Indépendamment du canal de diffusion
Une aide uniforme accordée à tous les médias privés est demandée

La Commission fédérale des médias (COFEM) propose un changement de paradigme dans l'aide aux médias. Celle-ci doit être accordée à tous les médias privés de manière uniforme, indépendamment du canal de diffusion, préconise le groupe d'experts dans un rapport mardi.
Publié: 10.01.2023 à 11:47 heures
Aujourd'hui, l'aide suisse à la presse passe notamment par une réduction des tarifs postaux pour la distribution des journaux dans les boîtes aux lettres des abonnés.
Photo: KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER

Un peu moins d'une année après le rejet par le peuple d'un vaste paquet d'aide aux médias, la COFEM recommande un système d'aide «technologiquement neutre». Un modèle qui traite de la même manière toutes les offres de contenus, qu'elles soient imprimées, diffusées en streaming, proposées sous forme de texte, de vidéo ou d'audio.

Le système actuel repose notamment sur la réduction des tarifs postaux pour la distribution des journaux et une quote-part de la redevance pour certaines radios et TV régionales, qui doivent remplir en échange un mandat de service public. Il n'y a en revanche aucune aide de ce genre pour les offres journalistiques en ligne et pour la presse imprimée.

Sans réforme, ces instruments risquent de perdre de leur efficacité, affirme la COFEM. L'approche actuelle, cloisonnée, ne correspond en effet plus à l'évolution technique ni aux changements sociaux et économiques. Aujourd'hui, n'importe quel contenu peut être diffusé sur n'importe quel canal.

Le soutien «reste indispensable»

Un soutien à la presse reste indispensable, selon le groupe d'experts. Dans un pays fédéral et plurilingue comme la Suisse, la démocratie directe ne peut fonctionner qu'avec une information diversifiée. Celle-ci est cependant menacée en raison des difficultés financières que traverse le secteur.

«Les entreprises de médias doivent pouvoir décider librement du mode de diffusion qu'elles jugent le plus adéquat pour atteindre la population», affirme le rapport.

L'aide aux médias privés pourrait passer, par exemple, par une prise en charge minimale des coûts d'exploitation de tous les types de médias, pour autant qu'ils s'adressent à un large public et qu'ils respectent l'autorégulation de la branche.

Vu les réalités du marché, il serait judicieux de concevoir une aide dégressive, afin de soutenir de manière plus importante les plus petits médias, précise le rapport.

La COFEM admet qu'un tel changement de système ne pourra se faire qu'à moyen terme et qu'il nécessitera des mesures transitoires. Elle est toutefois convaincue que ce modèle «incitera fortement les médias privés existants à investir dans une offre en ligne attrayante à se développer en fonction des besoins des utilisateurs».

La COFEM préconise aussi une série de mesures générales, dont certaines faisaient déjà partie du train de mesures balayé le 13 février dernier en votation populaire.

Formations proposées

Ainsi, elle propose de soutenir la formation des journalistes, alors que les ressources restreintes empêchent de nombreux médias d'envoyer des journalistes suivre des cours. La COFEM pense qu'il vaut notamment la peine d'encourager les programmes des écoles comme le Centre de formation au journalisme et aux médias (CFJM) à Lausanne.

Il s'agit en particulier de renforcer les «compétences thématiques» des journalistes, par exemple dans les domaines de la culture ou de la science. Pour des raisons de coûts, les rédactions renoncent souvent à engager du personnel dans ces domaines, constate l'étude.

Mais il faut aussi améliorer les connaissances des rédactions dans des domaines pas strictement journalistiques, comme les études d'audience ou l'expérience utilisateur.

Autre mesure ayant fait les frais du vote du 13 février, la COFEM remet sur la table le soutien au Conseil suisse de la presse (CSP). Mais pour assurer l'indépendance de l'organe d'autorégulation de la branche, les subventions ne doivent être que subsidiaires, le fonctionnement devant être assuré avant tout par le secteur lui-même.

Les experts défendent aussi le principe d'un soutien à une agence de presse nationale indépendante en trois langues. Ils relèvent l'importance de Keystone-ATS, qui met à disposition des médias une «offre de base fiable, neutre et actuelle», en prenant en compte tous les cantons, «un élément crucial dans un pays fédéral».

Une pression économique avec des conséquences

Là aussi, les experts soulignent que l'agence doit être soutenue par l'ensemble de la branche, alors qu'ils portent un «jugement critique sur le recul de la couverture de l'information, engendré par la pression économique, au cours des dernières années».

La commission d'experts préconise aussi de soutenir l'innovation, afin de favoriser l'éclosion de nouveaux médias ou d'accompagner des projets de médias déjà existants. Elle plaide notamment pour un échange plus étroit entre l'industrie des médias et les hautes écoles.

Pour la COFEM, l'aide à la presse devrait intervenir en dehors de toute influence politique. L'attribution des soutiens pourrait être gérée par une fondation, une autorité de régulation indépendante de l'Etat ou un comité consultatif, suggère la COFEM, une commission d'experts extraparlementaire créée en 2012 par le Conseil fédéral.

(ATS)

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