Les jardins familiaux sont souvent très prisés. C'est le cas à Zurich, où on trouve actuellement environ 5500 parcelles de jardin louées par 13 associations locales de jardins partagés et appartenant à la ville. Les places sont rares: il faut s'armer de patience pour espérer un jour posséder un bout de sol vert. Dans certaines associations, des centaines de candidats attendent parfois pendant des années pour obtenir leur propre bout de jardin tant convoité.
À l'avenir, il pourrait être encore plus difficile d'obtenir un jardin ouvrier zurichois, écrit le «Tagesanzeiger». Si l'on en croit Severin Meier du Parti Socialiste (PS) et Roland Hohmann des Vert-e-s, les jardins devraient se transformer en espaces ouverts au public. A l'heure actuelle, ces espaces verts ne sont accessibles qu'à certaines personnes. Les partis engagés pensent que ces lieux devraient être des espaces publics propices aux grillades et au jardinage. Un postulat a été déposé lors de la séance parlementaire de mercredi soir.
Plus de «lieux de rencontre et d'échange»
La requête vise aussi à créer plus d'espace pour des projets communautaires et des places de jeux. La réaffectation doit servir à «répondre aux besoins actuels et changeants de la population urbaine». Comme l'espace est de plus en plus restreint à Zurich, le territoire restant ne peut plus être utilisé de manière aussi variée.
Severin Meier souligne: «Pour moi, la question est la suivante: un lieu où tout le monde pourrait avoir du plaisir doit-il être accessible au public ou être ouvert à une seule famille?» Le socialiste va plus loin et argumente que la réaffectation des jardins pourrait créer davantage de «lieux de rencontre et d'échange».
Les politiciens savent que le milieu des jardins communautaires n'accueillera pas cette proposition à bras ouverts. Severin Meier et Roland Hohmann veulent donc procéder à la restructuration de manière douce et progessive. Au lieu de fermer les jardins ouvriers qui sont actuellement exploités, ils visent à restructurer progressivement les parcelles de jardin qui se libèrent au fur et à mesure pour le public. «Nous ne voulons rien enlever à personne, seulement repenser les jardins là où des parcelles se libèrent», a expliqué Severin Meier.
«Pourquoi faudrait-il sacrifier de la place chez nous?»
Trudi Kohler, présidente de l'association locale des jardins familiaux de Zurich Affoltern, n'est pas convaincue par cette proposition. Dans le «Tagesanzeiger», elle se questionne: «Pourquoi faudrait-il sacrifier de la place chez nous?» Pour cette jardinière amateure, des jardins ouverts au grand public n'ont aucun sens: «Ils conduisent à un désordre et à des disputes». Trudi Kohler précise que les jardiniers familiaux contribueraient à une plus grande biodiversité. Beaucoup d'importance est attachée à l'entretien des jardins: «Les aires de jeux et les barbecues sont aussi importants, mais il s'agit aussi d'être utiles, pas seulement de chiller», dit-elle au journal.
Le conseil municipal débattra probablement de l'initiative dans les 12 prochains mois. Si d'autres partisans se joignent à elle, comme les Verts'libéraux, il pourrait y avoir une majorité parlementaire. Dans ce cas, le conseil municipal aurait deux ans pour répondre au postulat.