Il n'est jamais trop tard pour changer d'avis
La bataille contre les discriminations salariales sévit à droite

Une majorité du Parlement a jusqu'à présent résisté aux sanctions liées à la discrimination salariale à l'encontre des femmes. Aujourd'hui, une nouvelle réflexion est en cours, qui se déplace de la gauche vers la droite.
Publié: 20.06.2021 à 14:28 heures
Le conseiller national du Centre Lorenz Hess en a assez des «tigres de papier administratifs sans effet réel sur la structure salariale».
Photo: keystone-sda.ch
Simon Marti

Le principe «à travail égal, salaire égal» est fermement ancré dans la Constitution fédérale. Mais il n'est pas toujours mis en pratique.

L'Office fédéral de la statistique a récemment évalué la différence de salaire moyenne entre les hommes et les femmes à 19 %. Seule la moitié environ de cette différence peut être expliquée par des facteurs tels que l'éducation ou l'expérience professionnelle.

Ce grief suscite un ressentiment croissant: lundi, jour de la grève des femmes, une centaine de milliers de personnes ont défilé dans les villes, dénonçant notamment l'écart salarial.

Créer enfin des instruments efficaces

Le conseiller national bernois du Centre Lorenz Hess partage cette critique et demande dans une motion que le Conseil fédéral adopte des sanctions concrètes pour punir les entreprises fautives. Aujourd'hui, les grandes entreprises sont uniquement tenues d'analyser leur structure salariale et, si nécessaire, de la justifier dans un rapport. Avec des conséquences réelles? Que nenni.

«Ce que nous connaissons aujourd'hui, ce sont des tigres de papier administratifs sans effet réel sur la structure salariale», a constaté Lorenz Hess. Si les entreprises étaient condamnées à une amende, la situation serait différente: «Il n'est pas question ici de ponctionner les entreprise. Mais celles qui contreviennent à la loi doivent faire face à des conséquences tangibles pour qu'elles adaptent réellement leur comportement.» Selon lui, le Conseil fédéral doit enfin créer des instruments efficaces pour éradiquer les inégalités. Il s'agit ici de rien de moins que la mise en œuvre du mandat constitutionnel.

Le soutien bouge de gauche à droite

Des demandes similaires de la part de la gauche n'ont jamais vraiment eu de chance jusqu'à présent. Mais ce soutien bouge de gauche à droite: Céline Amaudruz (UDC/GE) a signé la motion, tout comme Doris Fiala (PLR/ZH), Barbara Gysi (PS/SG) et Aline Trede (Verts/BE). «Je ne connais aucune étude qui ne prouve pas de différence de salaire entre les hommes et les femmes, mais il continuera certainement à y avoir des messieurs du camp bourgeois pour nier ces résultats», prédit Hess.

Quatre ans après l'échec dans les urnes de la dernière grande réforme de la prévoyance vieillesse, Berne adopte une nouvelle approche. Afin de stabiliser l'AVS, le Parlement a décidé, lors de la session d'été, de relever l'âge de la retraite des femmes à 65 ans. En outre, le fait de ne pas tenir compte de l'écart salarial compromet massivement ce projet si la réforme doit être soumise au peuple dans un avenir proche.

Un sentiment de déjà-vu

«Je suis un sinistré de l'AVS, pour ainsi dire», dit Hess. «En 2017, le PBD et le PDC se sont battus ensemble avec le PS pour la réforme des retraites. Nous avons perdu.» Aujourd'hui, il éprouve un étrange sentiment de déjà-vu au Parlement: «On connaît la chanson. Nous portons l'âge de la retraite des femmes à 65 ans et jurons que nous allons nous engager dans une grande réforme. Et à la prochaine occasion, chacun se retire dans sa tranchée.»

L'échec de la prochaine réforme des retraites est un «danger très réel», selon Lorenz Hess, et un argument important pour la rejeter est l'âge de la retraite des femmes. «Beaucoup de femmes dans mon entourage sont d'accord sur le principe de travailler plus longtemps. Mais seulement si nous mettons enfin l'accent sur l'égalité des salaires», dit Hess.

«Il reste à voir si le Centre va changer de position»

La conseillère nationale socialiste zurichoise Min Li Marti soutient également ce projet. Il y a moins d'un an, le Conseil national a coulé sa motion, qui demandait déjà des amendes en cas d'inégalité salariale.

Marti déclare: «Il reste à voir si le Centre va effectivement changer de position maintenant. Mon initiative parlementaire, qui demandait des sanctions avait été clairement rejetée par leur groupe.» Elle que «si cette réforme conduit à une remise en question, je m'en réjouis et j'accepte toute amélioration, quel que soit le motif qui la sous-tend.»

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