Hypothèques, épargne, loyers...
Ce que signifie la décision de la BNS sur le taux directeur, en 12 questions

Jeudi, la Banque nationale suisse (BNS) a mis fin à l'ère des taux d'intérêt négatifs. Blick vous propose un tour d'horizon de ce que signifie cette hausse des taux directeurs pour les locataires, les propriétaires ou ceux qui épargnent.
Publié: 23.09.2022 à 06:09 heures
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Dernière mise à jour: 23.09.2022 à 07:59 heures
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La Banque nationale suisse a décidé jeudi d'augmenter son taux directeur à 0,5%.
Photo: keystone-sda.ch
Dorothea Vollenweider, Martin Schmidt

La Banque nationale suisse (BNS) a mis fin ce jeudi à l'ère des taux d'intérêt négatifs qui durait depuis plus de sept ans. L'institut d'émission a relevé le taux directeur à 0,5%. Que signifie cette décision pour les consommatrices et les consommateurs, ainsi que pour les ménages en Suisse? Blick fait le point en quelques questions.

Quel effet pour les propriétaires ayant une hypothèque à taux fixe?

«Pour les propriétaires d'un logement avec une hypothèque à taux fixe, il n'y a aucune raison de paniquer», déclare Donato Scognamiglio, chef de la société de conseil immobilier Iazi. Car pour eux, rien ne change pour le moment. Les effets de la décision de la BNS ne se feront sentir que lorsqu'ils devront contracter une nouvelle hypothèque. Les taux d'intérêt des hypothèques à taux fixe ont déjà fortement augmenté depuis le début de l'année. Actuellement, le taux d'intérêt se situe entre 2,65 et 3,1%.

L'hypothèque Saron était jusqu'à présent une alternative avantageuse. Cela va-t-il changer?

«Pour les propriétaires qui possèdent une hypothèque Saron, la décision de la BNS n'est pas une bonne nouvelle», poursuit Donato Scognamiglio. En effet, un hypothèque de ce type se base sur le taux directeur. Celui-ci est passé de moins 0,25% à plus 0,5%. Cela signifie que le taux d'intérêt Saron va également augmenter, peut-être même fortement. Selon l'expert immobilier, il faut ajouter à cela la marge de la banque, d'environ 0,7%.

Le Saron va donc faire un méchant bond en avant, et cela dans l'immédiat, assure Donato Scognamiglio. Il s'attend à ce que le taux d'intérêt atteigne 1,3 à 1,5%, ce qui sera évidemment perceptible pour les propriétaires.

Faut-il s'attendre à une nouvelle hausse des taux d'intérêt hypothécaires?

«Nous devons partir du principe qu'il y aura d'autres hausses de taux», prévient l'expert. Selon lui, il est possible que l'hypothèque Saron grimpe même à 2% dans les six à douze prochains mois. Cela rendrait les hypothèques à taux fixe à nouveau plus attractives. Si de nombreux acheteurs de maisons se précipitaient alors sur celles-ci, elles deviendraient plus chères à leur tour.

Il faut ajouter à cela une forte augmentation des charges. Les prix du mazout, du gaz et de l'électricité ne cessent de grimper. «Les frais annexes deviennent en réalité des frais principaux, explique Donato Scognamiglio. C'est pourquoi je conseille aux propriétaires de mettre de l'argent de côté dès maintenant et de rembourser leurs dettes.»

Que signifie cette décision pour les locataires?

Les locataires ressentiront également cette hausse des taux d'intérêt, avec un certain retard toutefois. Les loyers vont augmenter. Mais seulement lorsque le taux d'intérêt de référence sera lui-même relevé.

Le taux d'intérêt de référence est la moyenne de tous les taux d'intérêt hypothécaires. Si le taux de référence augmente de 0,25%, les locataires devront payer d'un seul coup 3% de loyer en plus. «Je m'attends à ce que ce soit le cas l'année prochaine», avance Donato Scognamiglio.

Les propriétaires doivent-ils trembler pour leur maison?

«Il est clair que la décision de la BNS est une mauvaise nouvelle pour les propriétaires», affirme sans détour l'expert. Pour ceux qui, en plus de la hausse des taux d'intérêt, seront confrontés à un défi sur le plan privé, comme un divorce ou une perte d'emploi, la situation risque de particulièrement se tendre: «Il est alors possible que l'on ne puisse soudainement plus se permettre une hypothèque qui était abordable jusque-là.»

