Après avoir pu compter sur la solidarité des lecteurs de Blick, le jeune Jonas Scheidegger a obtenu gain de cause: il ne paiera pas d'amende pour avoir joué du cor des Alpes au bord de l'étang de la Gruère, près de Saignelégier dans le Jura.
Les faits remontent à bientôt un an: en mars 2021, le Biennois se fait interrompre par le garde-chasse de la réserve naturelle dans laquelle il s'adonne à un concert improvisé. Rendu attentif au fait que son activité est interdite, Jonas Scheidegger fait alors taire son cor.
Quelle n'a été sa surprise lorsqu'en décembre de la même année, neuf mois après l'événement, il reçoit une amende de 100 francs avec 71 francs de frais de dossier pour avoir joué de son instrument favori dans la nature. Une amende qu'il a contestée, avant d'obtenir gain de cause.
Aucune interdiction claire
Un an après la réception de son amende, l'ordonnance pénale qui inculpait le Biennois a été suspendue. «C'est un énorme soulagement de savoir que je ne dois pas payer l'amende», confie Jonas Scheidegger à Blick.
C'est d'ailleurs après son premier témoignage dans nos colonnes que le musicien avait reçu de nombreux messages de soutien et d'indignation de la part de nos lecteurs. C'est en partie eux qui ont conforté le Biennois à se défendre: «De nombreuses personnes sont venues me voir et m'ont dit à quel point il était impossible que j'aie reçu cette amende.» D'autant plus que le jeune homme de 22 ans n'était pas conscient qu'il faisait quelque chose d'illégal au moment des faits.
En outre, l'interdiction de faire de la musique n'était pas signalée. «De l'arrachage de plantes au vol de drones en passant par les grillades, d'innombrables interdictions étaient listées. Mais rien n'indiquait qu'il était interdit de faire de la musique», explique Jonas Scheidegger. C'est en partie cette omission qui lui a permis d'avoir gain de cause.
Invité à jouer en Espagne
Le joueur de cor des Alpes est convaincu que l'ordonnance pénale a été abandonnée aussi à cause de la pression de l'opinion publique. Son histoire a fait le tour du pays: «Des gens de toute la Suisse m'ont contacté et voulaient payer l'amende à ma place.» L'UDC bernoise l'a en outre aidé à formuler le texte de son recours.
Mais ce n'est pas tout: il a également reçu des demandes de concerts - et pas seulement en Suisse. «On m'a aussi demandé de me produire en Espagne en octobre, près d'Alicante», raconte Jonas Scheidegger, des étoiles dans les yeux. Qui aurait cru qu'une infraction aurait pu lui permettre de se rapprocher de son rêve: pouvoir vivre un jour de sa pratique du cor des Alpes?
Le musicien veut changer la loi
Bien que l'apprenti de commerce soit très satisfait de l'aboutissement de son recours, l'affaire n'est pas encore tout à fait terminée pour lui: «J'aimerais m'engager pour une modification de la loi afin que le cor des Alpes ne soit pas interdit.»
Jonas Scheidegger balaie la crainte que la musique puisse déranger les animaux. Pour lui, c'est tout l'inverse qui se produit: «Lorsque je joue à la lisière de la forêt, les chevreuils ou les vaches se regroupent souvent autour de moi. Ils aiment tout simplement les sons qui s'en dégagent.» Loin de les déranger, la sonorité du cor des Alpes aurait d'ailleurs davantage tendance à calmer les animaux.
(Adaptation par Louise Maksimovic)