Peu d'entreprises aiment être associées au prince héritier et premier ministre saoudien Mohammed bin Salman. Lui et son père, le roi Salman ibn Abd al-Aziz, sont régulièrement critiqués par Amnesty International pour leurs violations des droits humains. Leurs pétrodollars sont en revanche très appréciés par de nombreuses entreprises, dont Credit Suisse.
La grande banque suisse prévoit une augmentation de capital de quatre milliards de francs. 1,5 milliard proviennent de la Saudi National Bank, dont la majorité appartient à la famille royale. En échange de leur injection de fonds, les Saoudiens devraient obtenir une part de 9,9% de Credit Suisse. Aujourd'hui déjà, un consortium saoudien détient une part de 5%.
Participation élevée dans un groupe chimique suisse
Credit Suisse est en bonne compagnie. En effet, l'élite saoudienne a déjà fait du shopping en Suisse par le passé. La famille royale souhaite réduire sa dépendance aux revenus pétroliers. D'une part, les dividendes issus des participations doivent y contribuer. D'autre part, les achats d'entreprises permettent au royaume d'accéder à des connaissances importantes qui lui permettront de reconstruire sa propre économie pour l'avenir.
Ainsi, l'entreprise pétrochimique saoudienne Sabic détient 31,5% des parts du groupe chimique Clariant de Bâle-Campagne. Et Sabic est contrôlée par le géant pétrolier saoudien Aramco, qui appartient également à la famille royale saoudienne. Cet été, des rumeurs ont même circulé selon lesquelles les Saoudiens pourraient prendre la majorité chez Clariant.
Des hôtels saoudiens dans les montagnes suisses
La famille royale saoudienne a aussi son mot à dire dans la chaîne de pharmacies suisses Zur Rose. A l'origine, elle était entrée dans le capital avec une part de 6%. Mais entre-temps, cette part est passée sous la barre des 3%, et doit être déclarée. Il n'est donc plus possible de savoir si les Saoudiens détiennent encore une participation dans la chaîne de pharmacies, et à quel niveau. Lors de leur entrée dans le capital, les investisseurs ont communiqué vouloir détenir au moins 2,4% des actions.
Les investisseurs saoudiens sont aussi les bienvenus dans le secteur du tourisme suisse. Ainsi, l'entrepreneur Sami al-Angari a acheté en 2018 le groupe Ferienverein, qui comprend quatre hôtels à Wengen (BE), Sils-Maria (GR), Crans-Montana (VS) et Arosa (GR) ainsi que deux établissements à l'étranger. En 2021, Sami al-Angari les a revendus à un autre acteur international. Mais le groupe Ferienverein ne dévoile pas le nom de ce dernier.