L'affaire de chantage prend une nouvelle tournure
Le département de Berset aurait supprimé des e-mails sensibles

Alors que les conclusions des commissions parlementaires autour de «l'affaire Alain Berset» sont attendues ce mardi, de nouvelles révélations interviennent: le département de l'Intérieur aurait supprimé des e-mails relatifs au dossier.
Publié: 14.06.2022 à 11:13 heures
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Dernière mise à jour: 14.06.2022 à 12:01 heures
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Des mails ont disparu dans l'affaire d'une tentative de chantage contre le conseiller fédéral Alain Berset.
Photo: keystone-sda.ch
Lea Hartmann

En novembre 2019, Berset a été victime d'une tentative de chantage de la part d'une ancienne maîtresse. Par courriel, elle l'a menacé de rendre publiques des informations qui lui seraient préjudiciables, s'il ne lui versait pas 100'000 francs. En annexe, elle a joint des photos privées et des correspondances entre elle et le conseiller fédéral. La femme a été condamnée à une peine pécuniaire avec sursis et à une amende pour tentative de chantage (et non chantage). Comme elle n'a pas mis ses menaces à exécution, elle s'en est tirée avec une ordonnance pénale.

Pour Alain Berset, cette affaire a une suite au Parlement: les commissions de gestion (CdG) du National et des États ont ouvert une enquête, l'automne dernier. Elles doivent notamment répondre aux questions suivantes: le ministre de l'Intérieur a-t-il utilisé de l'argent public pour régler une affaire privée (le chantage dont il faisait l'objet)? A-t-il bénéficié d'un traitement de faveur? Les conclusions de l'enquête sont attendues ce mardi.

Le DFI a tout essayé pour s'opposer

Pour régler cette affaire, Alain Berset avait fait appel à l'époque à son état-major au sein du Département de l'intérieur (DFI). Son secrétaire général d'alors, Lukas Bruhin, est entré en contact avec la maître-chanteuse et a tenté de la dissuader de son projet. C'est ce ressortait de l'enquête de la «Weltwoche», qui avait révélé cette affaire sulfureuse sur la base d'e-mails que l'hebdomadaire s'est procurés.

Or, de nouvelles révélations interviennent ce mardi: le département de l'Intérieur lui-même a détruit certains échanges de mails sensibles, assure le «Tages-Anzeiger». Le journal a demandé, en vertu de la loi sur la transparence, à consulter tous les documents dont dispose l'administration fédérale concernant cette affaire de chantage. Or, selon le média zurichois, le département de l'intérieur a, dans le cadre de cette procédure, reconnu avoir effacé certains e-mails lorsque Lukas Bruhin a quitté le DFI.

Dans un premier temps, le service juridique du DFI a fait bloc, refusant la demande de consultation au motif que les documents faisaient partie d'une procédure pénale. Ce qui n'est toutefois pas une raison pour refuser la remise des dossiers à la presse, la procédure pénale étant déjà terminée depuis longtemps au moment de la demande. Le département d'Alain Berset a alors tenté de retarder encore la publication en mentionnant l'enquête en cours de la CdG.

Certains mails réapparaissent

Débouté par le préposé fédéral à la protection des données Adrian Lobsiger, le DFI a alors annoncé qu'il ne pouvait fournir aucune pièce, les courriels de l'ancien secrétaire général ayant été effacés après son départ ou seraient introuvables. Une suppression réalisée selon les normes habituelles, assure le DFI: l'archivage a été effectué «conformément aux prescriptions légales».

Le département n'a toutefois pas répondu aux questions à ce propos, écrit le «Tages-Anzeiger». De manière surprenante, certains courriels, apparemment moins délicats, ont refait surface à la suite des demandes. De quels documents disposaient les Commissions de gestion pour examiner les reproches à l'encontre d'Alain Berset? C'est la question centrale qui se pose désormais dans ce dossier.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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