Jonas Scheidegger n’est pas un musicien comme les autres. Le jeune Biennois de 22 ans est un joueur de cor des Alpes enthousiaste, qui apprécie d'utiliser son instrument en pleine nature. Nous vous avons raconté son histoire la semaine dernière: alors qu’il jouait au bord d’un lac jurassien en mars dernier, il a été interpellé par le garde-chasse pour avoir perturbé la faune. «Il a dit que je dérangeais la tranquillité de la réserve naturelle et qu’il devait le signaler», raconte le jeune homme.
Les lecteurs de Blick veulent payer son amende
À la clé, le musicien a reçu une amende de 100 francs — en fait, 171 francs avec les frais de dossier. Ça, ou passer un jour derrière les barreaux. L’étudiant, peu aisé, hésitait alors à faire appel et demandait que la loi soit changée. Mais pour lui, il s’agit surtout d’une question de principe plutôt que d’une affaire d’argent.
Son histoire a depuis fait le tour du pays et a ému les lecteurs de Blick. Depuis la semaine dernière, il a reçu de nombreux témoignages de solidarité… mais pas que. «Une quinzaine de personnes, qui viennent de toute la Suisse, m’ont contacté pour payer l’amende à ma place, se réjouit-il. Je ne m’attendais pas à ce qu’autant de personnes veuillent m’aider. Cela m’a surpris et m’a fait chaud au cœur, j’en suis très reconnaissant.»
La politique s’en mêle
Jonas Scheidegger a pris sa décision: pour faire bouger les choses, il ne va pas payer l’amende et compte défendre ses droits ainsi que ceux des autres joueurs suisses de cor des Alpes. La politique s’en mêle: «La section bernoise de l’UDC m’a contacté et m’a aidé à écrire une opposition, explique-t-il. Je demande au Ministère public jurassien de lever mon amende. Je vais aller poster la lettre aujourd’hui-même.»
Si on ne donne pas suite à sa demande, le musicien est prêt à aller porter l’affaire devant les tribunaux. «Je veux faire modifier la loi», précise-t-il. Il ne comprend pas qu’il soit impossible de pouvoir jouer d’un instrument traditionnel dans la nature et rejette l’argument selon lequel sa musique dérange les animaux sauvages. Au mieux, il accepterait qu’une interdiction de jouer de la musique dans les réserves naturelles existe, si celle-ci était expressément signalée.
Le jeune homme est déterminé et ne perd pas le nord. Il déclare à Blick: «Ceux qui souhaitent me soutenir financièrement peuvent toujours le faire. Si nous allons au tribunal, cela va très rapidement devenir assez cher.»
(Adaptation par Alexandre Cudré)