A la crise sanitaire succède la crise humanitaire dans la halle 35 de Beaulieu. En moins d'une semaine, celle-ci s'est transformée d'un centre de vaccination puis de testing en un centre temporaire d'hébergement des réfugiés en provenance de l'Ukraine en guerre.
«Nous faisons face à une urgence humanitaire et la situation est extrêmement grave sur le plan humain. C'est une crise sans précédent depuis l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968», a déclaré jeudi sur place et devant la presse le conseiller d'Etat Philippe Leuba, la mine grave. Le canton se doit d'être prêt et il est prêt, travaillant d'arrache-pied, a-t-il ajouté en substance.
Un séjour temporaire à Beaulieu
Le ministre de l'économie a rappelé le nombre de 60'000 réfugiés que la Suisse pourrait accueillir selon la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter. Le canton de Vaud pourrait être amené à en accueillir environ 10%, soit quelque 6000 réfugiés, selon Philippe Leuba. Le gouvernement attend jusqu'à 100 arrivées par jour donc 700 par semaine. Il s'agira à 80% de femmes et d'enfants, selon lui.
La structure d'urgence permet d'offrir le gite et le couvert 24h/24 aux personnes en quête de protection arrivant dans le canton le temps de leur trouver une solution d'accueil et d'hébergement de longue durée. Les personnes qui y seront logées ne resteront donc en principe que quelques jours sur le site de Beaulieu.
Mais personne ne sortira du site de Beaulieu avant d’être redirigé sur des lieux d'accueil de longue durée, a précisé le conseiller d'État. Des sites sont d'ailleurs en train d'être organisés sous la conduite de l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM).
L'armée également sollicitée
Trois foyers sont actuellement prêts, dont un à Ollon. Les deux autres seront tout prochainement annoncés par les communes concernées, a expliqué Philippe Leuba. Tous sont chapeautés par l'EVAM. Aucun placement ne se fera en abri PCi souterrain, a-t-il assuré.
Entre dix et quinze emplacements sont actuellement dans le radar, avec chacun potentiellement entre 400 et 500 lits, a indiqué de son côté Erich Dürst, directeur de l'EVAM. «Nous recherchons aussi des solutions via des immeubles libres, des salles ou des terrains avec possibilité de construire du provisoire», a-t-il souligné.
Le directeur de l'EVAM a aussi relevé que 300 personnes d'Ukraine avaient déposé une inscription, dont 63 qui avaient déjà la permis S et 38 qui étaient déjà hébergées pour une longue durée. Mais c'est sans compter tous les réfugiés arrivant sur sol vaudois et qui ne s'annoncent pas, car accueilli par exemple dans leur famille ou chez des privés. A terme, tous devront passer par le centre fédéral de Boudry pour être enregistré et obtenir le permis S.
Le gouvernement vaudois a aussi sollicité l'armée suisse pour du matériel et veut demander au Conseil fédéral la possibilité de mettre à disposition des cantonnements miliaires sur sol vaudois.
Des jouets pour les enfants et un espace de prière
Dans la halle 35, l'immense espace est divisé en deux secteurs: un réfectoire pour boire et manger et la partie couchage avec une vingtaine de box composé de huit à dix lits de camping et autant de chaises avec chacune une lampe de chevet posé dessus.
La halle dispose aussi d'un coin pour les enfants avec des jeux, jouets et une petite télévision. Des tables de ping-pong sont aussi disponibles. Plus loin, les sanitaires, avec douches et WC, ainsi qu'une infirmerie. Un petit coin au calme pour les prières a aussi été aménagé.
Pour l'instant, le site compte 200 lits mais sera amené à s'agrandir. Dix astreints à la Protection civile (PCi) encadrent les réfugiés durant la journée et cinq durant la nuit. À terme, ce nombre augmentera à raison de dix personnes pour 100 réfugiés, selon le commandant de la PCi vaudoise Louis-Henri Delarageaz.
Une trentaine de personnes de la PCi ont mis en place ce centre en quelques jours. La Ville de Lausanne a été activement associée à l'opération.
(ATS)