On peut parler d'un départ en trombe pour Beat Jans, nouveau ministre de l'asile: Selon un sondage électoral réalisé par Tamedia, il serait le conseiller fédéral le plus populaire auprès des Suisses, alors qu'il n'était pas encore en fonction depuis deux mois.
Le Bâlois a gagné des points de sympathie en adoptant d'emblée une ligne nettement plus dure en matière d'asile que sa prédécesseure Elisabeth Baume-Schneider. Le socialiste l'a fait en annonçant l'introduction d'une procédure de 24 heures pour les migrants en provenance de pays comme la Tunisie, l'Algérie et le Maroc. Un essai pilote zurichois avait certes été mis en place par sa collègue de parti, mais Beat Jans voit les choses en grand: «Nous allons continuer à le faire – dans toute la Suisse.»
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Un chef d'orchestre qui doit s'adapter
En tant que membre du gouvernement à la tête du Secrétariat d'État aux migrations (SEM), Beat Jans a rapidement visité des centres fédéraux d'asile, où les voisins disaient se sentir en insécurité en raison de l'augmentation des cambriolages. Sur place, il a serré des mains, écouté et s'est montré prêt à envisager des procédures d'asile plus rapides et des renvois plus conséquents vers des pays tiers. «Ceux qui pensent que la politique de gauche consiste à fermer les yeux sur les problèmes se trompent», a-t-il déclaré après à peine 50 jours de fonction. Quant aux criminels étrangers, il compte épuiser toutes les mesures de droit pénal et de droit des étrangers «jusqu'à la détention administrative ou la détention en vue de l'expulsion» afin d'empêcher ces personnes de commettre d'autres délits, précise le tout nouveau ministre de la Justice.
Mais son intervention en tant que ministre de l'asile n'a pas été sa seule occasion de se faire remarquer. En parallèle, Beat Jans a tenu à se montrer proche des parlementaires. Reste à savoir s'il continuera à s'accorder avec ses collègues du Palais fédéral. En tant que batteur dans l'orchestre bernois, il parvient en tout cas à donner le rythme.
«Indigne de la gauche»
Justement, la cadence indiquée par Beat Jans sonne comme une douce musique aux oreilles du camp bourgeois – en premier lieu grâce aux durcissements dans le domaine de l'asile. Mais le conseiller fédéral socialiste doit encore faire ses preuves, affirme le nouveau chef de l'UDC chargé de l'asile, le conseiller national Pascal Schmid. «Beat Jans a annoncé beaucoup de choses, je veux maintenant voir des actes», confie-t-il à Blick. Son parti ne lâchera pas prise sur le thème de l'asile: L'UDC veut remettre 220 revendications en matière d'asile au ministre de la Justice.
En évoquant Beat Jans, les cantons se montrent optimistes. On y voit un conseiller fédéral pragmatique. Le Bâlois ne refoule pas les problèmes et ne fait pas preuve d'idéologie dans les commissions, assurent plusieurs parlementaires derrière les épais murs du Palais fédéral.
Alors que les partis de droite sont cléments vis-à-vis du socialiste pour ses 100 premiers jours de mandat, ce sont justement ses camarades qui se plaignent de leur conseiller fédéral. Le président sortant de la JS, Nicola Siegrist, a qualifié les durcissements dans le domaine de l'asile d'«indignes de la gauche». Il a publiquement douté que les droits des requérants d'asile soient garantis dans les procédures d'asile qui se terminent après 24 heures. Le coprésident du PS Cédric Wermuth avait, lui aussi, déclaré à Watson au sujet de la politique d'asile de son propre conseiller fédéral: «Les annonces actuelles m'inquiètent.»
Beat Jans doit trouver des lits
La pression dans son dossier principal, l'asile, ne va guère diminuer à l'avenir. Ne serait-ce que parce que l'UDC continue de mettre de l'huile sur le feu dans ce domaine. Mais les gros titres persistants sur la criminalité autour des centres d'asile ont également rendu la vie difficile à Beat Jans. De plus, le département du Bâlois s'attend à ce qu'en 2024, avec 33'000 demandeurs d'asile, le nombre de réfugiés cherchant protection en Suisse soit encore plus élevé que l'année précédente.
Au cours des prochains mois, Beat Jans devra donc réussir à trouver des lits pour les nouveaux arrivants – sans provoquer de grands mécontentements au sein de la population. Ce qui ne sera pas une mince affaire! Au cours des trois derniers mois, il n'a pas pu expliquer comment il comptait s'acquitter de cette tâche, à laquelle sa prédécesseure avait déjà dû faire face.
Beat Jans avait en outre jusqu'à fin mars pour présenter ses plans d'économies, compte tenu de la situation financière tendue, malgré le nombre élevé de demandeurs d'asile. De plus, les partis bourgeois ne lui donneront guère la main pour allouer davantage de fonds à l'intégration et à l'asile.
Statut de protection S – que faire?
La situation est encore aggravée par le fait que la guerre en Ukraine n'est pas près de se terminer. Il est donc irréaliste d'imaginer que les Ukrainiens arrivés en Suisse rentreront bientôt chez eux. Leur statut de protection S, conçu pour le rapatriement, continuera donc à alimenter les discussions dans les prochains mois – et la question de savoir si les réfugiés de guerre doivent être admis dans la procédure d'asile ordinaire deviendra de plus en plus urgente.
Toutes ces conditions n'aideront pas Beat Jans à rester le membre du Conseil fédéral le plus apprécié des Suisses. Mais justement, les conditions étaient déjà mauvaises lors de son entrée en fonction – et le Bâlois a tout de même réussi à en convaincre plus d'un.