Il ne devrait même plus être sur notre territoire. Emran K.*, 35 ans, a disparu dans la nature. Impossible de savoir où se trouve ce violeur d'enfants afghan condamné. L'Allemagne avait expulsé cet ouvrier du bâtiment vers la Suisse, car il y était entré illégalement depuis notre pays. Une solution d'urgence.
Le criminel avait déjà été renvoyé une fois, mais il était revenu. Après la prise de pouvoir des talibans, ni Berlin ni Berne n'expulsent les demandeurs d'asile déboutés vers l'Afghanistan.
Fuir l'office des migrations en Crocs
Le fait que des réfugiés sans papiers valables disparaissent tout simplement n'est pas un cas isolé. En 2018 déjà, le Secrétariat d'État aux migrations (SEM) s'est retrouvé sous le feu des critiques après que la Commission de gestion du Conseil national (CdG) a découvert qu'on ne savait pas ce qu'il advenait de 45% des déboutés. «La gestion des données du SEM est inefficace, sujette à des erreurs et d'une utilité limitée», avait déclaré la CdG dans son rapport.
Le cas d'Amin T.*, originaire de Tunisie, le prouve. Sa demande d'asile avait déjà été rejetée en 2014. Malgré cela, il est resté en Suisse et a commis plusieurs délits. Finalement, il a été jugé à Olten (SO) où il a écopé d'une expulsion de huit ans. Les autorités ne savent pas où il se trouve actuellement. Fait cocasse: Amin T. a pu s'enfuir en Crocs à sa sortie du véhicule de détention devant l'office des migrations à Aarau, à la barbe et au nez d'un agent de Securitas. Depuis, la police recherche l'homme à l'aide d'une photo. Sans succès jusqu'à présent.
Des délits à répétition
Moestafa K.* s'est lui aussi joué de nos autorités. Également sans papiers et avec une demande refusée, il est resté en Suisse, alors qu'il aurait dû se trouver dans son pays d'origine, le Maroc, depuis 2016. Le problème: Moestafa K., comme de nombreux autres réfugiés, n'avait plus de documents d'identité. Le Maroc aurait dû l'identifier avant de l'autoriser à entrer sur son territoire, mais ne l'a pas fait. Il est donc resté. Il a commis des vols et s'en est pris à des policiers en Suisse. Aujourd'hui, Moestafa K. reste introuvable.
Le sort de Dawit, originaire d'Érythrée, est différent. Lui aussi a reçu un refus à sa demande d'asile, mais n'a pas pu être expulsé, son pays n'acceptant pas les compatriotes qui ne rentrent pas volontairement chez eux. Juridiquement, il n'existait pas. Il a reçu une aide d'urgence: huit francs par jour, juste assez pour survivre. L'objectif: lui rendre la vie ici désagréable et faire en sorte que la Suisse ait à payer le moins cher possible. La stratégie a fonctionné. Dawit a quitté la Suisse et a trouvé un nouveau foyer en Allemagne.
* Noms modifiés