Le maire de Bienne Erich Fehr contredit la direction de son parti: pour lui, la procédure de 24 heures ne constitue pas un durcissement dans le domaine de l'asile. «Beat Jans ne fait ainsi qu'appliquer de manière conséquente le droit d'asile en vigueur.» Selon lui, il fait ce que la population attend de l'exécutif.
Erich Fehr soutient Beas Jans après les attaques des coprésidents du PS Mattea Meyer et Cédric Wermuth, qui ont critiqué ouvertement «leur» conseiller fédéral dans le «Tages Anzeiger» pour sa politique d'asile. En février, après moins de 50 jours de fonction, Beat Jans a planté les premiers jalons d'un changement de cap: le Bâlois a ainsi clairement fait savoir que «fermer les yeux» dans le domaine de l'asile n'était pas une politique de gauche.
Sur Beat Jans
Beat Jans a annoncé l'introduction dans toute la Suisse d'une procédure de 24 heures pour les demandeurs d'asile provenant de certains pays comme la Tunisie ou le Maroc: ici l'objectif est de dissuader ceux qui n'ont aucune chance d'obtenir l'asile d'entrer sur le territoire national. Lors de son bilan des «100 jours de fonction» mardi, il a affirmé vouloir s'en tenir à ce cap.
«Beat Jans fait un bon travail»
Cela ne convient vraisemblablement pas au duo de tête du PS. Cédric Wermuth, le co-président du PS, estime que la gauche a déjà tenté à plusieurs reprises de se montrer plus sévère dans les décisions en matière d'asile. «Cela ne fonctionne pas», a-t-il déclaré au sujet de la stratégie de «son» conseiller fédéral. Pour Cédric Wermuth, une telle stratégie revient à conforter la droite politique dans son action.
Mais cette position est loin d'être partagée par tous ses camarades de parti. Comme Erich Fehr, la conseillère nationale bernoise Andrea Zryd soutient pleinement le magistrat bâlois. «Beat Jans fait du bon travail.» L'élu estime qu'il appréhendait déjà les problèmes de l'asile sous une perspective différente lorsqu'il était conseiller d'Etat. «Maintenant, il est un conseiller fédéral pour tous, pas seulement pour le PS», dit-elle. De ce fait, il doit trouver des solutions avec les différents acteurs, en prenant en compte leurs attitudes et leurs exigences. Un exercice réussi, estime l'élue bernoise: «Il le fait de manière intelligente, courageuse et humaine.»
Pour les personnes qui ont droit à l'asile en Suisse, il cherche des solutions pragmatiques. Là où la Suisse n'a pas d'obligation en raison des bases légales, il reste ferme. Selon Andre Zryd, il est clair que «la situation actuelle est difficile. Les places disponibles ne doivent pas être occupées par des personnes qui n'ont pas droit à l'asile. Et quelqu'un qui est criminel en Suisse et qui n'a pas droit à l'asile doit se voir retirer le droit de rester.»
«Les procédures accélérées ne contredisent pas les valeurs du PS»
Mais pour Andrea Zryd comme pour Erich Fehr, il ne fait aucun doute que le droit d'asile ne doit pas être remis en question. La conseillère nationale PS argovienne Gabriela Suter est du même avis. Il est toutefois tout aussi important que Beat Jans nomme les problèmes – et qu'il trouve des solutions. Pour que les places disponibles profitent à ceux qui ont vraiment besoin de protection.
«Les propositions de Beat Jans sont pragmatiques et orientées vers des solutions.» Et d'ajouter: «Les procédures accélérées et l'augmentation temporaire du personnel dans le domaine de l'asile me semblent être une bonne approche pour désamorcer la situation tendue dans les centres d'asile fédéraux ainsi que dans les communes et les cantons.» Elle ne pense pas que les procédures accélérées soient en contradiction avec les valeurs du PS. Selon elle, il est important que les procédures se déroulent de manière équitable, respectueuse et en présence d'un représentant légal.
La conseillère nationale PS zurichoise Céline Widmer peut comprendre les deux parties. Elle n'est pas d'accord avec tout ce que le ministre socialiste de l'asile propose: «Je suis par exemple sceptique sur les procédures de 24 heures. Je ne pense pas que l'accent mis sur la dissuasion soit efficace.» Elle se demande plutôt pourquoi on n'essaie pas de traiter plus rapidement les demandes d'asile ayant de bonnes chances de succès.
Pas d'accord avec tous les plans de Beat Jans
Malgré tout, elle trouve aussi des mots élogieux pour les plans de Beat Jans. «Il s'attaque au problème, il va de l'avant, il est proche. J'apprécie par exemple l'accent qu'il met sur l'intégration. Car c'est la clé pour traiter avec les personnes exilées», assure Céline Widmer.
Comme elle, de nombreux membres du groupe PS ne sont pas d'accord avec tout ce que fait Beat Jans. Mais ils ne pensent pas non plus qu'il soit juste d'aller à la confrontation comme Mattea Meyer et Cédric Wermuth.