Après avoir connu un pic en 2022, les interdictions d'entrée en Suisse sont revenues à la normale, selon l'Office fédéral de la police (fedpol) dans son rapport annuel, dont il a fait état jeudi sur X. Le nombre de menaces a lui baissé mais leur contenu reste préoccupant.
En 2023, fedpol a interdit l'entrée en Suisse à 173 étrangers, contre 312 l'année précédente. Le terrorisme en a été la cause dans 81 cas et l'espionnage dans 75 cas. Les interdictions d'entrée n'ont pas réellement diminué, elles sont simplement revenues à leur niveau «normal». L'année 2022 avait connu un pic en raison du début de la guerre en Ukraine.
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Huit expulsions pour terrorisme ou criminalité
En matière d'expulsions, huit ont été prononcées en 2023, de moitié pour terrorisme et de moitié pour criminalité organisée. Cela représente cinq expulsions de plus qu’en 2022. Trois ont déjà été exécutées.
Depuis juin 2022, la loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme est en vigueur. Depuis, six demandes ont été faites, dont cinq en 2023, par le Service de renseignement de la Confédération comme par les autorités cantonales.
Fedpol peut notamment prononcer une obligation de se présenter et de participer à des entretiens, une interdiction de contact, une interdiction géographique, ou encore mettre en place une surveillance électronique. Le but de ces mesures est de protéger la population des terroristes potentiels.
Pédocriminalité surveillée
Avec la levée des mesures anti-Covid, fedpol a enregistré moins de signalements de menaces (290) que les trois années précédentes (pic à 1215 en 2021). Leur nombre reste toutefois à un niveau élevé par rapport à la période précédant la crise sanitaire (246 en 2019).
Le contenu des menaces est toujours préoccupant et le ton demeure particulièrement virulent. Des thèmes polarisants, en lien avec la politique en Suisse et dans le monde, donnent lieu à de vives discussions, en particulier sur les réseaux sociaux. Des mesures telles que des entretiens préventifs, des lettres de recadrage ou des dénonciations pénales, ont été prises dans 62 cas.
Fedpol surveille également les pédocriminels dans l'espace virtuel, alors que les enfants et les adolescents y passent de plus en plus de temps. Les plateformes Internet et les médias sociaux sont tenus d'annoncer tout contenu pornographique au National Center for Missing & Exploited Children (NCMEC).
Algorithmes toujours plus précis
En cas de lien avec la Suisse, le NCMEC transmet les communications de soupçons à fedpol. En 2023, l'office a reçu 14'420 communications, des chiffres en augmentation depuis 2021. Bien que la hausse soit en partie due aux algorithmes toujours plus précis pour découvrir le matériel, la quantité de contenus pornographiques interdits est effectivement en hausse sur Internet.
Des contenus sont publiés et envoyés par les enfants et adolescents eux-mêmes. A leur âge, ils n’ont souvent pas conscience de la portée potentiellement pénale de leurs actes et du risque d'abus, note fedpol. Lorsqu'il reçoit une communication, il vérifie si le contenu est pénalement répréhensible. Si tel est le cas, il transmet un rapport au canton concerné, qui décide s'il faut ouvrir une procédure pénale ou non. En 2023, il a transmis 1895 rapports.
Le hooliganisme se stabilise
Fedpol est en charge encore du dossier du hooliganisme. Il gère le système HOOGAN, qui recense par exemple le nombre de personnes sous le coup d'une interdiction de matches de hockey ou de football. Les personnes restent enregistrées durant trois ans après l’échéance de la dernière mesure. Elles sont ensuite effacées.
En 2023, 1017 personnes étaient saisies dans le système. Parmi elles, 519 étaient frappées de mesures actives. Près de 290 ont été effacées l'an dernier. Depuis 2019, le nombre de personnes frappées de mesures actives a diminué, tout comme le nombre de mesures prononcées, comme les interdictions de stade et les interdictions de périmètre.
Cela s’explique notamment par la période du Covid-19: les matches se sont déroulés sans ou avec un nombre très réduit de spectateurs, ce qui a fait baisser le nombre d'incidents violents. Au cours de la saison 2022/2023, 1153 matches de football et de hockey sur glace ont été évalués, et 94 d'entre eux ont été classés «rouges» en raison d’événements violents avec une gravité particulière.
(ATS)