C’est le dernier point à l’ordre du jour de l’association régionale des paysans, et c’est peut-être aussi la raison pour laquelle toutes les places de la salle polyvalente de Maggia (TI) sont prises en ce dimanche matin de début mars. Outre les thèmes habituels, la question du loup est également à l’ordre du jour. «Sur les 298 attaques annoncées en 2022, 128 se sont produites chez nous», explique Armando Donati.
Le président cantonal de l’Association suisse pour la protection des espaces ruraux contre les grands prédateurs poursuit: «Auparavant, cinq à six paysans étaient concernés par le loup au Tessin, aujourd’hui, ils sont déjà 60. Alors que quatre à cinq animaux étaient signalés ces dernières années, nous avons déjà 20 observations de loups dans les premiers mois de 2023.»
Le prédateur ne menace pas seulement les moutons, les chèvres, les veaux et les ânes. Il rôde également dans les zones habitées. La dernière fois, c’était le mardi 28 février. «Il était un peu plus de 9h30. Un ami était venu me rendre visite chez moi à la ferme. Nous étions à côté de sa voiture quand soudain un loup est arrivé juste devant nous», raconte Pietro Mazzoni, de Lodano (TI). L’animal est passé tranquillement à côté des hommes, raconte ce menuisier de formation en montrant des photos.
De Lodano à Cevio et Bignasco, en passant par Riveo
Siro Schürmann, de Losone (TI), a également observé la bête: «J’étais assis dans le bus. Il était 17h30. Nous passions juste devant Riveo. C’est alors que j’ai vu l’animal courir le long de la rivière.» Peu après, le loup est apparu à Cevio, et s’est approché d’un site d’agrotourisme et d’un enclos de lamas. Il a poursuivi jusqu’à Bignasco. En chemin, il a été filmé par des automobilistes. À Bignasco même, il a traversé le centre du village, le long de la ruelle qui mène au jardin d’enfants et à l’école.
«Il a traversé notre jardin en passant devant le poulailler, raconte Sara Muto, éducatrice et mère de trois enfants (2, 6 et 9 ans). Que faire quand un loup se présente soudain devant vous? C’est dangereux, surtout pour les enfants qui sont plus petits que l’animal.» À 20h, le loup est à nouveau photographié sur la route près de Menzonio.
Serait-ce un hybride?
Pour Germano Mattei, politicien de l’association Montagna Viva, les images ne montrent pas un loup pur souche: «Il n’a pas peur des hommes. Il s’agit peut-être d’un hybride.» C’est aussi l’avis du dresseur de chiens Siro Schürmann. «Je connais le comportement des chiens, j’ai pu observer une meute de loups dans la région frontalière française, où j’entraînais des chiens de traîneau. Cet animal a un comportement atypique pour un loup», glisse-t-il. Selon lui, certains de ses traits physiques pointent également dans cette direction: la queue en forme de faucille et les oreilles pointues.
Un hybride est un croisement entre un loup et un chien. S'il est issu de la première génération, il est appelé hybride F1. La plupart du temps, l'accouplement se fait entre une louve et un chien mâle. En effet, la louve n'est en chaleur qu'au printemps et le loup n'est capable de procréer qu'à cette période. Le chien, en revanche, peut toujours saillir.
L'hybride F1 possède 50% des gènes de chacun de ses parents. Il est difficile de le distinguer à l'œil nu. Les hybrides ont parfois des oreilles pointues et une couleur de pelage différente. Sa queue peut être en forme de faucille. Son comportement est similaire à celui du loup. Les hybrides ne sont pas plus dangereux pour l'homme que les loups.
Ils sont très rares. En Suisse, un seul spécimen est connu à ce jour. L'hybride a été abattu en mars 2022 dans la vallée du Rhin, près de Coire. Contrairement au loup, l'hybride n'est pas protégé chez nous, car il peut diluer génétiquement la population de loups.
Un hybride est un croisement entre un loup et un chien. S'il est issu de la première génération, il est appelé hybride F1. La plupart du temps, l'accouplement se fait entre une louve et un chien mâle. En effet, la louve n'est en chaleur qu'au printemps et le loup n'est capable de procréer qu'à cette période. Le chien, en revanche, peut toujours saillir.
L'hybride F1 possède 50% des gènes de chacun de ses parents. Il est difficile de le distinguer à l'œil nu. Les hybrides ont parfois des oreilles pointues et une couleur de pelage différente. Sa queue peut être en forme de faucille. Son comportement est similaire à celui du loup. Les hybrides ne sont pas plus dangereux pour l'homme que les loups.
Ils sont très rares. En Suisse, un seul spécimen est connu à ce jour. L'hybride a été abattu en mars 2022 dans la vallée du Rhin, près de Coire. Contrairement au loup, l'hybride n'est pas protégé chez nous, car il peut diluer génétiquement la population de loups.
Christian Stauffer, lui, n’est pas d’accord. Le directeur de la fondation Kora, qui s’occupe d’écologie et de la gestion de la faune sauvage, a également vu les vidéos des loups: «Il n’y a aucun indice qui pointe vers un hybride. Le comportement observé sur les séquences filmées n’a rien d’exceptionnel. Selon notre évaluation, il s’agit bien d’un loup.» Gabriele Cozzi, du service cantonal de surveillance de la chasse, exclut lui aussi l’hypothèse d’un hybride: «Il s’agit plutôt d’un loup en déplacement qui s’est perdu dans un environnement qu’il ne connaît pas.» Aucune trace d’ADN – qui pourraient confirmer l’origine de l’animal – n’aurait été récoltée. Son pedigree a toutefois une importance: un hybride n’est légalement pas protégé, il peut être abattu librement, contrairement au loup.
Protégé ou pas?
Dans la salle polyvalente de Maggia, le sentiment général est en faveur de l’abattage de l’animal. Qu’il soit autorisé ou qu’il s’agisse d’un acte d’autodéfense. La colère est grande, car la population se sent abandonnée par le Canton. «Le gouvernement ne répond même pas à nos lettres. Il fait la politique de l’autruche», avance Armando Donati. Malgré la situation, l'État n’a toujours pas autorisé l’abattage de loups, se plaint Germano Mattei. Il s’interroge: «Devons-nous attendre que le loup pénètre dans nos maisons?»
En dehors de la salle, le malaise est tout aussi présent. «Je voulais aller me promener en forêt avec mes enfants. C’est alors que ma petite fille de 6 ans a dit qu’il y avait des loups, raconte Mariam Naini d’Avegno (TI). J’ai rétorqué qu’il n’y avait pas de loups ici. Plus tard, j’ai vu les vidéos. Maintenant, je ne vais plus dans la forêt.» Le retraité Elio Tuzzi, de Cevio (TI), craint également l’animal: «Il ne s’attaque pas seulement à quelques moutons, il fait des massacres.»