Le coronavirus persiste. L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) signale 1033 nouvelles infections mercredi, dénombre 35 nouvelles hospitalisations et deux nouveaux décès.
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Or, la semaine dernière, on comptait 771 cas le même jour. Comment expliquer cette augmentation? Principalement par le ralentissement de la campagne de vaccination. Cette dernière traîne en longueur: alors qu'en juin, plus de 90'000 personnes se vaccinaient chaque jour, ce nombre est descendu à 23'000 piqûres quotidiennes. Jusqu'à présent, 55% de la population a reçu au moins une dose. C'est trop peu. Dans le classement européen, la Suisse fait partie des mauvais élèves.
L'Espagne et la Grande-Bretagne comme modèles
L'OFSP suppose que les vacances d'été ont ralenti la vaccination. Mais il insiste: le rythme doit s'accélérer à nouveau. Et vite. Des différences culturelles ne peuvent pas expliquer à elles seules l'écart entre la Suisse et les autres pays dans l'avancée de la vaccination. Ainsi, mardi, le président de la task force Martin Ackermann affirme devant les médias vouloir s'inspirer des stratégies adoptées à l'étranger pour inciter la population à adopter la fameuse piqûre. Au Royaume-Uni et en Espagne, les personnes sont par exemple contactées directement pour fixer un rendez-vous de vaccination. Le National Health Service (NHS) britannique rappelle aux citoyens de se faire vacciner par lettre, SMS ou appel téléphonique. Aux États-Unis, le président Joe Biden a quant à lui récemment lancé une campagne de porte-à-porte pour convaincre des avantages d'être vacciné.
La task force fonde de grands espoirs sur les campagnes qui ciblent les non-vaccinées. Au Royaume-Uni et en Espagne, la proportion de personnes des groupes d'âge les plus élevés qui ne sont pas complètement vaccinées est beaucoup plus faible qu'en Suisse – six fois moins grande en moyenne. Le président du groupe de travail Martin Ackermann en est convaincu: «La Suisse pourrait mettre fin à l'épidémie en huit semaines environ si tout le monde se faisait vacciner.»
Scepticisme au niveau fédéral et cantonal
Cependant, les initiatives des scientifiques ne plaisent pas vraiment aux autorités responsables. Le gouvernement se montre carrément dédaigneux. L'OFSP ne disposerait pas des données nécessaires, car ni la Confédération ni les cantons ne tiennent un registre de vaccination. La situation est différente en Grande-Bretagne, met-il en évidence: les citoyens sont enregistrés auprès du service national de santé, ce qui permet de les contacter plus facilement.
Après un échange avec l'OFSP ce mercredi, Michael Jordi, de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS), a d'emblée précisé qu'un tel procédé ne serait certainement pas utilisé en Suisse: «Selon nos informations, il est peu probable que la prise de contact avec les personnes non-vaccinées au moyen d'une quelconque liste soit poursuivie de manière étendue ou intensive». Pour lui, le débat est donc clos.
Un rejet de la part de Berne
Le service de la santé publique du canton de Soleure est d'accord. L'équipe cantonale de lutte contre la pandémie ne dispose d'aucune liste de personnes non-vaccinées, confirme une porte-parole.
Le canton de Berne formule un rejet très clair. «Pour des raisons de protection des données, le contact direct n'est pas envisageable», écrit la direction de la santé. Le Canton n'a pas la possibilité de distinguer ceux qui ont déjà été vaccinés de ceux qui ne l'ont pas été.
Problèmes de protection des données
Adrian Lobsiger, Préposé fédéral à la protection des données, émet lui aussi des réserves. Après tout, l'information selon laquelle une personne n'a pas été vaccinée est sensible: elle mérite une protection spéciale du point de vue de la protection des données. Selon la manière dont elles sont utilisées, ces informations présentent «un potentiel de risque d'exclusion et de stigmatisation qui ne doit pas être sous-estimé», estime-t-il.
L'idée d'une approche personnelle entre également en conflit avec le certificat Covid, affirme le Préposé: le certificat est délibérément conçu pour que personne ne puisse être identifié comme «vacciné» ou «non vacciné».
Les cantons compteraient sur des amendes
Selon une analyse rendue publique mercredi matin par l'OFSP et les cantons, il serait plus efficace de cibler certains groupes de personnes dans la campagne de vaccination et de proposer des offres de vaccination particulières.
Le secrétaire général de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS), Michael Jordi, mentionne par exemple les bus de vaccination, la vaccination sans rendez-vous dans les centres commerciaux ou une plus grande visibilité dans les communautés où la couverture vaccinale est encore faible, lors des matches de football ou de grands événements notamment. «La coopération avec les organisations de communautés de migrants semble également fructueuse», souligne-t-il. A voir si ces idées porteront effectivement leurs fruits dans les prochaines semaines.