Durcissement de la politique d'asile
La dernière annonce de Beat Jans est fortement critiquée par son propre parti

Le nouveau conseiller fédéral Beat Jans veut serrer la vis sur l'asile. Et cela ne passe pas du tout auprès de son propre parti. Le droit d'asile ne doit pas être remis en question selon certains grands noms du PS comme Mattea Meyer et Cédric Wermuth.
Publié: 04.04.2024 à 19:59 heures
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Beat Jans est bien arrivé au Conseil fédéral.
Photo: Keystone
Ballmer Daniel

Tant ses sympathisants que ses opposants ont dû se frotter les yeux. Le nouveau conseiller fédéral socialiste Beat Jans a annoncé un durcissement de la politique d'asile. Il veut ainsi agir plus durement contre les demandeurs d'asile criminels dans toute la Suisse et réduire le nombre de demandes d'asile vouées à l'échec. «Ce n'est pas une politique de gauche que de fermer les yeux sur les problèmes», a-t-il déclaré. Un message clair pour ses camarades, qui ont froncé le nez, piqués au vif.

Lors de son bilan des «100 jours de mandat» mardi, il a réaffirmé sa volonté de maintenir le cap. La procédure de 24 heures pour les personnes en provenance de pays où le taux de reconnaissance est faible, comme la Tunisie ou le Maroc, doit être étendue à toute la Suisse. Sans perspective d'asile, ils ne devraient même pas arriver en Suisse.

«Le droit d'asile ne doit pas être remis en question»

Cette annonce ne passe pas, même au sein de son parti. La coprésidence du PS, composée de Mattea Meyer et Cédric Wermuth, ne cache pas son mécontentement. «Le droit d'asile ne doit pas être remis en question», explique Cédric Wermuth dans une interview au «Tages-Anzeiger». Chacun a le droit de déposer une demande qui sera examinée sérieusement.

La gauche a déjà tenté à plusieurs reprises de faire mieux accepter les personnes en fuite en se montrant plus sévère dans les décisions d'asile. «Cela ne fonctionne pas», déclare-t-il au sujet de la stratégie du conseiller fédéral Beat Jans. Selon lui, elle a pour seul résultat de conforter les idées de la droite politique. Il s'agit donc d'un autogoal classique de la social-démocratie, que les dirigeants du PS reprochent à leur conseiller fédéral. «Nous avons ici une différence stratégique avec Beat», constate Cédric Wermuth.

Selon Cédric Wermuth, les durcissements n'apportent rien

Au cours des dernières décennies, la majorité de droite a durci maintes fois la loi sur l'asile, toujours contre l'opposition du PS, poursuit Cédric Wermuth. «Aucun durcissement n'a eu d'influence sur le nombre de personnes qui cherchent protection», dit-il en mettant en doute les projets de Beat Jans en matière d'asile. On le voit aussi récemment avec l'exemple de l'Ukraine.

D'un autre côté, les dirigeants du PS ne semblent pas prêts à répondre aux questions sur les inconvénients de la migration. On peut évoquer par exemple les dernières statistiques sur la criminalité, qui montrent une hausse des cambriolages, dont le profil type des auteurs serait souvent lié à l'immigration. «Pour les personnes qui deviennent criminelles, nous avons le droit pénal», se contente de dire Mattea Meyer.

Mais on peut aussi se demander pourquoi les gens veulent quitter leur pays: «Tant que la Suisse construira sa prospérité aussi sur l'exploitation des gens du Sud, tant que nous serons prêts à exporter du matériel de guerre vers des pays qui utilisent ces armes contre leur propre population, nous ne devrons pas nous étonner si ces gens viennent ensuite se réfugier chez nous en Suisse.»

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