Il doit sauver nos rentes
Comment un élu PLR alémanique s'est mis dans le pétrin

Le libéral-radical Josef Dittli porte à lui tout seul, ou presque, un modèle de réforme des caisses de pension. Comment l'Uranais s'est mis dans le pétrin et pourquoi le Valais est le grand gagnant de ce mardi: vous apprendrez tout dans notre journal de session.
Publié: 14.06.2022 à 18:45 heures
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Dernière mise à jour: 14.06.2022 à 19:24 heures
On a beaucoup discuté au Parlement, ce mardi 14 juin.
Photo: DR
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

Depuis le début de session, ces journaux quotidiens sont surtout l'occasion de mettre en avant l'une ou l'autre anecdote du Palais fédéral, pour apporter un peu de respiration dans une actualité touffue. Mais les gros dossiers s'enchaînent sous la Coupole aussi vite que sur le bureau d'Alain Berset (lire le No 4)! Et si la grève des femmes a beau se tailler la part belle dans l'actualité de ce 14 juin, je laisse mes collègues concernées s'en charger. Voici six autres informations qu'il faut retenir de ce mardi de session!

1. Josef Dittli, l'homme qui valait 12 milliards

Il y a une Dittli au Conseil d'État vaudois, mais il y en a aussi un au Conseil national. Dittli, Josef de son prénom, a un rôle louable mais peu enviable dans le cadre de la réforme de nos caisses de pension. L'Uranais, membre du PLR, a voulu prendre le taureau par les cornes et a proposé son propre modèle pour compenser la baisse du taux de conversion.

Je sais, c'est difficile, mais en résumé: une génération (donc 20 classes d'âge) doit recevoir un supplément de rente allant jusqu'à 200 francs par mois. Ce modèle s'est imposé dans la commission compétente. Problème: la version Dittli est bien plus chère que prévu — 25,2 milliards de francs, selon les calculs de l'administration, contre 9,1 milliards pour la version beaucoup plus pingre réalisée par le Conseil national. Résultat des courses, Josef Dittli s'est fait des ennemis dans son propre camp.

Faut-il miser sur la version Dittli, qui risque de ne pas plaire aux bourgeois, ou privilégier la version du National qui risque fort d'échouer devant le peuple? Au final, c'est une troisième voie qui se dessine: un compromis tout helvétique (cela faisait longtemps!) avec un projet de Josef Dittli revu à la baisse, à hauteur de 12 milliards. Le salut viendra-t-il de l'Uranais, mercredi sous la Coupole? Après tout, l'homme atteint l'âge de la retraite (65 ans) et son homonyme zougoise a montré que les Dittli pouvaient bâtir des ponts. À lui de jouer!

Josef Dittli (à gauche, ici en discussion avec le Centriste zougois Peter Hegglin): l'homme qui vaut 12 milliards.
Photo: Alessandro Della Valle

2. Le climat vole (un peu) la vedette aux femmes

Il est question d'avenir à long terme en ce 14 juin: les retraites des femmes, les caisses de pension, mais aussi le climat. Mardi matin, les militants de l'«initiative glaciers» se sont levés aux aurores pour un jogging. Une métaphore pour expliquer aux élus que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt (même s'ils sont peu nombreux).

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Ce qui devait être un sprint sera une course de fond: la décision du National sur le contre-projet indirect à l'initiative a été reportée. «Nous continuerons à suivre le débat avec attention demain», ont tweeté les militants de l'initiative glaciers. Davantage que Roger Nordmann?

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En tout cas, et pour le grand bonheur de son initiant (si vous n'avez pas compris qui était Marcel Hänggi), les défenseurs du climat ont remporté plusieurs victoires d'étape ce mardi: l'UDC a tenté de s'opposer à l'entrée en matière, en vain.

3. Le ministre de l'Intérieur peut souffler...

Blanchi comme un sommet alpin, Alain Berset! Tous les sites d'information se sont fait écho de la nouvelle à l'échéance de l'embargo, à 14h: «Rien ne peut être reproché au Fribourgeois dans le cadre de la tentative de chantage à son encontre en 2019.» Ainsi en ont décidé les Commissions de gestion (CdG) des deux Chambres fédérales, sur la base de tous les documents de l'enquête.

Reste une question: le dossier était-il complet? C'est le «Tages-Anzeiger» qui a lancé ce nouveau pavé dans la mare du conseiller fédéral ce mardi: des e-mails importants (donc à charge) auraient été supprimés par le Département de l'intérieur. La vigilance reste de mise, donc.

4. ...mais il n'a pas vraiment le temps

Je vous en parlais en début de semaine: le programme de session déborde, surtout au Conseil des États, au point qu'il est difficile de penser que tout le travail pourra être effectué avec succès dans les temps. Cette image capturée par le correspondant à Berne de la radio RTS est un bon indice en ce sens.

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5. Les Valaisans, les grands gagnants (ou pas)

Grand exploit: j'ai trouvé moins «sexy» que les retraites dans les sujets à évoquer aujourd'hui. La péréquation financière, ça vous parle? Si ce n'est pas le cas, il s'agit du mécanisme de redistribution entre les entités (à l'échelle fédérale, les cantons, mais il existe aussi une péréquation communale). Si vous voulez tout savoir en détails, le site de la Confédération est de très bonne facture.

Et donc, pourquoi la péréquation financière au menu du jour? Parce que les nouveaux chiffres sont sortis, et deux cantons romands sont sur le podium: Valais (2e avec 840 millions) et Fribourg (3e avec 590 millions) sont ceux qui recevront le plus d'argent, derrière Berne et son milliard (1,036 pour être précis) de francs. Douze cantons reçoivent, et dix cotisent.

Par habitant, les Valaisans ont la palme: ils vont recevoir 2408 francs par tête de pipe. Ce qui semble une bonne nouvelle n'en est pas forcément une, du moins du point de vue économique — cela veut dire que le canton est pauvre en ressources et doit être aidé par les autres.

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Les Genevois sont fous: ils essaient de vous expliquer la péréquation financière en moins de trois minutes. Mais force est de constater que l'exercice est plutôt réussi.

6. La revanche d'Armin

Vous vous souvenez d'Armin Capaul? Cet agriculteur du Jura bernois avait réalisé un petit exploit, voici quatre ans. Tout seul, il avait provoqué une votation populaire en récoltant suffisamment de paraphes pour faire voter les Suisses sur les vaches à corne.

Armin Capaul a la corne dure. Comme ses bêtes.
Photo: Keystone

Le texte avait échoué avec un score très honorable (plus de 45%), mais le septuagénaire avait refusé de baisser les bras (et les cornes). Armin Capaul a remis le couvert au Parlement et s'est trouvé un allié de taille en la personne du sénateur socialiste Roberto Zanetti.

Le Soleurois a déposé une motion pour l'octroi d'un «franc des cornes»: permettre aux agriculteurs d'obtenir davantage de paiements directs s'ils n'écornent pas leurs vaches et autres animaux. La Chambre basse a ainsi suivi sa commission consultative, qui avait recommandé l'adoption de la motion par 8 voix contre 4.

Le paysan de 71 ans, est de retour dans l'arène médiatique.
Photo: Keystone

À mercredi pour de nouvelles (petites) infos fédérales, et pour le dénouement sur les gros dossiers!

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