystone-sda.ch
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Samuel Schumacher

Javier Milei est l'épine dans le pied du WEF. Le président argentin, qui a remis son pays sur la voie du succès économique au cours de sa première année de mandat grâce à une cure radicale d'austérité et de lutte contre la corruption, rend le Forum économique mondial coresponsable du «cancer de la gauchitude» qui ronge les universités (qu'il nomme «centres d'endoctrinement»), les écoles, les entreprises et des gouvernements entiers.

«Féminisme radical, diversité, idéologie du genre: ce sont toutes les têtes du même monstre qui met en danger notre civilisation, voire la pérennité de notre espèce», a lancé Javier Milei dans la salle. «Les hommes et les femmes sont déjà égaux devant la loi aujourd'hui. Les quotas de femmes et autres mesures similaires ne sont rien d'autre qu'une tentative de se créer des privilèges.»

Déjà lors de son intervention l'année dernière au WEF, peu après son élection à la présidence, Javier Milei avait causé une onde de choc à travers le public de Davos, habitué aux centaines de panels et d'événements aux débats bien sentis et à des formules diplomatiques, mais rarement à de la provocation.

Elon Musk et la majorité silencieuse

Or, c'est précisément ce que Javier Milei fournit (pour le plus grand plaisir de ses partisans, certes moins nombreux au WEF, mais qui ont marqué leur présence avec leurs casquettes «Make Argentina Great Again»). La migration, un phénomène nécessaire dont des pays comme les Etats-Unis et l'Argentine ont largement profité, n'est aujourd'hui plus favorisée par des considérations économiques, mais seulement autorisée par mauvaise conscience. «Les nombreux crimes commis par les migrants partout dans le monde sont coresponsables du suicide social qui nous guette», s'est emporté Javier Milei.

Il y a un an, il se sentait encore seul à porter ses opinions. Mais aujourd'hui, des alliés comme son «très bon ami» Elon Musk, Giorgia Meloni, Viktor Orban ou Donald Trump le soutiennent. «Nous allons libérer la société de ses chaînes woke. Nous rendrons l'Occident great again! La majorité silencieuse est derrière nous.»

La responsable du WEF ne peut pas s'empêcher de critiquer

Javier Milei devient dangereux lorsqu'il intègre des théories du complot évidentes dans ses réflexions. A Davos, il a par exemple affirmé que les élections présidentielles roumaines, que la Cour suprême a fait annuler en raison de campagnes d'influence russes avérées, étaient dues à la «justice de la gauche en colère». C'est aussi faux que dangereux.

Borge Brende, CEO du WEF, s'est montré visiblement fier de la venue de l'invité vedette controversé, auquel il avait rendu visite l'année dernière en Argentine avec 50 représentants de l'économie. Mais après le discours du président, silence dans la salle, pas d'ovation et beaucoup de la perplexité. Ambiance.

L'intervention de Marisol Argueta de Barillas, ancienne ministre des Affaires étrangères du Salvador et actuelle responsable de l'Amérique latine au Forum économique mondial, a presque eu un effet correctif. Peu après le discours de Milei, elle a pris le micro et a rappelé au public que Davos était un «lieu de libre parole». Une manière diplomatique de dire: «Sainte Marie, ne croyez pas tout ce que dit cet homme».

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