Le marché immobilier suisse va-t-il continuer son envolée?

L'expert en immobilier ne s'attend pas à un crash. Mais la hausse des taux d'intérêt devrait mettre fin pour le moment à l'envolée du marché immobilier suisse. «Les pics des prix immobiliers appartiennent au passé», assure-t-il.

A partir de quand les propriétaires ne pourront-ils plus se permettre de payer leur hypothèque?

«Il n'est pas exclu que les taux d'intérêt hypothécaires atteignent 3 à 4% l'année prochaine», avertit Donato Scognamiglio. Une catastrophe annoncée? Ce bond aurait en tout cas des conséquences fâcheuses pour de nombreux propriétaires.

A partir de 3%, la situation deviendrait compliquée en termes d'hypothèques. Passé un tel seuil, un cinquième des propriétaires ne pourraient plus se permettre de payer leur maison, selon le rapport de la BNS sur la stabilité financière.

Ceux qui épargnent en auront-ils enfin pour leur argent?

L'époque des pénibles taux d'intérêt négatifs est révolue. Mais la Banque cantonale bernoise par exemple, PostFinance ou la Banque cantonale de Zurich suppriment les intérêts négatifs sur leurs comptes, tout en continuant à renoncer aux intérêts positifs. Les banques WIR et Valiant, quant à elles, ont supprimé les taux d'intérêt négatifs dès le mois de juin et continuent à augmenter les taux d'intérêt. Un compte d'épargne chez WIR rapportera 0,15% d'intérêt à partir de décembre. Chez Valiant, ce sera 0,25% dès novembre.

La Banque cantonale grisonne augmentera également le taux d'intérêt de certains comptes à 0,25% à partir d'octobre. Mais ce n'est pas tout. «Il y aura de plus en plus de différences de taux d'intérêt entre les comptes d'épargne et les comptes privés, comme c'était le cas auparavant», explique Andreas Dietrich, professeur à l'Institut des services financiers de la Haute école de Lucerne.

Les banques vont-elles désormais se battre pour attirer ceux qui désirent épargner?

Ce n'est qu'une question de temps avant que les banques ne proposent à nouveau des taux d'intérêt positifs. Une lutte pour attirer les personnes qui souhaitent épargner ne devrait toutefois guère éclater en raison de la seule hausse des taux directeurs, poursuit Andreas Dietrich: «Pour les banques, de nombreux autres facteurs entrent en ligne de compte pour les intérêts sur les avoirs des clients, comme les risques de taux d'intérêt et la composition de leur propre bilan.» De plus, les Suisses seraient frileux à l'idée de changer de banque pour de petites différences de taux d'intérêt.

Les vacances à l'étranger seront-elles moins chères?

Après la décision de la Banque nationale, le franc suisse s'est légèrement déprécié, à la surprise générale. Un euro coûte désormais 0,967 franc. A moyen terme, l'augmentation des taux d'intérêt devrait cependant renforcer le franc et donc rendre les prochaines vacances de ski plus chères pour les clients venant de l'étranger par exemple. Parallèlement, les Suisses pourront voyager à l'étranger à moindre coût.

L'augmentation du taux directeur risque-t-elle de provoquer un ralentissement économique?

Pour certaines entreprises, les carnets de commande sont encore pleins jusqu'à la fin de l'année prochaine. La Banque cantonale de Saint-Gall part du principe que l'économie suisse connaîtra une croissance de 2% en 2022, mais qu'elle ralentira l'année prochaine. «Le relèvement des taux d'intérêt par la Banque nationale renforce un tel ralentissement de la conjoncture. Elle rend les crédits plus chers et a également un effet psychologique. Les gens deviennent plus réticents à consommer», explique Caroline Hilb, responsable de la stratégie de placement et de l'analyse à la Banque cantonale saint-galloise.

Le chômage va-t-il augmenter?

Actuellement, une hausse du chômage n'est pas à craindre. Les entreprises sont toujours à la recherche de personnel qualifié. Si la conjoncture s'affaiblissait, le nombre de chômeurs pourrait alors légèrement augmenter, affirme Caroline Hilb. «Mais les entreprises savent à quel point il a été difficile de trouver à nouveau du personnel après la pandémie. C'est pourquoi elles réfléchiront à deux fois avant de licencier quelqu'un», estime-t-elle.

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