Les architectes en chef de l'EPFL épinglent leur présidence. Dans un mail envoyé aux étudiants et aux membres de la section Architecture le 8 mai au matin, Pier Vittorio Aureli et Dieter Dietz dénoncent les mesures prises par leur direction générale, face à l'occupation pacifique du hall de leur bâtiment par un collectif pro-Palestine la veille.
Dans la missive, qui nous est parvenue, les deux chercheurs commencent par faire part de leur «profonde inquiétude à propos de ce qui s'est passé hier (et la semaine dernière) sur le campus.» À savoir, la mise en place de «mesures de sécurité disproportionnées» face à l'occupation, comme «la fermeture d'un bâtiment public», qu'est le SG, «avec des chaînes sur les portes». Les deux signataires déplorent aussi le fait que cet événement a été qualifié d'«illégitime» par les dirigeants de l'école polytechnique.
Pour rappel, après de longues négociations avec la direction de l'EPFL, le collectif pro-Palestine a fini par libérer le hall central du bâtiment vers 17h30. Sous le couperet de l'arrivée des forces de l'ordre, qui étaient prêtes à intervenir dans le cas où les participants auraient en tête de passer la nuit sur place — à l'image du collectif qui occupe depuis sept jours un bâtiment de l'Université de Lausanne (UNIL). Des discussions seraient en cours avec la direction.
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«Le droit de protester»
Les deux hommes, l'un directeur de la section, l'autre de l'Institut d'Architecture, ont également critiqué la suspension par l'institution de l'association féministe Polyquity. Une mesure prise en réponse à la mise en place par l'assos' d'une conférence de l'écrivaine et académicienne pro-Palestine Paola Salwan Daher, le 30 avril. L'EPFL, interpellée par un groupe d'étudiants juifs pro-israéliens, aurait jugé ses propos «haineux et menaçants» envers les communautés israéliennes.
Une suspension que les deux directeurs disent avoir appris «avec inquiétude»: «nous sommes profondément préoccupés par la décision de l'EPFL». Et les académiciens de préciser: «Nous croyons fermement que l'université est un lieu où le droit de protester et de critiquer pacifiquement devrait être protégé et soutenu par le dialogue, et non par des suspensions ou des menaces de recours à la force policière».
Pier Vittorio Aureli et Dieter Dietz affirment qu'ils ont été jusqu'à envoyer «un courriel à la présidence de l'EPFL à ce sujet». Concrètement, ils demandent «la réouverture immédiate et inconditionnelle des locaux du SG», bâtiment où s'est tenue l'occupation de mardi, «en tant que bâtiment public». Car «toute forme de préoccupation et de protestation concernant le massacre de civils en cours (ndlr: à Gaza) doit être abordée par l'EPFL de manière appropriée.»