Le conseiller fédéral Beat Jans est en fonction depuis cent jours – et ses résolutions sur l'asile tiennent déjà en haleine amis et ennemis. Blick l'a rencontré jeudi dans une ferme jurassienne appartenant à ses amis. Beat Jans, l'ancienne terreur des paysans, passe ses vacances à garder les vaches. Lors de l'entretien, le magistrat se montre très ouvert, même si un jour après, il refusera de répondre aux questions concernant l'appel à l'aide des associations érythréennes.
Beat Jans, qu'est-ce qui est le plus facile: tenir les vaches en respect ou tenir la direction de son propre parti?
(Rires.) Dans les deux cas, le meilleur moyen est de se rencontrer avec respect.
«Ensemble, c'est mieux», telle est votre devise. Cela ne semble pas encore être le cas à la présidence du PS. Cette semaine, Cédric Wermuth et Mattea Meyer ont critiqué dans les journaux le nouveau durcissement de la politique d'asile.
On ne peut pas parler d'un durcissement de la politique d'asile. Les procédures en 24 heures entraînent une accélération. Nous les appliquons aux personnes qui arrivent chez nous en provenance de pays où le taux de protection est très bas, notamment d'Afrique du Nord. Ces personnes demandent des lits, elles doivent être prises en charge alors qu'elles n'ont aucune chance d'obtenir l'asile. Nous savons également que le taux de délinquance des personnes originaires de ces pays est plus élevé que celui des autres. La stratégie est donc la suivante: libérer des ressources pour être prêts à faire face à une éventuelle augmentation des demandes à l'automne; nous voulons en même temps veiller à ce que la criminalité diminue.
Ces procédures ultra-rapides ne risquent-elles pas d'entraîner un examen moins minutieux?
Ces procédures n'ont aucune influence sur la décision d'accorder ou non l'asile à une personne. Jusqu'à présent, il y a eu onze recours contre des décisions du SEM, le Tribunal administratif fédéral les a tous rejetés. Nous respectons le droit d'asile, ce qui implique que chacun ait droit à une procédure équitable. C'est très important pour moi.
Votre démarche a marqué des points auprès de l'UDC, ce qui n'empêche pas son chef de groupe, Thomas Aeschi, de vous qualifier de «ministre de l'annonce».
Je prends ces critiques au sérieux, quel que soit mon camp. Je prends des décisions dès qu'elles sont mûres. La procédure de 24 heures est une mesure qui fonctionne. Il ne s'agit pas pour moi de faire des annonces, mais de présenter des solutions qui promettent un succès. C'est la différence avec l'UDC, qui pose des exigences, mais ne fait pas de propositions valables sur la manière d'aborder les problèmes.
L'UDC a déposé la semaine dernière son initiative pour le développement durable, qui vise à empêcher une Suisse à 10 millions d'habitants.
Comment l'initiative doit-elle être concrètement mise en œuvre? L'UDC ne fournit aucune réponse. Les contrôles systématiques aux frontières qu'elle demande n'ont pas conduit à une diminution des franchissements illégaux de la frontière allemande. Je suis d'accord avec l'UDC pour dire que l'immigration doit être maîtrisable. C'est pourquoi nous allons discuter au sein du Conseil fédéral de l'opportunité d'un contre-projet à l'initiative pour le développement durable.
Comment doit-il être conçu?
Les problèmes liés à l'immigration doivent être abordés. Par exemple, l'aggravation de la pénurie de logements dans les villes ou la forte pression sur les infrastructures. Nous travaillons déjà à une meilleure utilisation du potentiel de main-d'œuvre en Suisse.
Ce contre-projet comportera-t-il un plafond?
J'aime beaucoup habiter dans le quartier Matthäus à Bâle, l'une des zones les plus densément peuplées. La croissance démographique peut créer des problèmes, mais je n'en ai pas peur. Les limites ne sont pas une solution. On ne peut pas ouvrir le robinet et espérer qu'il y aura moins d'eau. Si l'on crée d'excellentes conditions pour les entreprises, il faut s'attendre à ce qu'elles soient plus nombreuses à s'installer chez nous – et avec elles, plus de main-d'œuvre.
Quoi qu'il en soit, l'initiative de l'UDC est bien accueillie par la population.
Encore une fois: le moteur de l'immigration en Suisse est le travail, pas la fuite. Notre marché du travail est énormément interconnecté au niveau international et dépend déjà fortement de la main-d'œuvre étrangère, que ce soit sur les chantiers, dans les hôpitaux ou même dans l'agriculture. C'est la raison pour laquelle la population augmente en Suisse comme ailleurs en Europe.
En Ukraine, la paix n'est pas pour demain. Dans la «NZZ», vous avez laissé entendre que vous vouliez transformer le statut de protection S en permis de séjour. Les réfugiés ukrainiens devraient-ils alors rester pour toujours?
Tout le monde serait énormément soulagé si la guerre prenait fin. Les Ukrainiens en premier lieu, qui pourraient alors retourner dans leur pays. Malheureusement, une solution rapide n'est pas en vue. C'est pourquoi toute l'Europe doit réfléchir à la manière de gérer ce statut à l'avenir. N'oubliez pas que d'autres pays d'Europe ont accueilli bien plus de personnes ayant besoin de protection que la Suisse.
Mais dans ces pays, le taux d'emploi des Ukrainiens est également plus élevé que chez nous. Comment incitez-vous les entreprises à embaucher davantage de personnes ayant fui leur pays?
D'ici à la fin de l'année, nous voulons faire passer le taux actuel de 24% à 40%. Une réflexion serait par exemple de savoir s'il ne serait pas judicieux d'accorder une autorisation de séjour aux personnes ayant un contrat de travail après un certain temps.
Les migrants se battent entre eux, les jeunes Suisses s'arment de couteaux en sortant, les hooligans sont hors de contrôle. La Suisse a-t-elle un problème de violence?
Cette évolution m'inquiète, surtout chez les jeunes. La société dans son ensemble doit prendre des mesures pour y remédier. En même temps, je considère que mon rôle est de ne pas tirer la sonnette d'alarme à tout-va. Je veux aller vers la population avec une attitude positive: Trouvons des solutions ensemble!