En voilà un procès embarrassant. Si bien que le tribunal de district de Horgen dans le canton de Zurich a interdit le public d'y assister. Seuls les chroniqueurs judiciaires accrédités sont acceptés.
Qu'est-ce qui peut être aussi malaisant pour en arriver à un tel jugement à huis clos? Une intervention d'urgence pour un accident avec un sextoy – par exemple. Ce vendredi, trois pompiers comparaissent devant la justice pour une intervention vieille de sept ans. En cause: la documentation photographique de l'intervention intime.
Remontons quelques années en arrière. Nous sommes le 11 juin 2017. Ce soir-là, un homme se fait admettre à l'hôpital de Zurich. L'homme, aujourd'hui âgé de 37 ans, n'arrive plus à retirer un anneau pénien – un sextoy pour pénis. Le personnel médical, dépassé par cette situation inédite, appelle donc les pompiers en renfort, selon les informations de l'acte d'accusation du ministère public zurichois.
Les pompiers prennent une photo à des fins de formation
Deux pompiers du centre de renfort de Horgen arrivent sur place – mais ne disposent pas non plus du matériel nécessaire. Ils font alors appel aux professionnels de l'organisation zurichoise Schutz und Rettung, qui s'y connaissent en matière d'interventions délicates. Les équipes prennent alors en charge le patient et apportent l'équipement nécessaire.
L'intervention était une véritable urgence. Pour rappel, un anneau pénien comprime les veines par lesquelles le sang est évacué. En cas de troubles de l'érection, cet accessoire peut donner un coup de pouce. Mais attention: si la taille de l'anneau est trop petite, il ne peut plus être retiré en cas de forte érection, écrit le portail de santé allemand Zava. Ce dernier conseille vivement de consulter rapidement un médecin dans ce cas, sous peine de troubles de la circulation sanguine.
Revenons à nos moutons. À leur arrivée, les pompiers prennent donc en charge le patient. Mais avant de s'atteler au désamorçage, l'un des hommes immortalise le cas – à des fins de formations internes, selon nos sources.
Violation du domaine secret et privé
Aujourd'hui, ce cliché leur vaut de comparaître devant la justice. L'accusation leur reproche d'avoir immortalisé la scène par un support photographique. La partie civile affirme que les accusés auraient dû savoir qu'ils n'étaient pas autorisés à le faire. De plus, ils n'auraient pas eu l'autorisation du patient pour le faire. Une condamnation pour violation du domaine secret et privé par des appareils d'enregistrement est demandée.
Le ministère public de Limmattal et Albis demande, tout comme la défense, un acquittement. On ne sait pas encore si la partie civile se présentera au tribunal ce vendredi. Contactés par Blick, les accusés n'ont pas souhaité s'exprimer avant l'audience.