La filière officielle de formation des chiens pour la protection des troupeaux Agridea ne parvient pas à suivre la demande sur le territoire national, explique jeudi le service de l'agriculture. Actuellement, le Valais compte cinquante-sept chiens ayant passé les tests d'aptitude édictés par Agridea. Mais il lui en faut davantage.
L'État du Valais a donc décidé de développer son propre programme de test et de légitimation. Mission qu'il a confiée à Arcadia, association suisse pour la sauvegarde du pastoralisme. L'idée est de donner des outils aux éleveurs pour former leurs chiots à la socialisation, explique à Keystone-ATS Justine Jacquemart, qui a fondé Arcadia en 2022.
Différentes races testées
Quarante-trois chiens de différentes races (Saint-Bernard, Kangal, Transmontano ou encore Berger des Carpathes) ont d'ores et déjà passé les tests. La validation consiste à s'assurer de la non-dangerosité des chiens, c'est-à-dire qu'ils protègent les troupeaux tout en étant sociables et tolérants avec des êtres humains de passage comme des randonneurs ou des cyclistes, ajoute celle qui est agricultrice, éleveuse et éducatrice canine.
Le programme de l'État valaisan permet ainsi «d'ouvrir» le gardiennage de troupeaux à davantage de races de chiens, là où Agridea ne travaille qu'avec deux d'entre elles. Plusieurs cantons ont déjà montré leur intérêt pour le concept Arcadia Valais, selon le service de l'Agriculture, notamment le Canton de Vaud.
Reconnaissance attendue
L'Office fédéral de l'environnement doit toutefois encore reconnaitre cette formation. Car pour l'heure, seuls les chiens qui sortent de la filière officielle d'Agridea sont reconnus comme étant des mesures de protection, et donc pris en compte dans les décisions de tir et l'octroi d'un soutien financier en cas d'attaque de loup.
Des discussions sont en cours pour que cette reconnaissance intervienne cette année encore, note Moritz Schwery responsable de la protection des troupeaux au sein du service de l'agriculture. «Les retours de la Confédération sont positifs et la validation semble en bonne voie», relève Justine Jacquemart.
Le Valais souhaiterait aussi que la Confédération intègre dès aujourd'hui les chiens de protection des troupeaux Arcadia Valais sur la carte interactive suisse qui permet à tout un chacun, notamment aux randonneurs, de savoir quels alpages sont protégés de cette manière. De quoi permettre aux différents usagers de la montagne de cohabiter au mieux.
Plus de 2,7 millions investis
Le Valais compte 157 alpages exploités durant l’été par des éleveurs de moutons. Un peu plus de la moitié sont aujourd’hui considérés comme protégeables, précise le canton. Cette année, 2,78 millions de francs seront investis à nouveau dans des mesures de protection, dont 1,13 million par le Canton (200'000 francs de plus que l'an dernier). Le reste est pris en charge par la Confédération.
Parmi les principales mesures figurent aussi la pose de clôtures, la mise en place de parcs de nuit, l’achat de cabanes mobiles, l’engagement de bergers de soutien ou encore le recours à des bénévoles de l'organisation pour la protection des alpages (OPPAL).
Le service valaisan de la chasse, de la pêche et de la faune (SCPF) estime à entre 80 et 90 le nombre de loups sur son territoire, selon les chiffres diffusés ce jeudi. En 2022, le loup a tué 415 animaux de rente (336 en 2021) au cours de 139 attaques. Le Haut-Valais, où les alpages sont souvent jugés «raisonnablement» non protégeables, compte le plus grand nombre d'animaux tués (249).
(ATS)