La semaine dernière, une atmosphère de renouveau régnait à Berne. Le ministre de l’Economie, Guy Parmelin, a présenté un ensemble de mesures visant à garantir la protection des salaires en Suisse. Cela a marqué un tournant dans la lutte pour les nouveaux accords avec l’Union européenne.
Jusqu’alors, syndicats et associations économiques avaient passé des mois à négocier tout en s’échangeant des piques en public. Avec l’adhésion des syndicats, la voie semblait dégagée pour une large alliance en faveur de l’Europe: tous contre l’UDC. Les Vert.e.s exultaient déjà: «La voie est libre pour les bilatérales», ont-ils écrit.
En revanche, le PLR, parti prônant une économie libérale, n’a pas montré un grand enthousiasme. Son secrétariat général a publié un règlement linguistique interne, que Blick a pu consulter. On y lit notamment: «Le PLR évaluera les nouveaux accords avec l’UE, y compris les mesures d’accompagnement de politique intérieure, lorsqu’ils seront disponibles. Ce qui est déterminant pour cette évaluation, c’est que les avantages pour la population et les entreprises l’emportent.» Le message est clair: prudence.
Cela a suscité le mécontentement du ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis. Alors que même les associations économiques étaient parvenues à un accord, la communication du PLR a pris un ton plus réservé. Selon les informations disponibles, Ignazio Cassis s'est plaint par e-mail auprès du chef du parti, Thierry Burkart, et du président du groupe parlementaire, Damien Cottier. Il s’est dit déçu de la position adoptée par son propre parti.
Cette réaction montre à quel point le chef du DFAE est sous pression. Son plus grand succès politique est à portée de main, mais c'est désormais son propre parti qui risque de l'abandonner. Ni Damien Cottier ni Thierry Burkart ne souhaitent commenter la situation. Interrogé à ce sujet, le Département fédéral des Affaires étrangères a simplement déclaré: «Le conseiller fédéral échange régulièrement avec la direction du PLR. Nous ne nous prononçons toutefois pas sur le contenu de ces discussions.»
Un parti divisé
L'intervention d'Ignazio Cassis n’est que le dernier épisode de la lutte du PLR pour définir sa position sur le dossier européen. Ce n’est qu’à l’assemblée des délégués en octobre que le parti prendra officiellement position sur le nouveau traité. D’ici là, un conseil de douze personnes devra élaborer une ligne commune acceptable pour tous – six d’entre elles sont critiques à l’égard des nouveaux accords, tandis que les six autres les soutiennent.
Cette mission s’annonce donc presque impossible, tant le parti est profondément divisé. En principe, ses membres ont reçu pour consigne de s’abstenir de toute déclaration publique au nom du PLR. Pourtant, certains n’ont pas hésité à exposer au grand jour les tensions internes qui couvent.
Dernièrement, le conseiller national PLR Christian Wasserfallen a fait parler de lui en prenant position dans le SonntagsZeitung. Il a vivement critiqué les mesures de protection des salaires: «Je suis clairement contre ces mesures déguisées sous le prétexte de la protection des salaires», a-t-il déclaré. Selon lui, le Conseil fédéral, Economiesuisse et l’Union patronale suisse se sont pliés aux exigences des syndicats. «C’est ce qui arrive quand on doit, pour le meilleur et pour le pire, embarquer la gauche dans son bateau», a-t-il ajouté.
Simon Michel contre Christian Wasserfallen
Cela n’a pas plu à son opposant, le conseiller national et entrepreneur d’Ypsomed, Simon Michel. Il est considéré comme un fervent défenseur des nouveaux accords et, lui aussi, exprime régulièrement ses opinions dans les médias. Cette fois, il s’en est directement pris à son collègue de parti. Selon lui, employeurs et syndicats ont mené des dizaines de cycles de négociations, et leur union constitue une réussite majeure. «Je trouve maladroit que Christian Wasserfallen critique ces accords si peu de temps après leur conclusion, d’autant plus que leur contenu n’est pas encore connu, déclare Simon Michel. Si les associations professionnelles et économiques donnent leur feu vert, le résultat ne peut pas être aussi mauvais qu’il le prétend.»
Un détail pique: les deux rivaux ont des liens privés. La compagne de Christian Wasserfallen, Alexandra Thalhammer, est en effet la collaboratrice personnelle de Simon Michel. Consultante senior chez Furrerhugi, elle l’assiste sur les aspects stratégiques et organisationnels dans le cadre d’un mandat de 40 à 50%.
D’autres figures influentes du parti ont également peu apprécié les critiques de Christian Wasserfallen après l’étape clé de la protection des salaires. En privé, plusieurs expriment leur mécontentement face à cette prise de position. L’intéressé, cependant, reste imperturbable: «Une atmosphère tendue fait parfois partie du jeu, surtout sur un sujet où les opinions divergent», réagit-il. Thierry Burkart, président du parti, et Damien Cottier, chef du groupe parlementaire, réussiront-ils à rassembler les différentes factions du PLR autour d’une position commune d’ici octobre? L’issue reste incertaine.