Il tue sa femme et son enfant
L'accusé de la tuerie de Payerne de 2018 n'explique pas son geste

Accusé du double assassinat de sa femme et de son fils, un Portugais a fait face lundi à la justice vaudoise à Renens. Le quinquagénaire, qui avait criblé de trente balles ses victimes à Payerne en 2018, ne s'explique pas cette «barbarie».
Publié: 16.08.2021 à 21:23 heures
Un policier vaudois bloque une route avec sa voiture proche du lieu de la fusillade, le 25 avril 2018 à Payerne.
Photo: Keystone
ATSC

L'ancien maçon a nié s'être rendu en début de soirée du 25 avril 2018 dans l'appartement de sa femme, dont il vivait séparé, avec l'intention de la tuer. Il a raconté qu’il voulait simplement lui parler et régler certains «désaccords».

Malgré l'insistance et un certain énervement du président du tribunal Donovan Tesaury, l'accusé n'est pas parvenu à expliquer pourquoi, ce soir-là, il s'était rendu chez sa femme avec un pistolet chargé ainsi qu'un second magasin. «Une arme me rassurait», a-t-il dit.

S'exprimant d'une voix à peine audible en portugais - ses propos sont traduits par une interprète -, il s'est aussi montré confus au moment de décrire le déroulement des faits. D'après sa version, cela serait son fils aîné de 18 ans qui, en voulant s'emparer du pistolet, aurait déclenché le premier tir.

La suite, le prévenu a déclaré ne pas s'en souvenir. Il ne se rappelle pas avoir vidé un premier chargeur sur sa femme, changé de magasin et tiré plusieurs nouvelles balles dans la tête de son ancienne compagne. De même, il ne se revoit pas rattraper son fils pour l'achever dans la cage d'escalier, où il tentait de s'enfuir après avoir reçu la première balle.

«Tout cela n'a duré que quelques secondes. Je ne m'en souviens pas et je fais en sorte de ne pas m'en souvenir», a-t-il indiqué.

Contredit par son fils cadet

Tenant des propos contradictoires, revenant sur ses déclarations de l'enquête, le prévenu a suscité plusieurs fois l'agacement du président du tribunal. «Arrêtez de marmonner ! Si vous avez des choses à dire, c'est le moment ou jamais», l'a sermonné le magistrat.

Dépeint comme un mari jaloux et violent dans l'acte d'accusation, le Portugais a quasiment tout nié. Tout juste a-t-il reconnu des disputes et des insultes, mais il a dit être «sûr à 100%» de n'avoir jamais frappé et menacé de mort sa femme.

Ses affirmations ont été contredites lundi par son fils cadet. Le jeune homme de 19 ans, qui était absent de l'appartement lorsque son grand frère et sa mère ont été tués, a répété au tribunal ce qu'il avait déjà raconté aux enquêteurs. A savoir qu'il a vu plusieurs fois son père cogner sa mère et la menacer.

«Mon fils a une mauvaise image de la réalité», a rétorqué son père. Il a aussi tenté de se défendre en disant que c'était sa femme qui était jalouse, et qu'il était régulièrement dénigré par son épouse.

Enfance malheureuse

Sollicitées par la défense, les deux sœurs du prévenu sont venues témoigner. Elles ont décrit l'enfance sordide de l'accusé, qui était régulièrement tabassé et humilié par son père et ses grands frères durant ses premières années de vie au Portugal. «Nous sommes issus d'une famille qui ne parle pas, mais qui tape», a relevé l'une des sœurs.

Revenant notamment sur «l'agressivité verbale» qui régnait au sein du couple, cette témoin a souligné que, d'une certaine manière, elle n'avait pas été «étonnée», même si elle ne s'attendait pas à un tel excès de violence. «J'ai toujours eu peur qu'il n'arrive quelque chose dans cette famille», a-t-elle reconnu.

Prévenu d'assassinat

Le procès se poursuit mardi avec les plaidoiries à la salle cantonale d'audience de Renens, où le Tribunal criminel du Nord vaudois et de la Broye s'est délocalisé pour l'occasion.

Pour ce double homicide - le terme féminicide ne figure pas dans le code pénal -, la procureure Elodie Pasquier a retenu l'assassinat, mais aussi les lésions corporelles simples qualifiées, les menaces qualifiées et l'infraction à la loi fédérale sur les armes.

Si les juges confirment l'accusation d'assassinat, le prévenu risque la prison à vie, en tout cas 10 ans au minimum.

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